France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

« Emmett Till » : l’Amérique au temps de la ségrégation dans toute son ignominie

La réalisatrice Chinonye Chukwu revient sur le lynchage d’un adolescent noir en 1955, dans le Mississippi.

Article réservé aux abonnés

L’AVIS DU « MONDE » – POURQUOI PAS

Parmi les grandes figures féminines de la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis, Mamie Till-Mobley mériterait, du moins en France, où son histoire est oubliée, d’avoir la même réputation que Rosa Parks, qui (après d’autres) refusa de céder sa place à un homme blanc dans un autobus de l’Alabama, le 1er décembre 1955, allumant ainsi la mèche d’un vaste mouvement antiségrégationniste aux Etats-Unis.

Quatre jours plus tôt, une tragédie avait eu lieu à Money, dans le Mississippi, influençant son geste : le lynchage d’un adolescent noir de 14 ans accusé d’avoir eu un comportement inapproprié à l’égard d’une épicière blanche. Ce jeune garçon était le fils de Mamie Till-Mobley, qui vivait à Chicago et avait laissé pour la première fois partir son fils pour un séjour dans la famille de son propre frère, qui y vivait toujours.

Un an plus tôt, la Cour suprême des Etats-Unis avait mis fin à la ségrégation raciale dans les écoles. Le Sud, chauffé à blanc, résistait et résistera longtemps encore – comme en témoigne, en 1963, Crisis, de Robert Drew, monument du cinéma direct sur le refus du gouverneur de l’Alabama, George Wallace, d’admettre deux étudiants noirs à l’université – à se soumettre aux lois fédérales. C’est ce crime atroce – alors même que le suprémacisme blanc et la sédition antifédérale reviennent en force aux Etats-Unis – que met en scène Chinonye Chukwu, une réalisatrice américaine d’origine nigériane.

Une balle dans la tête

Deux parties délimitent clairement la dramaturgie du film. L’esquisse d’une vie apaisée à Chicago, le départ du jeune Emmett, peu au fait des mœurs sudistes, ses retrouvailles avec ses cousins, puis, rapidement, la description du drame, dont la reconstitution et les dires, mensongers, de l’épicière ne coïncident en rien. Le retour du mari, alors absent, débouche sur le crime : descente nocturne dans la maison de l’oncle terrorisé, puis passage à tabac et assassinat d’une balle dans la tête. Le corps sera repêché dans la rivière.

Le film reste figé à l’époque des faits qu’il reconstitue de manière compassée, soucieux de conférer à la mère une stature d’héroïne tragique

S’ouvre alors le combat exemplaire de la mère, qui mobilise par son courage et sa dignité l’attention du pays autour de cette affaire, alors même que le tribunal commet, avec un cynisme patent, un déni de justice et acquitte les coupables, qui se vanteront, une fois libérés, d’avoir commis le crime. Racisme, humiliation, iniquité, impunité. L’Amérique dans toute son ignominie.

Il vous reste 21.83% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.