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Emmanuel Macron aux Etats-Unis : Marathon diplomatique et soirée de gala… Dans les coulisses de la visite d’Etat

De notre envoyée spéciale à Washington DC,

Les grandes journées commencent souvent par des petits matins. Le jour le plus important et le plus dense de la visite d’Etat d’Emmanuel Macron aux Etats-Unis a démarré aux aurores pour les suiveurs et suiveuses, pour passer les contrôles de sécurité de la Maison-Blanche. Récit et anecdotes au fil d’une froide journée « mais chaude dans nos cœurs » pour reprendre la formule de Joe Biden.

8 heures : Ambiance Disneyland

Grand soleil, ciel bleu à l’horizon. Les images seront belles, c’est certain, pour la cérémonie d’accueil d’Emmanuel et Brigitte Macron. Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt : se retrouver à la Maison-Blanche, plus précisément sur le south lawn, à l’extérieur, « ça fait quelque chose », comme le reconnaît une consœur qui en a vu d’autres. Il y a quelque chose de statistiquement anormal à se retrouver dans un tel lieu, si connu et si peu accessible.

La pelouse est bien verte, la Maison-Blanche bien blanche, le public présent a du répondant, les militaires ne ratent pas un mouvement, le speaker a la voix roque et grave comme il faut. C’est presque trop parfait. Là-dessus, la musique grandiloquente de la fanfare militaire et l’énorme couronne de Noël avec un gros nœud rouge cartoonesque donnent l’impression bizarre d’être dans une sorte de Disneyland. Même les deux protagonistes y mettent du leur, à grand renfort d’accolades et de pouces en l’air.

10 heures : Remue-méninges

Emmanuel Macron et Joe Biden ont passé un long moment en entretien bilatéral puis en « bilatéral élargi ». Comprendre : avec ministres. Presque deux heures, bien plus que prévu. Pendant ce temps, les journalistes ont trouvé refuge dans la célèbre salle de presse de la Maison-Blanche. Aujourd’hui, il faut partager ce petit espace avec des Français qui prennent de la place. Qui y travaillent et y pique-nique aussi. La presse française a aussi mis à profit ce temps pour décider d’un plan de bataille pour la conférence de presse évidemment retardée.

Seuls deux journalistes français et deux américains pourront poser des questions. C’est peu. Côté visiteurs, les journalistes de France Info et RTL ont été désignés par tirage au sort. Deux hommes, ce qui en fera tiquer – non sans raison – certaines. Mais le reste sera collectif : une mêlée improvisée brainstorme sur les bonnes questions à poser. Bien sûr une question sur l’Inflation réduction act (IRA), le dossier le plus chaud, dont Emmanuel Macron et l’Europe contestent les conséquences sur l’économie du Vieux Continent.

Le débat achoppe sur la question plus diplomatique : l’Ukraine bien sûr ? « Ou pourquoi pas la Chine, il faudrait demander à Biden s’il trouve la position de la France claire, car elle ne l’est pas. » Le confrère n’arrivera pas à imposer sa question. L’Ukraine donc. Celles et ceux qui veulent une question sur la Crimée ont la vie dure : « Ils vont encore dire que c’est à Zelensky de décider, on la connaît la réponse ! » ; « Non mais on ne peut pas toujours raisonner comme ça, à un moment faut des questions simples ! » Ca sera finalement « est-ce réaliste de conditionner l’ouverture de négociations à un retour de la Crimée dans le giron ukrainien ? »

14 heures : Comme à un mariage

Réponse ? Dans les grandes lignes, c’est bien à Volodymyr Zelensky de décider. Comme quoi, même collectivement, on est jamais plus malins que quelqu’un qui a de toute façon décidé de ne pas vous répondre. Globalement, Emmanuel Macron et Joe Biden ont encore insisté sur leur proximité personnelle et politique, dans une salle où il y avait plus de sapins de Noël (cinq !) que de chefs d’Etats (on n'en a compté que deux).

Cette salle dorée, richement décorée du bâtiment principal de la Maison-Blanche, ressemblait presque à une salle de mariage. Avec de nombreux invités, séparés par une allée centrale. La métaphore se poursuit jusqu’aux journalistes français d’un côté et les Américains de l’autre. Histoire d’avoir les bons écouteurs pour la traduction simultanée. Comme parfois à un mariage, il y a aussi une famille plus enthousiaste que l’autre : une journaliste américaine a profité du micro pour poser une question de politique intérieure à Joe Biden. Pas surprenant, et même assez habituel ici. Mais peut-être pas très élégant.

16 heures : Pas capital

Environ 75 journalistes, photographes JRI et techniciens suivent la délégation française à Washington. Pour éviter la cohue, tout le monde ne peut pas aller partout tout le temps. Alors on tire au sort (encore) des « pools ». Les plus gros lots : le passage dans le bureau oval ou le toast du dîner d’Etat. Autant vous dire tout de suite qu’à ce jeu-là, 20 Minutes n’a pas eu la main heureuse et a tiré le passage au Capitole d’Emmanuel Macron pour rencontrer les leaders du Congrès. Pourquoi pas ? Rendez-vous donc en fin d’après midi au parlement américain.

La « séquence » a son antichambre, plutôt grandiose cette fois : l’immense et impressionnant coupole du Capitole. Tout ça pour finalement arriver devant un pupitre dans un couloir minuscule. Avec un petit speech convenu d’Emmanuel Macron et de (seulement) Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants. Tout juste le président a eu un mot pour celle qui va bientôt quitter son poste. La députée de San Francisco a paru émue. Voilà pour tout.

20 heures : Suit up !

On se demande encore comment la tribune en bois qui soutenait les journalistes pour assister à l’arrivée des couples présidentiels au dîner d’Etat a tenu. Pour une fois, on n’a pas beaucoup attendu Emmanuel et Brigitte Macron (en retard) car la presse française était encore plus en retard. Comme prévu, les Biden et les Macron sont apparus dans d’élégantes tenues de soirées. Vuitton, comme toujours, pour Brigitte Macron. Oscar de la Renta pour Jill Biden. Les 300 invités  –Anna Wintour, Stephen Colbert, Tim Cook ou Julia Louis-Dreyfus, notamment – étaient évidemment sur leur 31. Mais puisque c’est soir de dîner d’Etat, tout le monde devait être au diapason. Ainsi, les stagiaires qui escortent les journalistes – qui ne goûteront bien sûr pas plus au homard au menu que nous – étaient aussi en robe de soirée. Une part du rêve américain.