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Escalade : pourquoi plusieurs falaises font-elles l'objet d'une récente interdiction de la pratique ?

Depuis le début de l'année, plusieurs sites naturels d'escalades font l'objet d'interdiction de la pratique. En cause, la fin d'une convention qui existait entre la Fédération française de la montagne et de l'escalade (FFME) et les propriétaires des sites naturels. Explications.

Depuis le 1er janvier, c'est la douche froide pour de nombreux grimpeurs. Plusieurs sites naturels ferment au public, l'escalade y devient interdite, alors même qu'elle y était parfois mondialement connue, c'est le cas par exemple d'une partie de la falaise de Presles en Isère, haut lieu de la pratique en France. 

Dans la région, une partie du site de la Clape, dans l'Aude est aussi concernée et dans le Sud au sens plus large, il faut faire une croix sur une partie des Goudes à Marseille ou encore sur la falaise d'Aureille dans les Alpilles. Au total, plus d'une vingtaine de sites sont concernés, et le mouvement désormais enclenché fait redouter l'effet boule de neige. 

Comment en est-on arrivé là ? Il faut remonter aux années 80. L'escalade sportive se démocratise, des falaises sont équipées dans de nombreux endroits en France et la FFME conventionnait ces sites, c'est-à-dire, endossait la responsabilité en cas d'accident alors que le lieu appartient soit à des particuliers soit à des collectivités. 

Évolution de la loi

Mais en 2010, un grave accident (lire plus bas), survenu dans les Pyrénées-Orientales, change la donne. En 2019, après de nombreux yoyos judiciaires, la FFME est condamnée à verser 1, 3 millions d'euros. "Sachant que la fédération conventionne environ 1 000 sites, ça faisait peser un risque important", constate Patrick Doumas, vice-président de la ligue Occitanie FFME et président du Comité territorial de l'Hérault. 

Conséquence, "la fédération a décidé de dénoncer toutes ses conventions, avec un ultimatum posé fin décembre 2022. Déconventionné, ça veut dire qu'on a demandé aux partenaires institutionnels ou privés, de prendre en charge la garde du site. Et ça, ça ne se fait pas du jour au lendemain, il y a des négociations, etc. L'échéance est passée et il y a quelques sites où l'accord n'a pas été trouvé", détaille Patrick Doumas. Et faute d'accord, le couperet de l'interdiction tombe.

De son côté, Françoise Rault-Doumax, présidente du comité départemental dans le Gard, se veut optimiste en vertu de l'évolution récente de la loi. Depuis février 2022 un article ajouté au code du sport stipule qu'un gardien de l'espace naturel dans lequel s'exerce un sport de nature "n'est pas responsable des dommages causés à un pratiquant, (...) lorsque ceux-ci résultent d'un risque normal et raisonnablement prévisible inhérent à la pratique sportive considérée".

Pour la présidente du CD30-FFME, "on essaye d'avoir un maximum de sécurité, mais il peut y avoir un petit problème, la loi nous couvre de ce côté-là". C'est là tout l'objet des négociations, ouvertes avec les gestionnaires des sites, depuis la dénonciation des conventions. Car l'escalade sur site naturel reste un sport à risque. Malgré tout le travail d'équipement, de purge et de surveillance des bénévoles et de la fédération, une chute de pierre ne peut pas être exclue. 

Des conflits entre propriétaires et fédération

"Dans le Gard, des sites ont été reconventionnés, ou d'autres sont en cours de convention", explique-t-elle. Par exemple, à Aubais, "l'interdiction devrait être levée très rapidement", promet-elle. De quoi donner espoir à ceux qui s'inquiètent de la série de fermeture ?

Alain Carrière, président national de la fédération assurait fin janvier à Grimper que la FFME "va se battre pour l’ensemble des sites d’escalade en France frappés par des mesures d’interdiction". Reste que les relations entre propriétaires des falaises et FFME ne sont pas au beau fixe partout. "Pour Presles, c'est particulier, car il y a un conflit entre le propriétaire et la fédération, qui prendra plus de temps", prédit Patrick Doumas. Il estime que dans la région, globalement "les collectivités ont bien pris en compte les enjeux qu'il y a derrière les sports de pleine nature et le soutiennent beaucoup". 

L'accident de Vingrau, un drame qui reste rare

Le 3 avril 2010, un grimpeur expériementé et sa compagne se trouvent sur le site d'escalade de Vingrau, dans les Pyrénées-Orientales. Lui part en tête, pour équiper une voie facile. Au bout de quelques mètres, un énorme bloc se décroche de la falaise, entrainant le grimpeur et atterrissant sur son assureuse, la frappant à la tête et au bras.

Après une chute de douze mètres et de nombreuses blessures, il mettra quatre ans à se remettre pleinement de l'accident. Sa compagne, après de nombreuses opérations, sera amputée de l'avant bras, raconte à Montagne Magazine la victime de l'accident, dix ans après les faits.