France
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Et au fait, que ferait Zohra Bitan si elle était à la place d’Emmanuel Macron ?

Liliane Messika publie « Zohra Bitan. Une Grande Gueule made in France » aux Editions Jean-Cyrille Godefroy.

© DR / Jean-Cyrille Godefroy éditions / RMC

Bonnes feuilles

Liliane Messika publie « Zohra Bitan. Une Grande Gueule made in France » aux Editions Jean-Cyrille Godefroy. Zohra Bitan donne des leçons d’authenticité aux politiques. Sa liberté ne s’arrête pas où commence la susceptibilité des autres. Cette biographie est émouvante, décapante, enthousiasmante, sans tiédeur ni langue de bois, comme l’héroïne elle-même. Extrait 2/2.

Liliane Messika est essayiste, conférencière, traductrice et romancière.

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22 juin 2022. Zohra attend avec impatience que le Président s’exprime, après ses deux jours avec les représentants des nouveaux groupes politiques pour « échanger dans l’intérêt supérieur de la nation et bâtir des solutions au service des Français. »

L’intérêt supérieur de la nation, il est temps qu’il s’en préoccupe, comme de redonner de la grandeur à la France, en rappelant à ses habitants tout ce dont ils peuvent être fiers, à commencer par leur histoire. Comprendra-t-il combien il est important d’offrir aux enfants de quoi l’aimer au lieu de « déconstruire le roman national » selon la doxa actuelle, qui le considère comme une fiction pornographique dont on doit purger les esprits ?

La politique, estime-t-elle, c’est un contrat qu’on signe avec la France, ce n’est pas un mandat qu’on reçoit d’en haut. Il y a trop de politiques dont on a l’impression qu’une fois élus, ils sont arrivés. C’est l’inverse ! Les 577 députés élus depuis deux jours sont sur la ligne de départ.

Si elle était à la place du Président, Zohra proposerait un « New Deal », comme Franklin Roosevelt au lendemain de la crise économique de 1929 : une redistribution des cartes, un nouveau contrat social assorti d’un vote de confiance. Si la réponse est positive, que les députés votent en leur âme et conscience les actions à entreprendre et que le gouvernement les mette en œuvre.

Le pouvoir d’achat n’est pas une donnée météorologique, c’est le résultat de décisions économiques. Notre pays est désindustrialisé, les salaires sont trop bas et on a éduqué des générations entières à l’assistanat. C’est un échec patent.

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Zohra veut donc faire l’inverse : remplacer la culture de dépendance à l’État par une culture de la responsabilité, réindustrialiser, augmenter les salaires et redonner sa dignité au travail. Sans être partisane des « yaka » et des « faukon », elle considère cependant que la gageure est possible à gagner, à condition de remplacer le bâton par la carotte : diminuer les charges et les impôts au maximum pour augmenter les salaires et les bénéfices.

Il est indispensable de dire la vérité aux Français : pour pouvoir distribuer de la richesse, il faut d’abord la créer. Et donc tout remettre à plat : les recettes et les dépenses.

Un seul objectif, servir la France et les Français.

Une grande richesse : tous les gens brillants qui sont prêts à s’engager pour relever le défi.

Un seul contrat : un pacte de confiance à passer avec la nation, qui est une et indivisible. Il n’y a pas et ne doit pas y avoir de « peuple de gauche », pas de « communautés », pas de corporatismes, pas de chapelles. UN peuple.

En écoutant le bref message enregistré par le Président, Zohra s’est décomposée : il n’a pas parlé aux Français. Il a juste essayé de rejeter ses futurs échecs sur les seuls qu’il considère dignes de son intérêt : les dirigeants des partis dépassés, dont les appareils vermoulus sont gangrenés d’ego.

Dopée à la tristesse, Zohra s’est faite tigresse :

« Il n’a rien compris ! Il est détesté et on peut dire qu’il a organisé cette détestation en n’aimant ni la France ni les Français et en le leur montrant ouvertement. Les Français ont besoin qu’on les aime. C’est pour cela que Chirac, qui a fait moins de réformes que Macron, a conservé la sympathie du peuple, alors que le vieux jeune président au costume trop grand pour lui a concentré toutes les frustrations et toute l’agressivité de ceux dont il n’a pas tenu compte.

