France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Electricité : la France largement importatrice pour la première fois depuis des décennies

Largement dans le rouge. En 2022, le solde des échanges d’électricité entre la France et ses pays voisins a passé le plus clair de l’année en territoire négatif. Sur les onze premiers mois de l’année, la France eu un solde déficitaire de 14,5 terawattheure (TWh) d’électricité avec ses voisins alors que le solde était de très loin bénéficiaire – entre 40 et 60 TWh – les dix années précédentes. Et même depuis l’an 2000, au moins.

Une configuration inédite : d’habitude, le solde des échanges sur une année est cyclique : en hiver, les importations pouvaient par moments dépasser brièvement les exportations, mais sur l’année, le solde restait positif. C’est le scénario qui s’est reproduit chaque année de la décennie écoulée… sauf en 2022. Si le solde est toujours cyclique, c’est en raison de la forte augmentation des besoins d‘électricité en hiver, en raison des températures basses et du chauffage. Cela nécessite de faire appel – marginalement avant 2022 – à de l’électricité produite chez nos voisins.

Aujourd’hui, quand on observe le détail des échanges d’électricité, c’est en grande partie l’Allemagne qui fournit à la France ses Gigawattheures manquants. On remarque également, et c’est nouveau en 2022, que l’électricité que nous importons peut venir d’Espagne et de Grande-Bretagne. En revanche, la Suisse et l’Italie restent tous deux importateurs d’électricité française.

Si l’application ne s’affiche pas, cliquez ici pour l’ouvrir dans une nouvelle fenêtre.

L’électricité allemande, d’où provient la plus grande partie des importations, est très fortement carbonée : le gaz représente près de 20 % de la production des trente derniers jours, et le charbon plus de 40 %. Et moins de 15 % pour l’éolien, en raison du manque de vent.

Une mauvaise nouvelle pour la lutte contre le réchauffement climatique, mais aussi en termes de pollution et de santé publique : le charbon, et plus encore la lignite, (un charbon de mauvaise qualité largement exploité et utilisé en Allemagne) sont de très loin les pires méthodes de production d’électricité en termes d’externalités négatives, climatiques ou sanitaires.

En France, la production est largement décarbonée mais dépend fortement des réacteurs nucléaires, qui fournissaient jusqu’il y a peu environ 70 % de notre électricité. Cette part est tombée à moins de 50 % cette année suite à de nombreux arrêts pour maintenance et réparation. Chez nos voisins, une grande partie des centrales sont thermiques (gaz et charbon principalement) et fortement émettrices de CO2. Mais ces moyens de production peuvent répondre rapidement à des pointes de consommation, y compris au profit de pays voisins importateurs, comme c’est le cas de la France en ce moment.

Car au pays du nucléaire, l’année 2022 aura vu une succession inédite d’évènements qui a conduit à l’arrêt forcé de nombreux réacteurs. Il y a d’abord eu le pic des travaux dits «de grand carénage» (destiné à prolonger la durée de vie des réacteurs les plus anciens pour dix ans) ainsi des chantiers prévus à l’origine en 2020-2021 mais qui avaient été reportés en raison du Covid. Il y a également eu des gros imprévus : des réacteurs ont été arrêtés pour des suspicions de corrosion sur leur circuit de refroidissement. Un équipement indispensable à la sûreté. Et la fermeture des deux réacteurs de 900 MW de la centrale de Fessenheim début 2020 n’a pas arrangé la situation.