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En Birmanie, les chrétiens sous haute tension deux ans après le coup d’État

Les images du clocher, noirci par les flammes au milieu des décombres, ont fait le tour du monde, attirant l’attention du pape François qui avait appelé à prier pour la paix en Birmanie dimanche 22 janvier, à l’issue de la prière de l’Angélus. Cet incendie, perpétré une semaine plus tôt par la junte militaire au pouvoir, de la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption dans la région de Sagaing (centre), n’est que le dernier en date d’une « série noire » pour les chrétiens locaux.

Alors que le pays entre ce mercredi 1er février dans sa troisième année de guerre civile, deux ans jour pour jour après le renversement de la présidente Aung San Suu Kyi, « la violence augmente de jour en jour », se désole le père David Michael de Penha, originaire du diocèse de Mandalay, qui poursuit ses actions militantes contre le régime en place depuis les États-Unis, où il vit désormais exilé. Depuis le début de l’année 2022, les vies des chrétiens birmans, en particulier dans quatre diocèses – Loikaw, Mandalay, Kalay et Hakha – ont particulièrement été affectées par les destructions. Des villages à majorité catholique ont été brûlés, et il y a beaucoup de déplacés internes et de réfugiés aux frontières indiennes. »

« Résistance civile »

Invité à témoigner lors des différentes veillées de la Nuit des témoins 2023 organisée par l’association Aide à l’Église en détresse (AED), le salésien de 48 ans, qui a gardé de nombreux relais sur place, regrette « la répression violente » qui cible la minorité chrétienne, comptant 5 % de catholiques – accusée parmi d’autres groupes ethniques et religieux, comme les Rohingyas, d’être hostiles au régime dans ce pays à 90 % bouddhiste. « Des chrétiens continuent de rejoindre le mouvement de résistance civile. Une très grande partie d’entre eux soutiennent les Forces de défense du peuple(PDF) ou en sont membres, militant pour le retour de la démocratie. »

Ces derniers – aux effectifs difficilement chiffrables – continuent notamment d’opérer dans les États majoritairement chrétiens chins, kachins et karens, sanglants théâtres depuis deux ans des exactions de la junte. « Certaines congrégations religieuses, ainsi que des prêtres, essayent de les aider comme ils peuvent, en leur faisant par exemple passer notamment de l’aide humanitaire – du riz, de l’huile… », poursuit le prêtre, regrettant que les dirigeants de l’Église catholique ne puissent réellement « publiquement » prendre parti contre la dictature.

« Pressions »

« Les évêques birmans veulent à la fois préserver leur relation avec le pouvoir et leurs fidèles. Sauf que ces derniers ont l’impression de ne pas être soutenus… » En Birmanie, le principal interlocuteur avec la junte militaire est le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, poursuit le père David Michael de Penha : « Il appelle à ce que la paix revienne. Les catholiques sont en colère car ils auraient souhaité une prise de position plus nette. De l’autre côté, il est certainement soumis par des pressions de la part des militaires. » La Birmanie est classée 14e parmi les 76 pays recensés par l’ONG évangélique militante Portes ouvertes dans son Index mondial des persécutions 2023, qui note une « forte hausse » l’an passé des violences commises, toutes Églises confondues, contre les chrétiens.