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En Iran, la presse sceptique : "Est-ce la fin de la police des moeurs ?"

L'annonce de la fin de la police des mœurs par le procureur général iranien a été ignorée lundi par la presse conservatrice locale. La démarche de Mohammad Jafar Montazeri, qui n'a toujours pas été commenté par le pouvoir, s'apparente à un geste d'apaisement envers les manifestants mobilisés dans la rue depuis la mort en détention le 16 septembre de Mahsa Amini.

L'annonce de la dissolution de la police des mœurs en Iran à l'origine du mouvement de contestation qui frappe la République islamique depuis plus de deux mois et demi a été ignorée, lundi 5 décembre, par la presse conservatrice, seuls quatre quotidiens réformateurs l'évoquant en une.

Le procureur général d'Iran, Mohammad Jafar Montazeri, avait annoncé samedi soir lors d'une conférence à Qom, ville sainte du chiisme à l'ouest de Téhéran, que "la police des mœurs […] a[vait] été abolie par ceux qui l'ont créée".

Cette annonce s'apparente à un geste envers les manifestants qui descendent dans la rue pour exprimer leur colère depuis la mort en détention le 16 septembre de Mahsa Amini, une jeune femme kurde de 22 ans arrêtée trois jours auparavant par la police des mœurs pour non respect du code vestimentaire.

Mais dans la presse iranienne lundi, seuls quatre journaux réformateurs évoquent la fin de cette police religieuse créée au début des années 2000 pour "répandre la culture de la décence du port voile islamique".

"Après quatre-vingts jours de protestations causées par la police des mœurs, le procureur général annonce son abolition", écrit le quotidien réformateur Sazandegi titrant "la fin de la police des mœurs".

Sharq, autre quotidien réformateur, se montre dubitatif : "Est-ce la fin des patrouilles ?" pour faire respecter le code vestimentaire qui prévoit notamment le port du voile, interroge le journal en une.

"Alors que le procureur général a affirmé que la police des mœurs était abolie, le service des relations publiques de la police a refusé de confirmer cette abolition", souligne Sharq.

Au journal qui l'interrogeait par téléphone pour réagir aux déclarations du procureur général, le colonel Ali Sabahi, chef des relations publiques de la police de Téhéran, a répondu : "Ne mentionnez même pas que vous nous avez téléphoné. Le moment n'est pas opportun pour ce genre de discussion […] et la police en parlera quand ce sera opportun".

Le quotidien réformateur Arman Melli est lui aussi dubitatif en titrant : "Est-ce la fin de la police des mœurs ?". Et après l'annonce du procureur, "Un changement en faveur des femmes ?", s'interroge pour sa part le quotidien réformateur Ham Mihan. "L'autorité judiciaire a fait une déclaration mais aucune autre autorité n'a annoncé la dissolution de la police des mœurs", souligne le journal.

Avec AFP