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Ernaux, Houellebecq, Condé : trois Français parmi les favoris pour le Prix Nobel de littérature

Avec la poétesse américaine Louise Glück en 2020, puis le romancier britannique d’origine tanzanienne Abdulrazak Gurnah en 2021, l’Académie suédoise chargée de décerner le plus célèbre des prix littéraires avait - coup sur coup - choisi d’éclairer des auteurs peu traduits et très peu connus, y compris des cercles de l’édition. « Je trouve que c’est désormais encore plus difficile de deviner (le nom du lauréat, NDLR) », admet la journaliste suédoise Lina Kalmteg en se remémorant « la surprise totale » de l’an passé. Voilà pourquoi, Björn Wiman, chef du service culturel du quotidien suédois « Dagens Nyheter », mise plutôt sur « un nom plus connu cette année ».

Longue crise

L’Académie Nobel se remet d’une longue crise, après un scandale sexuel en 2018 et l’attribution d’un Nobel controversé à l’écrivain autrichien Peter Handke aux positions pro-Milosevic l’année suivante.

« Maintenant, l’Académie est évidemment soucieuse de son image en ce qui concerne la diversité et la représentation des genres d’une tout autre façon qu’avant le scandale de 2017-2018 », explique Björn Wiman. « Beaucoup de nouvelles personnes l’ont intégrée avec d’autres perspectives, d’autres références », ajoute-t-il.

Critiquée pour son manque de diversité dans le choix de ses lauréats, elle s’était également dotée en 2020 d’un nouveau groupe externe d’experts en différentes zones linguistiques.

16 femmes lauréates depuis 1909

Après que les soubresauts de l’affaire Arnault l’ont contraint à décaler d’un an l’annonce du prix 2018, le cénacle suédois a sacré deux femmes, Louise Glück et Olga Tokarczuk, pour un seul homme. De bon augure pour l’Américaine Joyce Carol Oates, les Françaises Annie Ernaux et Maryse Condé, ou la Canadienne Margaret Atwood, considérées comme nobélisables ?

Depuis la création du prix, 16 femmes se sont vues décerner le prestigieux prix littéraire, la première étant l’écrivaine suédoise Selma Lagerlöf en 1909.

Souvent citée, la Russe Ludmila Oulitskaïa porterait aussi le message d’un prix anti-Poutine après l’invasion russe de l’Ukraine. « Cela ferait réagir », selon Björn Wiman, qui souligne à la fois l’opposition de l’autrice au Kremlin et le fait de mettre en avant la culture russe en plein contexte de guerre en Ukraine. « C’est ce genre de débat intellectuel complexe que l’on veut volontiers voir autour du Nobel », note-t-il.

Houellebecq favori des parieurs

Mais, pour l’heure, sur les sites de paris, c’est Michel Houellebecq qui fait figure de favori. Il y devance la poète canadienne Anne Carson ou encore Salman Rushdie, victime d’une tentative de meurtre en août. Il avait fallu attendre 2016 pour que l’Académie, longtemps soucieuse d’apparaître comme neutre, dénonce la fatwa visant l’auteur britannique des « Versets sataniques », au grand dam de plusieurs de ses membres.

Le nom d’autres habitués des spéculations circule, comme le Kényan Ngugi Wa Thiong’o, le Hongrois Laszlo Krasznahorkai ou encore les Américains Thomas Pynchon ou Don DeLillo. « Jusque-là, les romans américains post-modernes n’ont pas été récompensés », souligne Jonas Thente, critique littéraire à « Dagens Nyheter ».

Parmi les autres favoris, les Norvégiens Jon Fosse et Karl Ove Knausgaard pourraient faire revenir le Nobel dans son berceau scandinave, plus de dix ans après l’attribution du prix de littérature au Suédois Tomas Tranströmer.

Le cœur de Maria Hymna Ramnehill, critique littéraire pour le quotidien « Göteborgs-Posten », penche, lui, pour le Franco-Marocain Tahar Ben Jelloun ou la Croate Dubravka Ugresic. « Je trouve que tous deux ont, de façon différente, une littérature qui questionne ou examine les identités », conclut-elle.

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