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Elisabeth Borne sur les retraites : aucune concession, qu'a dit la Première ministre ?

Elisabeth Borne sur les retraites : aucune concession, qu'a dit la Première ministre ? ELISABETH BORNE. Ce jeudi 2 février, Élisabeth Borne était invitée de l'émission L'Événement sur France 2. La Première ministre a réaffirmé sa volonté de faire passer la réforme des retraites et la nécessité de reculer l'âge de départ.

"Si on ne fait pas cette réforme, c'est notre système de répartition qui ne tiendra pas". Elisabeth Borne campe sur ses positions et a, sur le plateau de France 2, défendu son projet de loi présenté comme "indispensable". Aucune chance de voir le gouvernement revenir sur le report de l'âge de départ à la retraite à en croire la Première ministre qui a tout de même ouvert la voie aux débats sur l'emploi des seniors ou les carrières longues. Une façon de répondre aux "réticences, aux inquiétudes et aux questions" des Français ? Une réponse qui reste tout de même insuffisante puisque 64% des Français sont opposés à la réforme selon un sondage Ipsos pour France Info publié le 2 février.

Elisabeth Borne, consciente de l'impopularité de la réforme des retraites a toutefois assuré que si le projet est nécessaire et demande "un effort collectif" qu'elle n'envisage pas de recourir au 49.3 pour faire adopter le texte. "Je cherche des compromis sur ce texte comme sur tous ceux que je présente au Parlement", a-t-elle assuré. Pas de 49.3 donc mais la Première ministre s'est gardée de mentionner l'utilisation de l'article 47.1 de la Constitution qui limite drastiquement la durée des débats au profit du gouvernement. 

Qu'a annoncé Elisabeth Borne sur la réforme des retraites ?

Elisabeth Borne avance contre le vent avec sa réforme des retraites. Mais elle a essayé de faciliter le chemin avec un discours (très) légèrement nuancé sur certains points du projet. Du côté de l'emploi des seniors - qui seront amenés à travailler jusqu'à 64 ans -, la Première ministre a défendu l'index seniors qui obligera les entreprise de plus de 300 salariés à recruter des travailleurs seniors sous peine d'être sanctionnées. Cet index seniors pourrait même être appliqué dans les entreprises de 50 salariés. Une solution jugée trop marginale.

Pas de précision en revanche sur la question des carrières longues. Interrogée sur le fait que certains travailleurs devront cotiser 44 annuités au lieu de 43, la Première ministre a renvoyé au débat parlementaire : "On peut toujours travailler sur le système". Enfin sur la question délicate des femmes qui pourraient être les perdantes de la réforme, c'est encore la carte de la défense qui a été jouée. "Cette réforme protège les femmes qui ont commencé à travailler tôt, les femmes qui sont dans des métiers difficiles, les femmes qui ont dû interrompre leur carrière", a estimé Elisabeth Borne tout en reconnaissant que les femmes "qui ne sont pas abîmées par le travail" travailleront plus longtemps.

Dans ce lot de déclarations, pas de quoi rassurer les syndicats qui ont appelé par la voix de Laurent Berger, patron de la CFDT, à amplifier la mobilisation contre la réforme des retraites.

Pas d'inflexion d'Elisabeth Borne sur la réforme des retraites

La Première ministre veut tenir ses positions sur les retraites, mais les mouvements sociaux à répétition affaiblissent ses appuis petit à petit. Au point où une réunion d'urgence s'est tenue le 1er février entre elle, le président des Républicains Eric Ciotti et le patron du groupe des députés de la droite Olivier Marleix pour resserrer les rangs. Le vote LR à l'Assemblée nationale est indispensable pour espérer voir le texte adopté. Problème : plusieurs élus ne sont plus aussi enclins à voter la réforme, pas sans des améliorations voulues par le parti - qui a des exigences sur l'emploi des seniors ou les carrières longues - ou revendiquées par les manifestants.

Des petits pas de côté que le gouvernement a dit être prêt à faire tant que la substance du projet - comprendre allonger la durée du travail de 62 à 64 ans - reste inchangée. Mais la majorité a déjà montré qu'elle avait du mal à réajuster les déséquilibres concernant les femmes ou les jeunes en renvoyant au débat parlementaire pour les premières modifications. Pourtant, il faut s'attendre à des échanges stériles, des attaques non constructives seulement ponctués, parfois, de petites avancées pendant l'examen de la réforme dans l'hémicycle.

Elisabeth Borne change de ton sur les retraites

Face aux critiques répétées, le gouvernement a changé de paradigme et ne présente plus la réforme des retraites comme "juste" et signe d'amélioration sociale, mais comme un projet "nécessaire" qui demande des efforts. Mais là encore l'urgence de réformer le système des retraites n'est pas justifiée pour tout le monde. L'opposition s'est même targuée des propos de Pierre-Louis Bras, président du Conseil d'orientation des retraites (COR) qui dans le rapport de 2022 écrit que "les dépenses de retraites sont relativement maîtrisées". Le fait est que si les projections sont moins alarmistes que le discours de l'exécutif, tous les camps peuvent trouver de l'eau pour alimenter leur moulin dans les différents scénarios avancés comme l'a fait remarquer Pascal Perri, spécialiste économique de TF1/LCI.

Cette notion d'efforts nécessaires est reprise et déclinée par des poids plus politiques et moins technocratiques du gouvernement. Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur a par exemple opposé la "valeur travail" aux "gauchistes bobos paresseux" dans les colonnes du Parisien, tandis que le ministre Gabriel Attal a fermé la porte à l'augmentation de certains impôts pour payer les retraites.