Les Français ont besoin qu’on les aime parce que c’est dans l’amour que se noue la confiance, pas dans les tactiques et les stratégies d’appareil.

Le Président réélu leur a craché à la figure : “il n’y a pas de culture française”, “la colonisation a été un crime contre l’humanité”… Moi dont les parents viennent d’Algérie, je peux lui répondre que toutes les infrastructures qui y existent encore aujourd’hui, ce sont les Français qui les ont construites : les routes, les écoles, les ponts, les hôpitaux…

Les Français ont besoin de baume au cœur, il met du sel sur leurs plaies à vif !

Il aurait dû leur dire : “On va passer d’un monde à l’autre ensemble. La mondialisation, c’est très dur, ce qui s’est passé au siècle dernier a été violent, mais nous allons avancer ensemble, en nous tenant par la main.”

Je ne suis pas une macroniste et d’ailleurs j’ai horreur du fanatisme en politique, mais j’aime la France plus que je ne pourrais le détester. Pour la France, je suis prête à l’aimer à nouveau. Et je suis sûre que la grande majorité des Français n’attend que ça. À ceux qui n’y sont pas prêts, je demande : “voulez-vous avoir raison ou préférez-vous perdre la face et gagner une vie meilleure pour vous, pour vos enfants, pour votre patrie ?”

S’il veut passer un contrat avec les Français, avec les citoyens, pas avec les partis et les appareils, avec les hommes et les femmes, on peut y arriver. »

Zohra veut sauver le soldat France du marasme dans lequel il est englué et des dangers qui sont embusqués derrière les intérêts communautaires, sectoriels ou boutiquiers.

À ses yeux, le danger qui alimente l’extrême droite vient de l’extrême gauche, avec son importation d’idéologies qui n’ont rien à voir avec la réalité française : wokisme, indigénisme, racialisme. Cette quérulence a pourri toute une génération en remplaçant l’intérêt général par les privilèges particuliers. La gauche extrême est devenue une secte mesquine, jalouse et vengeresse, convaincue de la supériorité de la force sur la politique. Mais vaincre la politique par la force, cela porte un nom : fascisme.

Pourtant, fait-on remarquer à Zohra, le front républicain, c’est contre le danger Marine Le Pen, qu’il se déclenche, pas contre l’extrême gauche !

Le Rassemblement national, qui est tout sauf sa tasse de thé, ne représente pas un danger, estime-t-elle. Il joue le jeu de la démocratie et même si on est en désaccord sur ses idées et sur son programme, on ne peut nier son patriotisme. Entière dans son amour de la France, Zohra est toujours nuancée dans sa pensée. Elle reconnaît le patriotisme, mais celui du RN est teinté d’un tri, donc d’un rejet, qu’elle estime indigne au pays des Lumières.

Le danger est plus grand chez ceux qui aiment moins la France que leur propre clan ou qui ne l’aiment pas du tout, ceux qui veulent la remplacer par un monde stalinien, un monde vénézuélien, un monde immonde.

« Face à ce danger, la détestation de Macron ne fait pas le poids. Mais il faut que nous, les 70 % de Français hors parti, hors aveuglement ou séduction par l’idéologie de la haine, nous fassions prendre conscience au Président qu’on ne peut pas continuer à s’opposer, RSA contre smicards, pseudo-racisés de naissance contre pseudo-privilégiés d’épiderme, immigrés d’hier contre ceux d’avant-hier… Il faut faire cause commune.

Macron ne voit que l’urgence climat. Mais il y a aussi l’urgence cohésion nationale, l’urgence pauvreté, l’urgence éducation, l’urgence hôpital !

Ce n’est pas dans les boutiques des partis où l’on vend de l’ego dans tous les rayons qu’il trouvera de la ressource pour traiter ces enjeux majeurs.

