France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Emmanuel Macron met la pression sur Élisabeth Borne pour apaiser le climat social

Le discours se veut serein : « Le pays ne peut pas être à l'arrêt, nous continuons à avancer », assurait vendredi, Emmanuel Macron à Bruxelles, en marge du Conseil européen. Et son porte-parole, Olivier Véran, de poursuivre ce dimanche, dans le JDD, en assurant que, pour le gouvernement, il n'y aura « pas de retraite des réformes ».

L'exécutif table sur une reprise du dialogue avec les syndicats... pour évoquer des sujets autour du travail, de l'usure professionnelle, des fins de carrière.. mais pas sur la réforme des retraites en elle-même. Car, si le président se dit prêt à échanger avec les organisations sur tous ces autres dossiers, il ne veut pas céder sur le recul de l'âge de départ de 62 à 64 ans.

« Pas question de retirer le texte, ce qui signerait la défaite d'Emmanuel Macron », précise un conseiller ministériel.

L'inquiétude de l'exécutif

Reste que, face à l'embrasement social, l'exécutif cherche une voie de sortie. Le gouvernement cherche la solution pour apaiser ce climat social qui ne cesse de se tendre. « Regardez Sainte-Soline, ce week-end, les affrontements entre les militants écolos et les forces de l'ordre pour de vulgaires histoires de bassines... on finit avec un jeune en urgence absolue... la violence a pris des proportions terribles, si le jeune décède, on sera pointés du doigt », souligne encore ce conseiller.

Furieux d'en arriver là, ces derniers jours, Emmanuel Macron a pressé Élisabeth Borne de reprendre la main. En coulisses, le président ne cache pas son mécontentement quant à l'utilisation du 49.3.

« Certes, c'est lui qui in fine, a choisi d'en passer par cette voie, mais c'est parce qu'Élisabeth Borne l'aurait convaincu en toute dernière minute d'y recourir. Elle était fébrile, et pensait qu'elle n'avait pas la majorité suffisante », raconte un « visiteur du soir ».

La colère présidentielle porte aussi sur l'incapacité de sa Première ministre à réussir la concertation avec les syndicats, ou encore son échec à signer une alliance fiable avec la droite. Dès la fin de semaine, Emmanuel Macron a donc demandé à la locataire de Matignon de bâtir un plan.

En attendant, le président a aussi chargé son fidèle bras droit, Alexis Kohler, de contacter plusieurs leaders syndicaux. Des échanges qui, après de longs mois de silence, n'ont pas eu grand succès, selon les intéressés.

Un refus des syndicats

Et pour cause, les centrales, au premier rang desquelles la CFDT, refusent d'échanger avec Emmanuel Macron si le sujet des retraites est évacué d'emblée.

Ce lundi matin, sur France 2, Laurent Berger, a été clair :

« On nous parle de main tendue, mais elle est où ? C'est quand même un truc incroyable... du 10 janvier jusqu'à il y a 5, 6 jours, on avait zéro contact : pas de son, pas d'images, et on nous dit "mais venez..." - mais pas un mot sur les retraites. Vous n'imaginez pas qu'il y a entre 1 et 2 millions de personnes dans la rue, jeudi dernier, et qu'on va aller à l'Élysée sans discuter des retraites. »

Laurent Berger qui demande au moins « une pause » au gouvernement, c'est-à-dire au président de ne pas promulguer la loi. Alertant sur la colère croissante des manifestants, le numéro un de la CFDT demande au gouvernement à modifier son texte : « Il faut un bougé très fort du gouvernement. »

Mardi 28 mars, nouvelle journée de mobilisation

Reste que l'intersyndicale prépare sa dixième journée d'action ce mardi 28 mars. Après le regain de mobilisation enregistré jeudi dernier, tous les syndicats espèrent que les cortèges seront fournis. Et les centrales sont sur la même ligne que Laurent Berger.

Pas question, pour l'heure, d'ouvrir le dialogue avec le gouvernement si rien n'est fait sur les retraites. La CGT est d'autant plus opposée à cette idée que le syndicat se réunit en congrès toute cette semaine. Philippe Martinez, qui remet son mandat, risque d'être mis en difficulté en interne, par les cégétistes les plus durs, pour imposer sa dauphine.

Enfin, la crainte de débordements, de violence, en marge des cortèges inquiète l'exécutif qui se trouve de plus en plus pointé du doigt pour des violences policières.

Élisabeth Borne en première ligne

Dans cette ambiance électrique, la chef du gouvernement s'est rendue, samedi, à la réunion du groupe Horizons d'Édouard Philippe. Une entreprise de câlinothérapie, selon plusieurs sources, à l'égard de ces quelques députés dont la majorité a tant besoin actuellement à l'Assemblée.

Dimanche soir, la Première ministre s'est aussi fendue d'un entretien à l'AFP, dans lequel elle assure « se fixer comme objectif de ne plus recourir au 49.3, sauf pour les textes budgétaires ». Une annonce qui peut avoir un impact sur la loi immigration, notamment.

La cheffe de la majorité prévoit de recevoir dans la semaine du 3 avril, les groupes parlementaires et les partis d'opposition, ainsi que les associations d'élus. Elle tend également une main aux syndicats.

Ce lundi, Élisabeth Borne devait déjeuner avec Emmanuel Macron. Son agenda a aussi été totalement modifié, pour que la locataire de Matignon rencontre ce lundi après-midi les patrons des partis et de groupes de la majorité. Mardi matin, elle s'entretiendra avec la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et le numéro un du Sénat, Gérard Larcher.

Une contre-offensive que ses opposants jugent illusoires, et surtout, un peu tardive.