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En voulant sauver la dette britannique, la Banque d'Angleterre (BoE) fait plonger la livre

Les répliques sismiques qui ont suivi le "Mini-Budget" ultra coûteux dévoilé vendredi dernier par Liz Truss et Kwasi Kwarteng, se succèdent sans discontinuer au Royaume-Uni. Ce mercredi, pour rassurer les investisseurs très inquiets du risque que représente l'envolée du prix de la dette pour l'économie britannique, avec un taux à dix ans qui oscille désormais autour de 4,5%, la Banque d'Angleterre est intervenue sur les marchés, ce qui a fait immédiatement plonger la livre sterling face au dollar et dans une moindre mesure face à l'euro.

Vers 11H35 GMT (13H35 à Paris), la livre plongeait ainsi de 1,41% à 1,0581 dollar, s'approchant dangereusement de son plus bas historique, à 1,0350 dollar, atteint il y a à peine deux jours, lundi 26 septembre.

Royaume-Uni : Liz Truss sort l'artillerie lourde pour préserver le pouvoir d'achat

Intervention spectaculaire de la BoE... qui dévalue la monnaie

Alors que le Trésor maintenait ce plan budgétaire dispendieux, pourtant vertement critiqué par le FMI, la Banque d'Angleterre est intervenue dans l'urgence ce matin en procédant à des achats sur le marché obligataire afin de calmer l'envolée de la dette souveraine. La BOE a justifié sa décision spectaculaire en déclarant qu'elle ne pouvait pas permettre que le dysfonctionnement se poursuive, au risque de voir la stabilité financière du Royaume-Uni menacée.

"La Banque va effectuer des achats d'obligations gouvernementales à échéance éloignée" dès mercredi afin de "rétablir des conditions de marché normales", affirme la BoE dans un communiqué, mercredi.

Certes cette action a fait reculer le taux d'emprunt à long terme, mais cela a dévalorisé dans le même temps la monnaie britannique, parce que, explique Fawad Razaqzada, analyste chez City Index, "acheter des obligations augmente la quantité de livres sur le marché".

« La livre sterling est en danger » : la vive inquiétude d'un analyste financier à l'égard du Royaume-Uni

Entre critiques et doutes, les analystes circonspects

Nordim Naam, analyste obligataire chez Natixis, explique à l'AFP que le mouvement de la BoE est "assez curieux", puisque la Banque maintient qu'elle va réduire son portefeuille d'actifs accumulés pendant la pandémie sur les douze prochains mois.

"Tout cela sent le manque de crédibilité à plein nez", assène Neil Wilson, analyste chez Markets.com.

La livre perd 6,2% depuis vendredi et l'annonce par le nouveau gouvernement de Liz Truss des mesures de soutien à l'économie et des baisses d'impôts très coûteuses, évaluées par les économistes à un montant de 100 à 200 milliards de livres, mais dont le financement et l'impact restent flous et non chiffrés par le gouvernement. Depuis le début de l'année, la chute de la livre est vertigineuse: -21% face au dollar.

Le Royaume-Uni plonge dans la récession

Le dollar ne cesse de se renforcer, et le sabotage du Nord Stream n'arrange rien

"D'un côté, le dollar est soutenu par la politique déterminée de la Réserve fédérale américaine (Fed) et l'aspect valeur refuge", note Ricardo Evangelista, analyste chez ActivTrades, et de l'autre "la situation en Europe n'aide pas l'euro".

Pâtissant du conflit en Ukraine, l'économie des régions couvertes par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), à savoir l'Europe de l'est, le maghreb et certains pays d'Asie centrale notamment, devrait croître de 3% seulement en 2023, alors que l'institution financière tablait jusqu'alors sur 4,7%.

"La montée en puissance" des tensions entre Moscou et l'Union européenne "après le sabotage des gazoducs Nord Stream promettent un hiver douloureux en Europe", ajoute M. Evangelista.

L'Union européenne a promis la "réponse la plus ferme possible" à un "sabotage" des gazoducs Nord Stream.

La dernière fois que le dollar était aussi fort face aux autres grandes devises, en 1985, le billet vert n'avait courbé l'échine qu'après une intervention coordonnée des Etats-Unis avec plusieurs autres pays dans le cadre des accords du Plaza.

 (avec AFP)