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Emmanuel Macron aux Etats-Unis : La « resynchronisation » franco-américaine mise à mal par un tacle du chef de l’Etat

De notre envoyée spéciale à Washington DC et Arlington (Virginie),

L’heure d’arrivée prévue d’Emmanuel Macron à la tribune de l’ambassade de France à Washington est largement dépassée quand une fonctionnaire vient au micro dire que « le président arrive… dans quelques minutes ». Hilarité générale dans la salle remplie d’expat. C’est comme ça : suivre le président de la République en déplacement, c’est s’attendre à attendre. « Mais il a les quarante-cinq minutes habituelles de retard ou on est plus sur du deux heures ? », fait mine de s’interroger un journaliste habitué. L’ironie c’est que la délégation française et Emmanuel Macron n’ont qu’un seul mot à la bouche lors de cette visite d’Etat : « Resynchroniser ». Pas l’agenda, visiblement, mais les relations franco-américaines.

Mais pour ça, il prend le temps et ses aises dans l’agenda, le chef de l’Etat. Il discute, il échange avec celles et ceux qu’il rencontre. C’était le cas lors du déjeuner de mercredi, avec des représentants et sénateurs, à qui il a adressé un long propos introductif. Puis encore reprit la parole. A-t-il bien fait ? Car Emmanuel Macron y a lâché une petite bombe : il a déclaré que les mesures américaines contre l’inflation, avec un plan d’investissement et de subtentions de 430 milliards de dollars, étaient « super agressives » à l’égard des entreprises françaises. Et risquaient de « fragmenter l’Occident » si « l’Europe et la France deviennent une sorte de variable d’ajustement » de la rivalité USA-Chine.

L’alerte de l’AFP a un moment donné des sueurs froides à l’équipe de l’Elysée. Car il ne devait pas y avoir de journalistes dans la salle. Une agencière de l’AFP a pourtant réussi à rester parmi les convives. La « resynchonisation » paraissait mal embarquée.

« Direct »

Le président de la République assume un langage « direct ». Voire carrément pas diplomatique, lors d’une visite d’Etat, où on est reçu avec tant d’égard ? La porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, a joué l’apaisement, assurant que le plan américain allait créer « des opportunités significatives pour les entreprises européennes et pour la sécurité énergétique européenne. Ce n’est pas un jeu à somme nulle ».

Le choc passé, l’Elysée a voulu dédramatiser, en rappelant qu’il n’y avait « aucune surprise » dans la position du président. Et c’est vrai qu’il a déjà eu l’occasion de dire qu’il trouvait les mesures américaines trop protectionnistes. Pour la présidence de la République la « resynchronisation » des relations franco-américaine, c’est une meilleure coordination sur ce type de sujets qui a des conséquences bien au-delà des Etats-Unis.

Mais sur la forme ? L’Elysée ne qualifie pas la sortie et laisse les journalistes le faire. Tout juste se borne-t-on à dire qu’Emmanuel Macron « assume » ses propos. Il ne les a pourtant pas répétés devant la communauté française réunie à l’ambassade de France, où le chef de l’Etat a bien fini par arriver. Il a même semblé vouloir rectifier un peu le tir, tout en restant ferme : la France veut obtenir des exceptions sur certains secteurs ou certaines entreprises dans le paquet anti inflation américain, rappelle l’Elysée.

Lumière sur les tombes

Au final, Emmanuel Macron est resté presque une heure plus tard que prévu avec les parlementaires américains, mercredi midi. Autant de retard pour la cérémonie d’hommage aux soldats inconnus américains au cimetière national d’Arlington. Les journalistes, arrivés très tôt, ont eu tout le loisir de s’inquiéter des nuages noirs au-dessus de leurs têtes et des quelques goûtes qui tombaient. Croyez-le ou non, le soleil n’a percé qu’au moment où était jouée « La Marseillaise », pour l’arrivée du président. Une « resynchonisation » météorologique parfaite.

Nécessaire, pour apprécier à sa juste valeur l’impressionnante nécropole américaine : 350.000 personnes sont enterrées ici, de l’autre côté du Potomac. Des pierres tombales à perte de vue sur ces collines qui font face à Washington et semblent tenir en respect la capitale fédérale. Des morts de toutes les guerres américaines depuis celle de Sécession jusqu’aux plus récentes. On s’y perdrait. Les immenses cimetières de Douaumont ou de Colleville, en France, n’offrent qu’un petit extrait de cette expérience.

Une fois la courte cérémonie terminée, la pluie a commencé à tomber averse. On doit reconnaître que mercredi, le retard d’Emmanuel Macron a eu du bon.