Esport - Valorant : le Champions Tour dans les starting-blocks

Un format qui change tout

Pour Valorant, l'heure est venue d'entrer dans une nouvelle ère. Ce lundi marque en effet le grand début pour le Champions Tour 2023, le tout nouveau circuit franchisé du jeu de tir de Riot Games, qui est censé propulser sa scène compétitive dans une nouvelle dimension, après des débuts prometteurs. Trente équipes ont été sélectionnées en septembre pour prendre part à cette ligue « semi-fermée », divisée en trois régions : Amérique, Pacifique et EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique).

Les dix clubs turcs et européens choisis par l'éditeur ont ainsi pris leurs quartiers à Berlin, où ils s'affronteront pendant plusieurs semaines dans le cadre de la saison régulière du segment de printemps. «Valorant est en train de reprendre le modèle de League of Legends (un jeu également édité par Riot Games), avec des matches en studio, ce qui permet de faire un show plus poussé que lorsque tout le monde est sagement à la maison, explique Renaud « WiPR » Malfait, créateur de contenus et commentateur sur le jeu. Ça assure aussi une intégrité compétitive, avec des joueurs évoluant au même endroit, avec le même ping. » Pour tous les joueurs, l'objectif sera de se qualifier pour les deux uniques rendez-vous intercontinentaux de l'année : les Masters (en juin à Tokyo), et surtout les Champions, l'équivalent des Mondiaux (en août à Los Angeles).

Fnatic et Na'Vi en favoris

Avant même le début du Champions Tour, les clubs ont pu se jauger lors du Lock-in, tournoi de pré-saison organisé en février à Saõ Paulo. Un premier rendez-vous au format punitif, remporté de façon convaincante par Fnatic, qui partira donc logiquement favori du circuit EMEA. « C'est une des équipes dont on connait le niveau et dont on sait qu'elles seront performantes, avec Na'Vi, qui a fait top 4 au Lock-in et était déjà très solide l'année dernière, analyse WiPR. Toutes les autres équipes n'ont que peu joué au Brésil et sont des points d'interrogation. C'est ce qui rend ce spring split intéressant : il va permettre d'avoir des réponses concrètes. »

La Karmine, un pari francophone

Au milieu de ces mastodontes européens, un club a fait le pari du quintet 100% francophone : la très populaire Karmine Corp, qui a construit son effectif autour des frères belges Adil « ScreaM » et Nabil « Nivera » Benrlitom et de trois Français. Un pari audacieux, qui n'en fait pas la favorite des pronostics. « Au Lock-in, je trouve qu'ils ont répondu présents stratégiquement, ils sont tombés de peu face à LOUD, futur finaliste, relativise WiPR. J'avais peur qu'il y ait des problèmes de rôles, avec des joueurs capables d'assumer des rôles très similaires. Finalement, on y voit un peu plus clair et on se dit que ça peut fonctionner. Ils sont assez sous-estimés par tout le monde et ça peut jouer en leur faveur, je les vois dans le milieu de tableau. »

Vitality avance caché

Une autre structure tricolore fait partie des dix engagés dans le VCT européen : Vitality. Sans francophones, les Abeilles ont construit un quintet intrigant autour de leur capitaine finlandais Santeri « BONECOLD » Sassi, champion du monde en 2021. « Ils ont eu un Lock-in correct, en perdant au deuxième tour contre Leviatan (Chili), un gros morceau, constate WiPR. Je les vois en milieu de tableau, ils ont un effectif solide, habitué au haut niveau de compétition, qui peut bousculer les meilleurs. » Les fans français auront aussi à l'oeil la Team Heretics, où Wassim « keloqz » Cista évoluera en tant que duelliste.

Une interrogation sur les audiences

Avec ce nouveau format, qui se contente de deux rendez-vous internationaux majeurs, Riot Games prend le risque de raréfier ses temps forts pour offrir plus de stabilité à ses équipes partenaires. En espérant que les audiences suivent malgré tout. « Les équipes qui sont partenaires n'ont pas été choisies par hasard : elles ont soit une grosse fanbase, soit des influenceurs qui les soutiennent, relève WiPR. Pour moi, c'est sûr que le viewership va être en hausse par rapport à l'année dernière, mais il faudra surveiller la moyenne plus que les pics. » Ces derniers s'annoncent élevés, notamment lors des chocs entre la Karmine Corp et KOI, qui devraient étendre à Valorant la rivalité franco-espagnole dans l'esport.