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« En Chine, la fin de quatre décennies de croissance rapide portée par le secteur de l’immobilier »

Laurent Augier

Economiste

La faillite du promoteur Evergrande, en 2020, s’est propagée à l’ensemble de l’économie chinoise, plongeant le pays dans une forme étrange de crise financière au long cours, rapporte l’économiste Laurent Augier dans une tribune au « Monde ».

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Pendant quatre décennies, le développement de l’immobilier a représenté le tiers du taux de croissance du produit national brut (PNB) chinois. Le boom de la construction, porté par l’expansion du crédit bon marché, a vu les prix des logements multipliés par deux en moyenne sur les quinze dernières années. En 2019, l’euphorie des investisseurs était à son comble. La part de l’immobilier dans la richesse des ménages s’élevait alors à 70 %. L’illusion de richesse créée par la hausse continue des prix des logements incitait les investisseurs à prendre des risques croissants. Les investissements sont devenus spéculatifs sur un marché où plus de 20 % des logements neufs étaient vides.

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Dans ce contexte, l’accumulation de la dette d’Evergrande, premier groupe immobilier du pays, s’apparentait de plus en plus à une pyramide de Ponzi : le groupe remboursait sa dette sur les avances versées par les nouveaux clients. A l’échelle du pays, l’accumulation des créances douteuses du secteur a atteint 228 milliards d’euros en 2021, en hausse de 18 % par rapport à 2020. La dette de l’immobilier comptait pour la moitié du PNB en 2021 – soit, par comparaison, le double de la taille de l’économie allemande !

Tous les éléments du déclenchement de la crise sont réunis. Il ne fallait plus qu’un choc exogène pour la déclencher. Selon l’économiste Hyman Minsky (1919-1996), célèbre pour ses analyses des crises économiques, ce choc (le « moment Minsky ») résulte généralement de l’intervention de la banque centrale. Mais dans le cas de la Chine, la provenance du choc est assez inattendue, puisqu’elle a émané directement du plus haut sommet de l’Etat…

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En août 2020, le président chinois, Xi Jinping, décide de stopper la spéculation en imposant les « trois lignes rouges » aux entreprises de l’immobilier : limitation du ratio actif sur passif, réduction du ratio endettement net sur fonds propres et constitution de réserves de liquidités. La publication de ces trois lignes marque le basculement, le « moment Minsky », du marché. En 2022, la moitié des sociétés du secteur ne peuvent toujours pas respecter les trois critères. Quant aux ménages encore solvables, il n’est plus question pour eux de verser la moindre avance aux promoteurs, car la confiance est bel et bien rompue.

Offre et demande en berne

En 2022, les ventes s’effondrent de 22 % et les prix du neuf diminuent de 1,4 %. Le poids de la dette de l’immobilier s’accroît et la crise se propage à l’ensemble de l’économie dans une conjoncture alourdie par la politique sanitaire zéro Covid. Les bourses chinoises stagnent après le décrochage de 25 % de l’indice CSI 300 à la Bourse de Shanghaï en début d’année. Face à ce marasme, la banque centrale accorde à la mi-novembre un délai d’une année aux promoteurs immobiliers pour se mettre en conformité avec la régulation des trois lignes rouges. Un répit coûteux pour les banques, dont la part des crédits alloués aux promoteurs immobiliers représente près de 26 % du montant total des crédits accordés. Jusqu’à présent, les interventions massives de l’Etat « prêteur en dernier ressort » ont eu peu d’effet. L’offre de logements a diminué malgré la mobilisation de quelque 140 milliards d’euros d’aides et les baisses régulières des taux courts et longs. Du côté de la demande, les projets ne trouvent plus preneurs.

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