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Et pourtant, Bachar al-Assad est toujours là

Pendant près de dix ans, Bachar al-Assad a fait la une des médias pour les atrocités qu’il commettait contre son propre peuple. On garde tous en mémoire ce soulèvement populaire de 2011 réprimé dans le sang ; ces bombes-barils larguées sur des villages par hélicoptère, remplies d’essence et de ferraille pour brûler et déchiqueter de façon indiscriminée hommes, femmes et enfants ; le massacre de la Ghouta qui avait fait des centaines de morts dans la banlieue de Damas, essentiellement des civils, à l’aide d’armes chimiques ; ou encore ces chambres de torture dont les photos monstrueuses ont fait le tour du monde. Personne ne pouvait imaginer alors que le «boucher de Damas» comme le président syrien avait été surnommé parviendrait à se maintenir au pouvoir.

Et pourtant, il est toujours là. En toute discrétion. La fin de la guerre contre Daech, le confinement mondial puis la guerre en Ukraine ont renvoyé la Syrie à l’arrière-plan de l’actualité. On ne parle plus de Damas ni de son boucher, protégé par les deux parias du moment… la Russie et l’Iran. C’est pourquoi Libération a voulu y regarder de plus près. Comprendre comment les Syriens étaient parvenus à surmonter cette décennie noire. Et comment Bachar al-Assad pouvait encore avoir la moindre légitimité auprès de son peuple, et de la communauté internationale. Il faut croire qu’«il n’y a de la veine que pour la canaille», comme disait Courteline.

Car Bachar al-Assad va bien, merci, contrairement à son peuple qui crève de faim, comme le montre notre reportage dans les rues de Damas. Non seulement il va bien, lui et ses affidés, enrichis par un trafic de drogue qui marche du feu de Dieu, mais il semble retrouver les faveurs de certains pays qui se verraient bien profiter de la manne de l’immense chantier de reconstruction de la Syrie, ou qui y sont poussés pour des raisons électoralistes. A l’image du président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui n’hésitait pas à affirmer cet été que «la rancune et le ressentiment n’existent pas en politique». Pour l’heure, la France tient bon, refusant d’entendre parler de ce narco-dictateur. Cela mérite d’être salué.