France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Entre la Malaisie et les descendants d’un sultan de Bornéo, un litige rocambolesque à 15 milliards de dollars

Les huit descendants d’un royaume disparu, reprochant à l’Etat malais d’avoir rompu un contrat colonial vieux de cent quarante-cinq ans, ont lancé des procédures tous azimuts pour obtenir réparation. Un jugement arbitral a été rendu à Paris en 2022, sur lequel la justice française doit se prononcer ce mardi 6 juin.

Article réservé aux abonnés

C’est une sentence arbitrale de 15 milliards de dollars (14 milliards d’euros) qui donne des frayeurs à la Malaisie et surprend même les spécialistes de ce genre de procédure. Outre son montant exceptionnellement élevé, le litige trouve son origine dans un traité signé il y a cent quarante-cinq ans entre deux aventuriers colonisateurs européens et un sultan du nord de l’île de Bornéo, rédigé dans un dialecte malais ancien difficile à traduire.

Les huit descendants du royaume disparu, dont l’un est mort récemment, reprochent à la Malaisie, qui a hérité de ce vieux contrat des colons britanniques, de l’avoir rompu en mettant fin, en 2013, au versement de 5 300 dollars, puis 5 300 ringgits (1 074 euros), qu’ils percevaient chaque année depuis 1878.

L’exécution de cette sentence hors norme, rendue à Paris en février 2022, est toutefois suspendue à une décision de la cour d’appel de Paris, mardi 6 juin, sur la compétence du tribunal arbitral. A quelques jours de cette date cruciale, la ministre de la justice malaisienne, Azalina Othman Said, a fait le déplacement dans la capitale française.

Reconquête et représailles

Dans le salon privé d’un palace des Champs-Elysées, où elle reçoit Le Monde, entourée d’avocats, de diplomates et de consultants en communication, la ministre fustige une décision et une somme hors de proportion, ainsi qu’une « atteinte à la souveraineté de la Malaisie ».

« L’affaire est exceptionnelle, observe Thomas Clay, arbitre international et professeur de droit à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne. L’histoire est incroyable, et puis un dossier à 15 milliards avec un arbitre unique, c’est du jamais-vu. »

Cet arbitrage n’aurait sans doute jamais vu le jour si, en 2013, Jamalul Kiram III, le descendant autoproclamé du sultan de Sulu, n’avait entrepris de reconquérir les terres de ses ancêtres. Du sultanat, qui s’étendait jadis de l’île de Bornéo jusqu’au sud des Philippines, il ne reste rien, sauf la gloire du passé. En 2013, lorsqu’un journaliste du New York Times se rend au siège royal, dans la banlieue lointaine de Manille, il tombe sur un modeste pavillon de deux étages, qui affiche sur sa façade la pancarte « Sultanat de Sulu et du nord de Bornéo ».

A l’intérieur, le vieux sultan, sous dialyse, reçoit de rares visiteurs. L’homme de 73 ans, à moitié aveugle, vient d’envoyer, en février 2013, depuis les Philippines, une armée de 235 mercenaires à la conquête de Sabah, une région pauvre de 3,5 millions d’habitants, recouverte d’une forêt tropicale et bordée de plages de sable fin.

Il vous reste 78.74% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.