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En Afrique du Sud, “pas d’électricité, pas de pinot”

Économie.

Des interruptions inédites de l’alimentation électrique affectent depuis plusieurs mois l’Afrique du Sud. Un reportage dans une exploitation viticole de la région du Cap, publié par la “BBC”, décrit une machine enrayée à chaque étape de la production.

Un domaine viticole à Stellenbosch, dans la région du Cap, en Afrique du Sud, en février 2021.
Un domaine viticole à Stellenbosch, dans la région du Cap, en Afrique du Sud, en février 2021. PHOTO MARCO LONGARI/AFP

“Dans la très pittoresque ville de Darling”, au nord du Cap, dans le sud-ouest de l’Afrique du Sud, le domaine viticole Groote Post vit au rythme du grondement des tracteurs et des cris des travailleurs. Un journaliste de la BBC s’est rendu sur place pour goûter les raisins qui serviront à concocter le pinot noir local, “bien plus sucrés [que ceux du supermarché] et gorgés de solides arômes”. L’annonce d’une bonne cuvée, selon le responsable de la communication, Peter Pentz. “Le problème cette année est que cette période cruciale pour tous les viticulteurs coïncide avec la pire série de coupures d’électricité jamais enregistrée dans le pays.”

Depuis plusieurs mois, des coupures quotidiennes paralysent de nombreux secteurs d’activité, et en particulier les exploitations viticoles. Elles sont essentiellement dues à des pannes dans les centrales à charbon, vieillissantes et mal entretenues. “Dès que le courant est coupé, [si vous n’avez pas de générateur], ça veut dire que toute l’activité de la cave est interrompue”, poursuit Peter Pentz.

“Pas d’étiquetage, pas de mise en bouteille, pas de refroidissement. La saison des vendanges est un moment crucial, nous devons commencer le processus de fermentation.”

Les viticulteurs sont obligés d’investir dans des générateurs électriques de secours, mais les prix du carburant nécessaire à leur fonctionnement peuvent s’avérer prohibitifs pour les petites et moyennes exploitations. Groote Post – et ses 122 hectares – dépenserait ainsi quelque 50 000 rands (2 600 euros) par mois en gazole pour les alimenter.

Négociations avec Eskom

L’Afrique du Sud est devenue l’un des hauts lieux de la viticulture dans le monde. Selon les données publiées en avril 2022 par l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), le pays est le huitième producteur mondial et le sixième exportateur en volume. L’activité, qui génère 3 milliards de dollars chaque année, a pourtant été mise à mal successivement par la sécheresse de 2016 et l’interdiction de la vente d’alcool durant la pandémie de Covid-19 en 2020.

N’hésitant pas à parler de secteur en “crise”, le représentant d’une association de professionnels du vin, Christo Conradie, explique que des négociations sont en cours avec la compagnie publique d’électricité sud-africaine, Eskom, au sujet des délestages. “Les heures où les viticulteurs ont le plus besoin de courant ont été identifiées – généralement tôt le matin et juste après le déjeuner – et il a été demandé de programmer les coupures en dehors de ces tranches horaires”, explique le diffuseur britannique. Les exploitants réclament aussi une ristourne sur les prix du gazole ainsi qu’une simplification des procédures pour les projets d’investissement dans des panneaux solaires.

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