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Emballages plastiques : le mode d’emploi du réemploi

Le futur traité mondial sur le plastique constitue une «opportunité clé» pour définir les bases d’un système de réemploi des emballages, lequel représenterait une solution «vitale» à la pollution causée par les contenants à usage unique. Telle est la conclusion d’une étude publiée mardi par le mouvement mondial «Break Free From Plastic» et l’université de Portsmouth (Royaume-Uni), alors qu’a lieu cette semaine à Paris une délicate session de négociations réunissant 175 pays pour tenter de se mettre d’accord, d’ici fin 2024, sur un texte permettant d’éradiquer la pollution plastique.

«Faire du réemploi une réalité» permettrait de sortir de la logique économique (extraire, transformer puis jeter) qui caractérise aujourd’hui le secteur, en «réduisant l’utilisation de matériau vierge», en «retenant les emballages dans l’économie» et en limitant «la pollution et les émissions» de gaz à effet de serre causés par la production de plastique basée sur les énergies fossiles, souligne le document de 90 pages. Ce dernier se base sur «320 articles scientifiques et 55 entretiens avec des experts du réemploi dans le monde entier».

Consigne pour réemploi

L’urgence est indéniable. La production mondiale de déchets plastiques a plus que doublé entre 2000 et 2019. Et près des deux tiers proviennent de produits dont la durée de vie est inférieure à cinq ans : emballages (40%), biens de consommation (12%), vêtements et textiles (11%). Avec, à la clé, des effets néfastes sur le climat, la biodiversité et la santé humaine. Dans l’Union européenne, les emballages comptent pour 40% du plastique utilisé et le volume de déchets qu’ils génèrent devrait croître de 46% d’ici 2030, selon la Commission européenne. Or le réemploi (bouteilles rechargeables, emballages réutilisables, systèmes de consigne, vrac…) «peut permettre de réduire de 30% la pollution plastique d’ici 2040 dans le monde, à condition que les gouvernements aident à promouvoir cette approche», insiste l’ONU dans un rapport publié mi-mai.

Bien qu’il n’existe pas de définition universelle du réemploi, l’étude publiée mardi considère que celui-ci consiste en un «système complet destiné à la circulation multiple d’emballages réutilisables, qui demeurent la propriété du système de réemploi et sont prêtés au consommateur». Autrement dit, il s’agit de la consigne pour réemploi des emballages, permettant de réutiliser plusieurs fois ces derniers et d’allonger ainsi leur durée de vie. L’acheteur verse une somme d’argent, la consigne, qui lui est rendue lorsqu’il retourne l’emballage afin que celui-ci soit réemployé. L’étude cite plusieurs exemples de matériaux possibles pour la fabrication de ces emballages réutilisables, avec leurs avantages et inconvénients respectifs (plastique polypropylène réutilisable, acier inoxydable, verre, céramique et aluminium).

«Conteneurs intelligents»

Comment développer le réemploi dans le monde ? Comme «il n’existe pas de système clés en main applicable partout», il s’agit de «faire du cas par cas, adapté à chaque secteur économique et chaque contexte socio-économique», prévient le rapport. Mais ce dernier propose certains principes de base. Pour que le réemploi «vaille le coup» pour l’environnement, les emballages doivent être réutilisés au-delà d’un certain seuil, dit «de durabilité, après lequel chaque usage du contenant a moins d’impact environnemental que son équivalent à usage unique». Et leur remise en circulation, «essentielle, dépend beaucoup du comportement du consommateur, le confort pour celui-ci étant au cœur de tout système de réemploi», insiste le rapport. Pour que celui-ci fonctionne, les emballages de nouvelle génération devraient aussi être standardisés, empilables, légers, lavables, non toxiques et marqués électroniquement, afin d’assurer leur traçabilité.

L’adoption massive de tels systèmes, si elle est souhaitable, ne sera pas immédiate, admet le document. Qui préconise de démarrer lors de grands événements tels que des compétitions sportives ou festivals de musique, à même de favoriser l’acceptation du principe par le grand public. Et dans des lieux clos (écoles et hôpitaux) ou des secteurs tels que la boisson, où certaines marques ont déjà mis en place ce système. Les entreprises de livraison auront aussi un «rôle majeur» à jouer dans une économie du «retour et de la réutilisation», en collectant les emballages utilisés. En revanche, le processus sera relativement difficile à mettre en œuvre dans le secteur de la restauration rapide, selon les auteurs.

L’étude envisage un monde où tous les emballages seraient étiquetés électroniquement, de façon à pouvoir les déposer dans des «conteneurs intelligents», avant qu’ils ne soient nettoyés dans des centres spécialisés puis retournés aux usines et commerçants. Les chercheurs estiment que la transition vers ce futur moins polluant aura probablement d’abord lieu dans les villes, dont les infrastructures sont plus adaptables. Tout dépendra cependant des gouvernements, qui «manquent de vision et surinvestissent dans le recyclage et l’incinération, qui sont souvent des barrières au réemploi».