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En finir avec l’indexation du SMIC sur l’inflation : la proposition choc d'un groupe d'experts

Chaque année, le groupe d'experts remet ses préconisations au gouvernement. Et malgré l'inflation, les économistes et chercheurs qui composent ce groupe indépendant, restent sur leur ligne habituelle : ils ne préconisent pas un coup de pouce sur le SMIC au 1er janvier 2023. A cette date, le SMIC sera de toutes façons revalorisé de façon automatique. Ils estiment que compte tenu de l'inflation, le SMIC devrait gagner 1,8 %.

En janvier, pas besoin de coup de pouce du gouvernement

Mais les experts estiment qu'il est inutile que le gouvernement aille plus loin, étant donné la revalorisation -automatique- déjà opérée en 2022 : 5,6 % de hausse, après une progression de 3,3 % en 2021. Selon eux, il y va de l'équité par rapport aux autres salariés du privé, qui souvent, n'ont pas connu pareilles hausses ces derniers mois.

Autre argument avancé, si le niveau du SMIC est trop élevé, il risque de freiner les embauches, notamment des moins qualifiés. Les employeurs pouvant être réticents à recruter à un niveau de salaire trop important. Dans un contexte où le chômage reste haut, cet élément doit être pris en compte. Les experts assurent que le SMIC, contrairement aux idées reçues, n'est pas une protection contre la pauvreté. La plupart des travailleurs pauvres le sont surtout parce qu'ils ne font pas assez d'heures, ou n'ont pas de diplômes.

Enfin, ils notent que toute hausse du SMIC contribue encore à écraser la grille des salaires. Et oblige les branches professionnelles à revoir leurs grilles, ce que beaucoup ne peuvent pas faire.

Une réforme indispensable

Au vu de ces éléments, et des effets pervers du SMIC, le groupe d'experts insiste sur la nécessité de réformer en profondeur le système du salaire minimum dans notre pays. « Si le SMIC est un socle salarial indispensable, en particulier pour renforcer le pouvoir de négociation des travailleurs dans des activités où le rôle des partenaires sociaux est affaibli, - et que le travailleur alors se retrouve seul face à son employeur -», il mérite d'être repensé.

Et le groupe de formuler une proposition novatrice : en finir avec la revalorisation automatique sur l'inflation.

Aussi, le rapport préconise-t-il plusieurs pistes, comme de revoir la formule de calcul. Ou encore laisser le gouvernement décider seul du niveau de hausse, sans avoir la contrainte de cette indexation. A coup sûr, cette idée ne sera pas populaire. Aussi, il y a peu de chance que le gouvernement l'adopte, en tout cas dans les semaines à venir.

Donner la main aux partenaires sociaux

Dernière suggestion particulièrement disruptive : laisser (presque) totalement la main à la négociation collective. Autrement dit, ce serait dans les entreprises que serait discuté le niveau de salaire minimum, par un échange entre les partenaires sociaux.

Pour assurer un filet de sécurité, le groupe d'experts envisage de laisser toutefois un système d'indexation automatique du SMIC non pas sur l'inflation, mais sur la moyenne des évolutions des minimas salariaux d'un panel de branches représentatives. Une telle orientation est en place aux Pays-Bas, ou en Allemagne.

« La revalorisation du salaire minimum correspond alors, à une sorte d'extension à l'ensemble de l'économie des résultats de la négociation collective conduite dans les branches - qui ne souffrent pas d'insuffisance de négociation -», écrivent les auteurs du rapport. Et d'ajouter : « cette voie n'empêche pas, bien au contraire, l'Etat d'accorder des coups de pouce supplémentaires ». C'est d'ailleurs, ce qui se passe aux Pays Bas et en Allemagne.

L'idée séduit dans la macronie. Et pour cause, elle est en accord avec la ligne défendue depuis tout temps par Emmanuel Macron, ramener au plus près de l'entreprise les sujets qui la concernent, et le premier d'entre eux, les salaires !

Ces derniers mois, le président a souvent dit que ce n'était pas à l'Etat de décider du niveau de rémunération qui doit se pratiquer dans une entreprise. Il l'a notamment répété lors du conflit dans les raffineries Total.

Il pourrait être intéressant pour lui de ne plus avoir sous sa coupe la « gestion » du SMIC. Cela serait aussi un moyen de redonner du pouvoir aux partenaires sociaux, qui se plaignent de ne pas en avoir assez. Reste que la responsabilité pour eux serait immense.