Emmanuel Macron et Elon Musk se sont félicités vendredi d’avoir échangé sur la modération des contenus sur Twitter, alors que l’entrepreneur a jusqu’à présent pris des décisions largement contraires aux exhortations du président français et d’autres leaders européens.
«J’en parle ici, sur Twitter, car c’est de cela qu’il s’agit. Cet après-midi, j’ai rencontré Elon Musk et nous avons eu une discussion claire et sincère», a écrit sur le réseau social Emmanuel Macron, en visite d’Etat aux Etats-Unis. L’entretien a eu lieu à la Nouvelle-Orléans et a duré une heure. Il n’avait pas été précédemment annoncé par l’Elysée, et s’est tenu à l’écart des médias.
«Un honneur»
«Conditions d’utilisation transparentes, renforcement significatif de la modération des contenus et protection de la liberté d’expression : Twitter doit faire l’effort de se conformer à la réglementation européenne», a ajouté le chef d’Etat dans une série de tweets.
«Dans la lignée de notre ambition de décarbonation et de réindustrialisation de la France et de l’Europe», Emmanuel Macron a également dit avoir évoqué avec le cofondateur de Tesla de «futurs projets industriels verts, comme la production de véhicules électriques et de batteries».
«C’était un honneur de vous voir à nouveau», a répondu Elon Musk, se disant «impatient» au sujet de «projets enthousiasmants en France».
It was an honor to see you again. Looking forward to exciting plans in France!
— Elon Musk (@elonmusk) December 3, 2022
L’homme le plus riche au monde a racheté fin octobre l’influente plateforme pour 44 milliards de dollars. Sa vision absolutiste de la liberté d’expression inquiète de nombreux utilisateurs, autorités et annonceurs, qui craignent un déferlement de haine et de désinformation.
«Elon Musk a confirmé la participation de Twitter à l’Appel de Christchurch. Les contenus terroristes et violents n’ont leur place nulle part», a détaillé Emmanuel Macron, faisant référence à une initiative lancée par plusieurs Etats et ONG en 2019, après la tuerie de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, dont les images étaient restées accessibles en ligne pendant plusieurs heures.
L’homme d’affaires n’a pas réagi sur ce point. Il avait initialement promis un conseil de modération des contenus responsable de toutes les décisions majeures, mais il a finalement lui-même décidé de rétablir de nombreux comptes, à commencer par celui de l’ex président américain Donald Trump, banni après l’assaut du Capitole en janvier 2021. Il a aussi mis fin à la lutte contre les fausses informations liées au Covid, ce qui est un «gros problème», selon Emmanuel Macron.
«Je pense que nous devons prendre le sujet à bras le corps, je suis en faveur de l’exact opposé, plus de régulation. Nous le faisons [en France, ndlr] et nous le faisons au niveau européen», a déclaré le chef de l’Etat jeudi lors d’une interview accordée à la chaîne ABC. La liberté d’expression «implique des responsabilités et des limites. Vous ne pouvez pas sortir et tenir des propos racistes ou antisémites, c’est un point qu’il m’importe de défendre», a-t-il ajouté.
Ayant vécu la mort de son premier enfant, le multimilliardaire a expliqué être «sans merci vis-à-vis de quiconque utiliserait les décès d’enfants pour (engranger des) gains financiers, politiques ou de renommée». Emmanuel Macron a d’ailleurs conclu sa série de tweets en déclarant : «Nous allons travailler avec Twitter pour améliorer la protection des enfants en ligne. Elon Musk me l’a confirmé aujourd’hui. Protégeons mieux nos enfants en ligne !»
