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« En mémoire de la mémoire », « Zone de la douleur », « Une étrange obstination »… Nos conseils de lecture

Chaque jeudi, la rédaction du « Monde des livres » vous propose sa sélection littéraire.

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LA LISTE DE LA MATINALE

Cette semaine, notre sélection offre plusieurs méditations sur la mémoire, sa naissance, son devenir. Tandis que Maria Stepanova traverse un siècle d’histoire russe, et que Pierre Nora raconte trois décennies de vie intellectuelle française, paraît également un recueil de textes rares qui jette une nouvelle lumière sur l’itinéraire de la femme de lettres Françoise Frenkel, juive traquée à travers l’Europe. A lire aussi, les œuvres critiques de Barbey d’Aurevilly, et le roman de la réconciliation signé par la Japonaise Ito Ogawa, un texte bouleversant de sérénité.

RÉCIT. « En mémoire de la mémoire », de Maria Stepanova

En 1991, la fin de l’URSS a signifié non seulement la chute d’un régime, mais aussi la soudaine disparition de repères matériels. D’un jour à l’autre, les attributs de la vie quotidienne, immuables depuis des décennies – enseignes de magasins, programmes de télévision, boîtes de conserve et distributeurs d’eau gazeuse – n’étaient plus là, balayés, disloqués… A la place surgirent de nouveaux objets, de nouveaux usages, de nouveaux rapports au sein de la société, provoquant désarroi et, souvent, nostalgie.

En littérature, ces chambardements furent à l’origine de nombreux ouvrages d’investigation mémorielle. « Le passé gît devant nous, monde immense, bon à coloniser : pillage rapide, lente transformation », note Maria Stepanova dans son somptueux En mémoire de la mémoire. Cette période soviétique que tant de courants intellectuels cherchent à réinterpréter et à distordre, l’autrice, poétesse, romancière et journaliste, elle, l’aborde avec une infinie précaution, en paléontologue qui chercherait patiemment à reconstituer la silhouette d’un animal disparu à partir d’une empreinte de patte ou d’un morceau de squelette.

L’empreinte est ici le journal intime tenu par feu sa tante Galia. Après l’avoir découvert, la nièce s’est lancée dans une considérable enquête qui a duré des années. Ce qui guide sa plume, outre le sentiment du devoir – celui de « réunir les parcelles éparses de ce qui vous est connu en une ligne de transmission » –, c’est la curiosité, le désir de fixer l’insaisissable : la formation d’un souvenir. Autrement dit, moins le passé en tant que tel que notre façon de l’appréhender. Retracer la ligne ininterrompue du « récit de ce qui a été ». Elena Balzamo

INÉDITS. « Zone de la douleur », de Françoise Frenkel

Lire Zone de la douleur constitue une expérience curieuse et émouvante. Elle revient à plonger dans un carton où quelques vieilles lettres manuscrites côtoient des textes tapés sur du papier machine très fin et jauni. Une soixantaine de documents, un peu en désordre, dont on croit sentir l’odeur de poussière et d’encre sèche. Certains ne sont que des fragments, des esquisses. D’autres se révèlent beaucoup plus aboutis, en particulier une belle nouvelle russe rédigée sous l’égide de Dostoïevski et une autre, située en Corse. L’ensemble témoigne de ce qu’aurait voulu et pu devenir Françoise Frenkel, découverte en 2015 lors de la reparution de Rien où poser sa tête (Gallimard), si la guerre n’avait tout brisé net : une femme de lettres française.

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