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Epigénétique : comment ce "guide de lecture" de l'ADN se transmet

Transmettons-nous plus que nos gènes à nos nouveau-nés ? Oui, et même sur plusieurs générations, répondent des chercheurs de l’université Santa Cruz (Etats-Unis). Dans des travaux réalisés sur le ver, ils ont démontré une "transmission transgénérationnelle" de caractéristiques épigénétiques, science des molécules régulatrices fixées sur l’ADN. Les conséquences de cette transmission épigénétique transgénérationnelle différaient en fonction du contexte dans lequel chaque cellule évoluait, d'après ces travaux publiés dans la revue PNAS.

L’épigénétique ou le guide de lecture de l’ADN 

La forme des yeux, une fragilité au niveau des tympans, une fossette, nombreux sont les exemples de caractéristiques que nous transmettons génétiquement d’une génération à une autre. Mais si l’on considère l’ADN comme un mode d’emploi auquel chaque cellule se réfère, toutes ses pages ne sont pas aussi lues que les autres. Tout comme le feraient des marques-pages ou des trombones, certaines séquences de l’ADN sont mises en évidence pour être plus lues (et produire plus d’une certaine protéine, par exemple) ou au contraire dissimulées entre deux autres pages (et réprimer certains gènes, par exemple). C’est ainsi que fonctionne l’épigénétique, avec diverses protéines et molécules en guise de trombones et marques-pages. Là où l’ADN est immuable, l’épigénétique en revanche diffère en fonction des tissus et organes et peut même évoluer au cours de la vie. "Les expériences, les événements, le stress, les traumatismes - comme les autres facteurs environnementaux - créent ainsi diverses étiquettes épigénétiques durant toute la vie de l’individu", nous expliquait en 2019 Isabelle Mansuy, directrice du laboratoire de neuro-épigénétique à l’Institut des neurosciences de l’université de Zurich (Suisse). 

Ces étiquettes épigénétiques, lorsqu’elles sont retrouvées aussi dans les gamètes (spermatozoïde ou ovule), peuvent être transmissibles à la génération suivante. Mais pour parler de véritable transmission transgénérationnelle, il faut qu’elles soient retrouvées au moins deux générations après, chez les petit-enfants de l’individu initial. Un résultat loin d’être évident, car lors de l’embryogenèse et du développement des cellules à l’origine des gamètes chez la progéniture, des événements de reprogrammation peuvent tout effacer.

Une hérédité épigénétique interprétée différemment selon les tissus du ver

Pourtant, c’est bien une transmission transgénérationnelle de marques épigénétiques que découvrent les chercheurs dans ces nouveaux travaux sur le ver Caenorhabditis elegans.