Il doit changer de braquet et d’abord changer de métier, car comme tacticien, il a été nul : pour son premier quinquennat, il nous avait vendu la disparition du RN et la fin de la pauvreté. On voit le résultat. Il faut qu’il fasse son mea culpa et qu’il devienne le tailleur qui recoud le tissu social déchiré et brode les lignes de l’avenir. Pour cela, il doit se réhabiliter, inspirer de l’amour, parce que sans amour, il n’y a pas de confiance. Sinon, il sera comptable de l’arrivée du RN en 2027. »

L’amour ! On n’a jamais vu un politicien parler d’amour, ou alors sur son scooter à 5 heures du matin, avec les croissants.

Mais Zohra y croit.

Elle est montée sur ses grands chevaux : Jeanne d’Arc du troisième millénaire, partant au combat, armée de sa seule fougue, de sa seule foi en la France, qui soulève des montagnes, qui entraîne l’enthousiasme des manants. Elle est « ci venue de par Dieu le roi du Ciel, corps pour corps, pour bouter l’idéologie néfaste hors de toute France » et qu’importe si dans son intimité, elle appelle le dieu du ciel Allah, Yahvé ou Big Bang !

Fast forward, six siècles : comment transformer le Puceau d’Amiens en patriote passionné et de là, en libérateur ? Zohra aurait-elle une méthode à lui proposer ?

« Un contrat d’union nationale. Pas avec les partis, un pacte avec les gens. Comme De Gaulle en 1958. Il faut qu’il s’adresse à NOUS. Qu’il nous dise : “Pendant ces cinq ans, je n’ai pas atteint mes objectifs. Pire, j’ai échoué, je vous ai divisés, sans trouver de remède à vos maux quotidiens. Je suis encore Président pour cinq ans et l’avenir de notre pays est plus important que toutes nos chamailleries. Moi, dans cinq ans, je quitte l’Élysée, mais vous, vous serez toujours là, la France sera toujours là. Êtes-vous d’accord pour qu’on recommence à partir de zéro, ensemble ?”

Si le Président propose de reconstruire la paix sociale, de réhabiliter la laïcité, de rendre à l’Éducation nationale son rôle d’instruire au lieu d’enseigner des idéologies, de ramener la sécurité pour tous partout sur le territoire, les citoyens ne refuseront pas sa main tendue. Les citoyens, pas les partis. Et par ce pacte, nous, Français, nous deviendrons, nous aussi, responsables de ce qui adviendra. 89 députés RN montrent l’attachement des Français à la patrie. »

Comment cela se traduira-t-il, d’après elle ?

Elle estime que la démocratie est réparable : il peut émerger de ce deuxième quinquennat une social-démocratie, comme au Portugal, comme en Allemagne. Zohra préfère s’inscrire dans l’avenir et la laïcité que dans la radicalité. Et elle souhaite que Macron fasse réellement ce qu’il avait promis lors de sa première campagne électorale : qu’il fasse appel, pour gouverner, à des citoyens, à de « vrais gens », qui savent ce que travailler veut dire et qui connaissent le monde de l’entreprise.

Il n’est pas question de lui donner un blanc-seing pour cinq ans : il est comptable des actions de son gouvernement et de chaque centime que celui-ci dépense. Il doit donc en rendre compte et faire chaque année une présentation publique du budget. En français, pas en Bercy dans le texte. Pédagogie. Transparence. Expliquer les choix par la politique : s’il a décidé d’ajouter x % à l’Éducation nationale et que les lycées ou les universités n’ont pas vu de changement, il peut expliquer pourquoi il a privilégié les maternelles ou les primaires. Il y aura toujours des mécontents, des insatisfaits, mais personne n’aura l’impression qu’il y a des magouilles, du copinage ou des malversations.

Pacte commun, cela veut dire règles communes pour tous : les citoyens lambda comme la bourgeoisie d’État.

Construire les fondations d’une société en bonne santé sur des valeurs actées dans les faits et dans la mesure des résultats, ça passe par la réhabilitation de la dépense publique.

Et si le Président demeure sourd aux appels à la raison et à l’amour ?

« Alors dans cinq ans, je me présenterai et je proposerai ce pacte au peuple de France. »

Ce n’est pas une menace, c’est une promesse.

Extrait du livre de Liliane Messika, « Zohra Bitan. Une Grande Gueule made in France », publié aux Editions Jean-Cyrille Godefroy

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