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En Afrique du Sud, des entreprises se heurtent aux limites de la politique raciale

Il y a vingt-quatre ans, le gouvernement sud-africain a mis en place une loi révolutionnaire afin d’éliminer la discrimination et de promouvoir la diversité sur le lieu de travail pour offrir une chance à chacun après les dégâts causés par quarante-six ans d’apartheid.

Le 12 octobre 1998, le président de l’époque, Nelson Mandela, a promulgué la loi sur l’équité en matière d’emploi, un outil permettant d’encourager la discrimination positive et la diversité afin d’accroître la participation de la majorité noire, des femmes, des personnes handicapées et d’autres groupes de personnes dans l’économie du pays.

La loi sur l’équité en matière d’emploi a alors suscité de vives réactions et divisé la société. D’un côté, certaines entreprises ont adopté la nouvelle loi avec enthousiasme, car c’était la seule solution pour réparer les terribles injustices raciales du passé en Afrique du Sud : dans les entreprises, les visages ont peu à peu changé, reflétant la société diverse, multiculturelle et multiraciale du pays.

D’un autre côté, la loi a engendré des tensions dans les rangs des employeurs, qui redoutaient qu’une discrimination positive trop marquée prive d’emplois les Blancs. Ce groupe social estimerait n’avoir aucun avenir dans les entreprises sud-africaines et finirait par quitter le pays, craignait-on, contribuant ainsi à la fuite des cerveaux. Cette opposition à la discrimination positive et aux politiques fondées sur la race n’a pas disparu de nos jours.

Le mois même (octobre) où l’Afrique du Sud fêtait les 24 ans de la promulgation de la loi sur l’équité en matière d’emploi, le détaillant pharmaceutique Dis-Chem s’est retrouvé au cœur de la tourmente à cause de son projet de transformation du lieu de travail en faveur de la diversité.

Racisme à rebours ?

Tout a commencé le 19 septembre 2022, quand Ivan Saltzman, le fondateur et PDG de Dis-Chem, a communiqué une note à son personnel pour lui annoncer que l’entreprise connaissait des difficultés, et qu’elle avait pris du retard par rapport à ses objectifs de transformation raciale à certains niveaux.

Pour remédier à cette situation inquiétante, Saltzman a fait savoir aux salariés de Dis-Chem que le détaillant suspendrait le recrutement de Blancs, sauf dans des cas particuliers qui devraient lui être soumis, ainsi qu’au responsable des ressources humaines.

“Nous nous développons rapidement, et il ne suffit pas de confier quelques postes à des personnes non blanches. C’est le ratio entre Blancs et Noirs qui importe. Ainsi, si on ne trouve pas de [personne] noire qualifiée pour un poste et que l’on embauche une [personne] blanche, il nous faut recruter plusieurs Noirs dans le seul but de maintenir le statu quo”, écrivait-il dans sa note.

À la mi-octobre, cette dernière a été divulguée et largement diffusée sur les réseaux sociaux. Avec des conséquences clivantes (un peu comm