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En Russie, les milieux d’affaires français pris entre deux feux

La naturalisation du président de la Chambre de commerce franco-russe octroyée par Vladimir Poutine, au beau milieu des référendums d’annexion en Ukraine et de la « mobilisation partielle » en Russie, fait débat dans la communauté.

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Son nom, repéré d’abord par Les Echos, figure en 28e position de l’oukase présidentiel signé le 26 septembre par Vladimir Poutine : Emmanuel Quidet, président de la chambre de commerce et d’industrie franco-russe (CCIFR) fait partie des soixante-douze étrangers « reçus dans la nationalité russe » ce jour-là. A ses côtés, le lanceur d’alerte américain Edward Snowden, dont la naturalisation russe a été amplement commentée, mais encore onze autres Français, pour l’essentiel des descendants de Russes blancs et d’exilés.

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M. Quidet est une figure en vue de la communauté française. Arrivé en Russie au début des années 1990, il a cofondé la CCIFR, en 1997. Au côté de l’oligarque et ami de Vladimir Poutine Guennadi Timtchenko, il en a fait un outil apprécié des hommes d’affaires français et russes pour son efficacité. S’il est connu pour être un opposant résolu aux sanctions qui frappent la Russie depuis 2014, sa présence sur cette liste, au moment précis où le conflit en Ukraine et les tensions entre Moscou et l’Occident semblent atteindre un point de non-retour, a suscité un certain émoi.

« On sait qu’il y a une tripotée de poutinolâtres acharnés parmi les Français de Russie. Mais devenir russe maintenant, c’est encore autre chose, c’est un symbole terrible », dit un homme d’affaires français. Un autre, pourtant lui aussi opposé aux sanctions occidentales, explique avoir arrêté au mois de février, après le déclenchement de l’« opération militaire spéciale » en Ukraine, la procédure de naturalisation qu’il avait lancée.

« Maintenir un lien »

M. Quidet lui-même n’a pas souhaité répondre au Monde, mais un proche trouve injustes ces critiques : « Il fait partie des gens qui ont construit leur vie ici, on n’arrête pas cela d’un claquement de doigts. Par ailleurs, alors que tout le reste s’est écroulé, il faut maintenir un lien économique entre Paris et Moscou. C’est le seul terreau possible pour rebâtir, dans le futur, une relation entre la Russie et l’Europe. »

Ces appréciations divergentes illustrent les lignes de fracture qui traversent la communauté française de Russie. Dès le début du mois de mars, Paris a encouragé les Français dont la présence était jugée « non essentielle » à partir. Les départs, nombreux, se sont encore accélérés au fur et à mesure que les entreprises rapatriaient leurs employés ou quittaient le marché russe.

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Ceux qui restent ont gagné la réputation de former un dernier carré aveuglément attaché à la politique du Kremlin. Les résultats de l’élection présidentielle française en avril (48 % cumulés pour Eric Zemmour et Marine Le Pen au premier tour, à Moscou) ont renforcé cette image. Des figures en vue assument aussi une ligne extrémiste claire – ainsi de Xavier Moreau, lui aussi titulaire d’un passeport russe, qui faisait partie des « observateurs internationaux » déployés lors des référendums d’annexion conduits par Moscou en Ukraine.

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