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Emmanuel Macron tente de reprendre le contrôle du débat public avec un plan de lutte contre la sécheresse

Le président, qui estime que la réforme des retraites est désormais «derrière nous», présentait son plan eau. Des manifestants étaient au rendez-vous.

Retour au terrain. Le vrai. Celui des «territoires» dont Emmanuel Macron s’était absenté tout au long de l’examen de la réforme des retraites pour se faire discret. Pour éviter aussi de cristalliser sur sa seule personne tout le rejet du texte qu’expriment ses opposants. Mais, maintenant que le parcours législatif aborde sa dernière ligne droite, le président de la République aimerait bien passer à autre chose. N’importe quoi plutôt que les retraites. Et si possible l’une des trois priorités qu’il s’est données pour la suite de son mandat: la santé, l’éducation et l’écologie. Jeudi, c’était l’eau.

Dans l’attente de l’avis du Conseil constitutionnel sur la réforme, attendu pour le 14 avril, le président de la République s’est emparé du dossier de la sécheresse. Avec un déplacement à Savines-le-Lac, sur les rives asséchées du lac de Serre-Ponçon dont les images avaient frappé les esprits l’été dernier. Une visite préparée à la toute dernière minute, pour éviter de voir des manifestants débouler sur le site et perturber le discours du chef de l’État. Elles étaient malgré tout quelque 200 personnes à attendre le président de la République en criant «Macron démission» et en agitant des drapeaux de la CGT et de la Confédération paysanne. Avant son arrivée, deux d’entre eux ont été interpellés par les gendarmes présents en masse pour sécuriser le déplacement.

Il y a 200 manifestants : est-ce que ça veut pour autant dire que la République doit s’arrêter et qu’on doit dire qu’on doit attendre un mois pour parler des sujets de sécheresse ? Non. On doit continuer à travailler avec beaucoup de respect et de calme

Emmanuel Macron

L’exécutif a beau assurer que la réforme des retraites est désormais «derrière nous», la contestation demeure forte et tend à se radicaliser. Au sommet de l’État, on s’attendait d’ailleurs à croiser des manifestants. «Il y aura toujours des gens en marge des cortèges pour donner l’impression que le pouvoir est faible, raconte un ministre. Dans la période, il faut faire attention, mais le président a raison de retourner sur le terrain. Les affaires courantes continuent.» Au-delà du seul sujet de l’eau, c’était le message qu’Emmanuel Macron est venu délivrer à Savines-le-Lac.

«Il y a 200 manifestants: est-ce que ça veut pour autant dire que la République doit s’arrêter et qu’on doit dire qu’on doit attendre un mois pour parler des sujets de sécheresse? Non. On doit continuer à travailler avec beaucoup de respect et de calme», tranche le chef de l’État dès son arrivée pour tenter d’évacuer le sujet des retraites avant de présenter son plan eau. Mais de l’eau, il en était justement question samedi dernier à Sainte-Soline, où une manifestation interdite contre la construction de «méga-bassines» a dégénéré en affrontements violents avec les forces de l’ordre. «Vous avez des milliers de gens qui étaient simplement venus pour faire la guerre. C’est inacceptable», dénonce aussi Emmanuel Macron.

Des violences à Sainte-Soline aux violences dans les manifestations contre la réforme des retraites, il n’y a qu’un pas et voilà donc le chef de l’État a replongé dans le sujet qu’il cherchait à éviter. «Je ne vais pas redire la même chose tous les quatre jours, sinon on bégaye, s’agace-t-il en essayant de s’extirper de ce thème unique. On doit avancer. Il y a des choses qui vont bien dans le pays, il faut aussi savoir le dire et le regarder en face. On est un des pays qui résistent le mieux face au choc de l’inflation (…), on est en train de tous se retrousser les manches pour notre école, notre santé.» Et pour l’écologie aussi. Il y vient.

«EcoWatt de l’eau»

Après avoir observé le lac de Serre-Ponçon et constaté le faible niveau d’eau, le président de la République s’installe au pupitre et déroule son plan de sobriété, pour préparer le pays aux futures sécheresses. Mais au moment du discours, la foule, mobilisée depuis plusieurs heures, tente alors de se faire entendre avec maximum de bruit: «Macron est sourd, on va lui déboucher les oreilles!»

Lui déroule ses mesures. Explique qu’il redoute des «situations de grand stress à l’été prochain» dans certaines communes. Annonce la mise en place d’un «EcoWatt de l’eau» sur le modèle de l’instrument mis en place pour réduire la consommation d’électricité pendant l’hiver. Proclame la «tarification progressive» de l’eau, un mécanisme expérimenté dans certains territoires depuis 2017, selon lequel le tarif augmente pour dissuader les usages excessifs au-delà d’un certain volume. Promet que les prochaines «méga-bassines» prendront mieux en compte la raréfaction de l’eau. «Il ne s’agit pas de privatiser l’eau. Ou de permettre à certains de se l’accaparer», assure-t-il. Et ce n’est pas fini.

«Nous avons décidé de lancer 1000 projets en cinq ans pour recycler et réutiliser l’eau» et «in fine, nous voulons réutiliser 300 millions de mètres cubes, soit 3 piscines olympiques par commune (…) ou 3500 bouteilles d’eau par Français et par an», annonce-t-il. Au total, le chef de l’État égrène 53 mesures. Puis il repart comme il était venu. En hélicoptère. Pendant ce temps à Paris, Jean-Luc Mélenchon appelait à la grève générale pour le 6 avril, prochaine journée de manifestation contre la réforme des retraites, et mettait les syndicats en garde contre un «étiolement de la lutte». Sans doute le même constat que celui du chef de l’État.