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Entreprises : les prix de l'électricité pourraient bondir de 84% en 2023, selon l'Insee

Les entreprises européennes continuent de souffrir. Un an après l'éclatement de la guerre en Ukraine, les difficultés d'approvisionnement en énergie et en composants électroniques sont loin d'être retombées.

En France, la situation n'est guère meilleure. La croissance du PIB a augmenté de seulement 0,1% au dernier trimestre 2022 et les dernières perspectives du FMI indiquent que l'activité pourrait accélérer de 0,7% en 2023 contre 2,6% en 2022. La hausse du bouclier tarifaire à 15% à partir de ce premier février pourrait encore faire bondir les factures de nombreux ménages et certaines  entreprises.

L'inflation rebondit à 6% sur un an en janvier en France

Dans ce contexte d'incertitudes, certaines entreprises pourraient continuer de payer au prix fort le prolongement de cette crise énergétique. L'Insee a mené une enquête inédite auprès des fournisseurs d'énergie pour tenter d'estimer l'évolution des prix de l'électricité dans les mois à venir.

Une envolée moyenne de 84% en 2023

Résultat, les prix de vente des fournisseurs facturés aux entreprises pourraient s'envoler de 84% en moyenne annuelle par rapport à 2022. « En 2022, la hausse globale était de 20% pour tous les acteurs économiques. En 2023, on s'attend à une augmentation de près de 100% par rapport à l'année dernière. La hausse des prix de l'énergie est inédite depuis 40 ans. L'augmentation des prix des intrants est phénoménale, » a déclaré Sylvain Moreau, directeur des statistiques d'entreprises à l'Insee, lors d'une réunion avec des journalistes ce mercredi premier février.

« Au niveau macroéconomique, on ne constatait pas de répercussions massives. On ne constatait pas de forte baisse de production, à l'exception de quelques secteurs. » Pour tenter d'y voir plus clair, l'institut de statistiques a donc lancé cette enquête qui permet d'avoir des prix moyens pour l'année à venir. « Comme toutes les moyennes, il y a des secteurs en deçà et des secteurs au-dessus, » a poursuivi le statisticien.

+92% de hausse des prix de l'électricité en 2023, l'industrie et l'agriculture dans le rouge

L'industrie tricolore peine à sortir de sa torpeur. Après avoir connu un pic au début  2022, l'indice PMI S&P qui mesure l'activité dans l'industrie manufacturière n'a cessé de dégringoler tout au long de l'année dernière avant de légèrement remonter début 2023. Il repasse en territoire positif à 50,5 (au-dessus de 50) après avoir enregistré plusieurs mois de contraction (inférieur à 50) selon les derniers résultats dévoilés ce mercredi premier février.

S'agissant de 2023, la hausse des prix de l'électricité la plus spectaculaire attendue par l'Insee concerne l'industrie et l'agriculture. Les conjoncturistes tablent sur une envolée de 92% pour ces deux secteurs. Compte tenu du poids de l'énergie dans l'activité de l'industrie et de l'agriculture, de nombreuses entreprises pourraient vaciller dans les mois à venir. Dans les services marchands (privé) et le tertiaire non marchand (public), l'Insee anticipe respectivement des bonds de 77% et 66%.

Par taille, ce sont principalement les grandes entreprises qui pourraient enregistrer les plus fortes hausses (+101%). A l'opposé, les petites entreprises devraient moins subir (38%).

Prix des produits industriels : à quoi faut-il s'attendre au-delà de 2023 ?

L'évolution des prix des produits industriels au-delà de 2023 est à ce stade difficile à prévoir. « Il ne se passait pas grand-chose depuis 2016 sur l'évolution des prix des produits industriels depuis 2016 et on a vu apparaître une montagne à partir de janvier 2021 », a expliqué Nicolas Studer, chef de la division des prix à la production. « La reprise après le Covid et les problèmes d'approvisionnement ont commencé à faire grimper les prix, » a-t-il poursuivi.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie a ensuite propulsé les prix des produits industriels vers des sommets avant qu'ils ne redescendent au milieu de l'été. « C'est une situation nouvelle et inédite. Est-ce que cette situation inédite va devenir structurelle ? », s'interroge le statisticien.

Dans le détail, les prix de l'énergie ont commencé à marquer le pas, sans vraiment retrouver leur niveau d'avant crise sanitaire. C'est également le cas dans l'industrie chimique, le bois, le papier et carton ou encore les produits en caoutchouc ou les produits métallurgiques et métalliques. Surtout, les prix des produits de l'industrie alimentaire sont restés à des niveaux bien supérieurs à ceux d'avant 2019, sans véritablement commencer à s'infléchir.

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Une hausse de 16% pour les ménages

Du côté des ménages, l'organisme public a calculé que la hausse des factures d'électricité devrait être relativement limitée. D'après les réponses fournies par les fournisseurs d'énergie, cette augmentation devrait être de 16% en raison du bouclier tarifaire.

L'année dernière cette hausse était de 5%. « Les ménages bénéficient d'un marché davantage protégé que les clients professionnels, » soulignent les économistes dans l'étude. Il reste que les derniers chiffres d'inflation de janvier (6%) pourraient encore peser sur le porte-monnaie des Français. D'après les dernières enquêtes du service de statistiques du ministère du Travail, les revenus réels en euros constants, c'est-à-dire en prenant en compte l'inflation, ont chuté pour la plupart des catégories professionnelles au troisième trimestre 2022. Le salaire mensuel de base (SMB) a baissé respectivement de 1,3 %, 1,1 %, 2,9 % et 3,0 % sur un an pour chacune de ces catégories (ouvrier, employé, profession intermédiaire et cadre), soulignent les statisticiens.

Le non-recours aux aides, un enjeu crucial

Après les mesures du « quoi qu'il en coûte » à destination des entreprises, le gouvernement a décidé de mettre en oeuvre des mesures plus ciblées. Entre le guichet d'aide au paiement des factures de gaz et d'électricité, l'amortisseur électricité et le plafonnement pour les TPE, l'Etat a multiplié les mesures ces derniers mois pour tenter d'amortir le choc des prix de l'énergie sur l'activité des entreprises. « La vraie question est celle du non recours aux aides, » a déclaré Nicolas Studer. En effet, beaucoup de petits artisans et commerçants pourraient passer à travers ces filets de sécurité.

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