Essai Sortir la philosophie de l’université sans renoncer à la rigueur de la pensée

Les Derniers Maîtres. Paroles vivantes de philosophes, de Gabriel Perez, éditions de l’Atelier, 336 pages, 21 euros

Cet ouvrage polyphonique, bourré de contradictions, trouve sa cohérence dans l’éloge d’une certaine pratique de la philosophie, différente de son enseignement académique. Sortir de l’université sans renoncer à la rigueur de la pensée, en y ajoutant la nécessité éthique de s’adresser à des sujets pensants, telle est la loi nouvelle de l’Institut d’études lévinassiennes, selon Gabriel Perez. Ayant suivi les cours de Benny Lévy, nous pouvons témoigner que l’ancien secrétaire de Sartre et ex-mao, fondateur de l’Institut, pratiquait la maïeutique socratique (l’art d’accoucher les idées), en l’appliquant au commentaire linéaire des textes de Platon selon l’autre méthode antique, celle de l’herméneutique juive (interprétation biblique). L’Ancien Testament-Platon-Lévinas-Sartre-la Révolution : les jeunes et moins jeunes animateurs de l’Institut se réclament de ce cocktail explosif. On peut déplorer cependant le manque de précisions sur l’éloignement des deux autres cofondateurs, Alain Finkielkraut et Bernard-Henri Lévy. Le sens de l’« exigence morale » d’un « retour au politique » qui « s’impose aux philosophes » y aurait gagné en clarté.