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Elisabeth Borne : son plan pour « apaiser le pays »

Alors que l'opinion publique est encore sonnée par la violence qui a terni le regain de mobilisation contre la réforme des retraites jeudi dernier et par celle qui s'est exprimée samedi autour des bassines de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, Emmanuel Macron s'entretiendra ce lundi à midi avec Elisabeth Borne avant d'être rejoints à 13h15 par les patrons de groupes parlementaires, chefs de partis et les principaux cadres de sa majorité. Une réunion qui intervient alors que le chef de l'Etat a notamment chargé la Première ministre d'«élargir » la majorité et de travailler au réagencement de l'agenda parlementaire dans les prochaines semaines. Mais aussi au moment où le gouvernement et syndicats mettent en garde contre un risque de « chaos », avant cette journée d'actions à haut risque.

Ce dimanche, dans un entretien à l'AFP, Elisabeth Borne a indiqué qu'elle recevra dans la semaine du 3 avril les groupes parlementaires et les partis politiques, y compris de l'opposition, ainsi que les représentants des collectivités, dans le but « d'apaiser le pays » et de « dialoguer avec tous les acteurs sur la méthode ». Un créneau est aussi prévu pour d'éventuelles rencontres avec les organisations syndicales et patronales la semaine suivante du 10 avril, alors qu'elle recevra dès ce lundi les présidents de la majorité des commissions au Parlement, puis, mardi, les présidents du Sénat, Gérard Larcher, et de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et mercredi les chefs de partis de la majorité. Le tout pour réunir en fin de semaine ministres et parlementaires sur l'éducation.

Un plan d'action

Par ailleurs, la cheffe du gouvernement a indiqué qu' « en dehors des textes financiers », elle n'aurait pas recours au 49.3. « Depuis le début de la législature, 11 projets de loi ont été définitivement adoptés et 12 propositions de loi. Il y a eu un recours au 49.3 sur trois textes uniquement » qui sont les textes budgétaires pour 2023, dont fait partie la réforme des retraites », a rappelé la Première ministre. L'article 49.3 de la Constitution permet l'adoption d'un texte sans vote mais expose le gouvernement à une motion de censure. Deux motions ont été rejetées sur le texte des retraites, dont l'une à 9 voix près.

« J'ai élaboré un plan d'action que je vais déployer sur les trois prochaines semaines qui mobilise l'ensemble des acteurs qui veulent faire avancer notre pays. Je vais travailler avec mes ministres mais aussi avec les parlementaires, les forces politiques, les représentants des associations d'élus locaux, avec les partenaires sociaux. J'ai deux objectifs: apaiser le pays face à ces tensions et accélérer les réponses aux attentes des Français ».

Interrogé par l'AFP sur l'objet des discussions, Elisabeth Borne a répondu : « A la fois l'ordre républicain, et tous les enjeux de réindustrialisation et de plein emploi. Et puis les sujets de santé, d'école, d'écologie. On veut vraiment mettre la priorité sur quelques sujets pour obtenir rapidement des résultats concrets pour les Français. Par exemple sur l'école, c'est tout le travail qu'on mène pour améliorer le lycée professionnel, un enjeu majeur en termes d'égalité des chances. Et puis c'est aussi tenir l'engagement dès la rentrée que chaque absence y compris de courte durée fasse l'objet d'un remplacement. Sur la santé, il y a un très gros travail pour avoir des réponses adaptées, territoire par territoire, alors qu'on sait qu'on ne va pas avoir dès demain matin beaucoup plus de médecins. »

Concernant la méthode, « tout texte présenté par le gouvernement sera discuté, construit en amont avec les groupes de la majorité mais aussi avec ceux qui veulent s'engager sur ces sujets de manière transpartisane. L'objectif est simple : c'est que chaque texte rassemble une majorité », a-t-elle dit. Alors que le projet de loi immigration a été reporté, Elisabeth Borne fait état d'un « projet de loi sur la justice, avec une partie qui porte sur les moyens du ministère de la Justice ».

Renouer les liens avec les syndicats

Pour renouer les liens avec les syndicats, la Première ministre a répondu : « Il faut qu'on mette de l'apaisement. Il est important qu'on puisse se saisir de tous les thèmes mis en lumière à l'occasion de cette réforme des retraites : le sujet du rapport au travail, de la pénibilité, des reconversions professionnelles, des seniors. (...) Je souhaite que les partenaires sociaux aient toute leur place pour apporter des réponses. Je suis convaincue que la bonne méthode, c'est quand les organisations syndicales et les organisations patronales trouvent des accords entre elles et qu'on intervient pour transcrire fidèlement, intégralement, ces accords dans la loi. Il faut systématiser cette méthode, en construisant un agenda, avec les sujets sur lesquels les partenaires sociaux veulent prendre l'initiative, et les sujets sur lesquels le gouvernement souhaite qu'ils puissent avancer. »

Pour autant,  pas question de suspendre la réforme, comme le demande le patron de la CFDT Laurent Berger. « Le Président a proposé de rencontrer l'intersyndicale. Je suis aussi à disposition des partenaires sociaux. Une fois que le Conseil constitutionnel a rendu sa décision, le président doit promulguer la loi. Cela ne retire rien à tous les champs et à toutes les préoccupations qui sont exprimées sur lesquelles on peut bâtir des réponses avec les organisations syndicales et patronales ».

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Dans un entretien à la revue Le Grand Continent, le leader de la CFDT, esquisse une porte de sortie en suggérant que les syndicats demandent « non pas le retrait de la loi, mais sa suspension », ce qui donnerait selon lui le temps « de trouver un compromis social plus intelligent ». Sans se faire d'illusion toutefois puisque Emmanuel Macron a indiqué vendredi « attendre la décision du Conseil constitutionnel » sur la réforme des retraites - d'ici trois semaines - tout en se disant « à la disposition » des syndicats « pour avancer tout de suite » sur d'autres sujets comme les salaires et les conditions de travail.

Mélenchon demande le départ d'Elisabeth Borne

De son côté, Jean-Luc Mélenchon a demandé dimanche sur LCI le « retrait » ou une « remise à plat » de la réforme des retraites et le départ de la Première ministre Elisabeth Borne pour sortir de la crise politique provoquée par le « pur coup de force » d'Emmanuel Macron.

« François Mitterrand a retiré sa loi sur l'école (...), Jacques Chirac a retiré une loi. Monsieur Macron s'est pris les pieds dans le tapis, il retire son texte et tout le monde rentre à la maison, content et satisfait, et lui peut reprendre son mandat sur d'autres bases », a-t-il expliqué.

« Le président est légitime, il a été élu dans des conditions assez spéciales par défaut, mais il est élu, on respecte la règle. Le sujet c'est, est-ce que madame Borne doit s'en aller. Évidemment oui. Je serais un hypocrite si je vous disais le contraire, mes amis ont voté la censure », a-t-il poursuivi.

(AFP)