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Enki Bilal : «Le chessboxing est un sport parfaitement olympique»

ENTRETIEN - Auteur et dessinateur, Enki Bilal est le premier à avoir pensé le chessboxing. 30 ans après, son rêve est devenu réalité. Ce touche-à-tout nourrit de grandes ambitions pour son sport.

À bientôt 71 ans, ce 7 octobre, Enki Bilal a connu 1001 vies. Ce Français, né à Belgrade, est auteur de bande dessinée, peintre, producteur, illustrateur et réalisateur, entre autres. En 1992, il dessine les premiers traits du chessboxing dans sa BD Froid Équateur.

30 ans plus tard, le premier inventeur de ce «sport ultime» rêve encore en grand pour sa discipline. À l'aube de cette deuxième édition de l'Intellectual Fight Club, qui aura lieu ce samedi 1er octobre au Cabaret Sauvage, Enki Bilal revient sur la naissance du chessboxing.

Le Figaro : Expliquez-nous, dans vos mots, ce qu'est le chessboxing ?


Enki Bilal : Ce sport allie les échecs et la boxe, sur onze rounds et en alternance. C'est un sport, à la fois d'une grande exigence et d'une grande élégance. L'alliance de ces deux disciplines en fait un sport ultime.

Comment vous est venue l'idée du chessboxing ?
Cette discipline est née dans un récit, Froid Équateur, dans lequel je dépeignais une société parfaite. Je cherchais un sport qui se rapprochait de l'excellence. Et j'ai pensé tout naturellement à cette combinaison des échecs, pour la qualité intellectuelle, et de la boxe, pour la qualité sportive mais surtout la noblesse de ce sport. Je crée cet album mais pour moi cela s'arrête là. Et dix ans plus tard, je reçois un mail de Iepe Rubingh, que je ne connaissais pas. C'est un jeune artiste néerlandais, venu d'Amsterdam, qui voulait recréer le chessboxing sur un ring et me rendre hommage. Rapidement, je le rencontre et nous devenons amis. J'ai vu qu'un véritable projet sportif était mis en place et cela se répand partout dans le monde, notamment dans les pays de l'Est, mais aussi en Angleterre, en Iran, en Russie, aux États-Unis. De son côté, la France met plus de temps à découvrir ce sport.

Paul Ducher contre Kévin Guedj en 2019. Fédération française de chessboxing.

Vous avez fait de très nombreuses choses dans votre vie dans de nombreux domaines (la bande dessinée, la télévision, le cinéma…). Que représente le chessboxing pour vous ?
C'est un dégât collatéral de mon imaginaire, mais un dégât collatéral très agréable. De plus, je m'aperçois que ce sport touche toutes les populations, y compris les plus populaires ou en difficultés et c'est vraiment très agréable de savoir ça.

Ce samedi se déroule l'Intellectual Fight Club 2, trois ans après sa première édition. Qu'attendez-vous de cette soirée ?


La précédente soirée était remarquable. Il y avait à la fois un côté sportif, mais surtout un côté pédagogique. Sur le ring, il y a un maître d'échecs qui explique ce qui se passe au public. Cela permet d'entretenir le suspens. Il y a une dramaturgie très importante mais chaque combat à sa propre histoire, selon les spécificités de chacun. C'est à la fois festif mais aussi très dramaturgique.

Quel est votre rêve pour le chessboxing ?
J'aimerais que le chessboxing continue à se développer, partout dans le monde. Pour réaliser le rêve de Iepe Rubingh, disparu en 2020, j'aimerais que cela devienne un sport olympique. Cela serait idiot de passer à côté d'une telle discipline. Le chessboxing peut offrir un spectacle d'un très haut niveau. C'est vraiment très beau et très visuel. Il y a une vraie esthétique qui peut se dégager de ce sport. Le chessboxing est un sport parfaitement olympique.