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En Thaïlande, des moines fumeurs de méthamphétamine débarqués de leur temple

A Bung Sam Phan, en Thaïlande, les fidèles ne peuvent plus aller prier au temple. Pour l’heure, les portes du petit édifice au toit de briques rouges sont fermées. La cause : les moines et l’abbé se rapprochaient de Bouddha en y fumant de la méthamphétamine. Les quatre hommes ont été immédiatement défroqués, a indiqué mardi un responsable local. Cette sanction fait suite à un test de dépistage de drogues survenu lundi pour les quatre religieux, révélant la présence de méthamphétamine, a déclaré à l’AFP Boonlert Thintapthai le responsable du district.

Les moines ont été envoyés dans une clinique pour suivre une cure de désintoxication. «Le temple est maintenant vide de moines et les villageois voisins s’inquiètent de ne pas pouvoir faire de cérémonies de mérite», a ajouté Boonlert Thintapthai. Le responsable du district rural a précisé que d’autres moines seraient envoyés dans ce temple de la province de Phetchabun pour permettre aux villageois de s’acquitter de leurs obligations religieuses.

Dans les rues thaïlandaises, les pilules de meth, appelée aussi ya ba, littéralement la drogue «qui rend fou», se vendent entre 20 et 50 bahts (environ 1,40 euro). Moins cher que le café. La pilule est le plus souvent placée dans un papier aluminium, chauffée au briquet et l’usager fume les vapeurs du produit via une pipe. Sa consommation provoque une euphorie et une forte stimulation mentale mais entraîne une hypertension artérielle, une augmentation du rythme cardiaque et expose les consommateurs à des risques d’accidents vasculaires ou encore d’arrêts cardiaques. Légales pendant des années et vendues en stations-service, ces pilules de méthamphétamine étaient pendant longtemps utilisées par les chauffeurs routiers du pays pour lutter contre le sommeil. Elles ont été interdites par le gouvernement thaïlandais en 1970.

Le prix baisse mais la pureté augmente

Ces dernières années, les autorités de Thaïlande mais aussi des pays de l’Asie du Sud-Est ont effectué des saisies records de cette drogue de synthèse. L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) estime à un minimum de 1,4 milliard le nombre de pilules de ya ba dans la région. Elle est fabriquée principalement dans de petits laboratoires de la jungle birmane, dans l’Etat Shan. Selon les Nations Unies, la Thaïlande est depuis des années un important pays de transit pour la méthamphétamine qui afflue via le Laos.

Pour Jeremy Douglas, représentant régional de l’ONUDC, la surabondance de cette drogue et les baisses de prix du ya ba sont liées à la «montée en puissance massive de l’Etat Shan (ndlr : Birmanie) vers la Thaïlande par la frontière autour de Chiang Rai, mais aussi de plus en plus par le Laos, afin de contourner les efforts thaïlandais qui se sont intensifiés le long de la frontière» birmane. Cette zone connue aussi sous le nom de Triangle d’or, autrefois baignant dans le trafic d’opium, s’est reconvertie massivement dans le trafic de drogues de synthèses et d’opioïdes.

En juin 2022, le dernier rapport publié par les Nations Unies a indiqué qu’un milliard de pilules de méthamphétamine avaient été saisies en Asie de l’Est et du Sud-Est en 2021, un chiffre record. Le rapport souligne également que le prix de la meth a atteint ses niveaux les plus bas de la dernière décennie dans la région de l’Asie de l’Est et du Sud-Est. Et malgré cette chute des prix, la pureté reste élevée et a même augmenté dans certains pays. Pour Inshik Sim, analyste de l’ONUDC, le constat est clair : «les groupes du crime organisé sont en mesure de fournir de la méthamphétamine de meilleure qualité à des prix beaucoup moins chers par rapport à il y a dix ans, augmentant ainsi l’accessibilité financière mais aussi les dommages».