France
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États-Unis : en Louisiane, Emmanuel Macron en champion du français

C’est le plus français des États américains. Nommée en l’honneur de Louis XIV, la Louisiane accueille Emmanuel Macron, vendredi 2 décembre, au terme de sa visite d’État. À La Nouvelle-Orléans, ville fondée par des colons français en 1718, il lancera un fonds baptisé French for all (« le français pour tous ») destiné à soutenir l’apprentissage de la langue de Molière, de la maternelle à l’université, dans tous les États-Unis.

L’accent sera mis sur les populations défavorisées, pour qui le français peut agir comme « un multiplicateur d’opportunités », comme l’a noté le chef de l’État dans un discours, mercredi, à Washington.

«Peu d'endroits disposent d’un tel outil. La Chine et le Qatar ont des initiatives de financement. Les Espagnols, les Allemands et les Italiens sont aussi très engagés… Ce nouveau fonds sera un moteur pour stimuler le bilinguisme », observe Fabrice Jaumont, attaché éducatif aux services culturels de l’ambassade de France et auteur de l’ouvrage French All Around Us sur la francophonie états-unienne.

Une histoire tortueuse

Depuis l’arrivée des premiers colons au XVIe siècle, l’histoire du français en Amérique du Nord a été pour le moins tortueuse. Elle est marquée à la fois par l’arrivée de vagues d’immigrés francophones (Français, Québécois, Africains…) qui ont promu la langue et des pressions assimilationnistes qui les ont poussés à y renoncer.

Cependant, d’après Fabrice Jaumont, le bilinguisme a le vent en poupe aujourd'hui. Parmi les raisons : la prise de conscience des Américains autour de ses bienfaits économiques et cognitifs. En marge des « lycées français » privés, des formules abordables voire gratuites d’enseignement bilingue ont vu le jour dans les écoles publiques américaines : cours « après l’école », promotion des langues d’héritage…

Quelque 180 programmes d’immersion bilingue, où des jeunes anglophones et francophones rassemblés dans une même classe suivent le programme scolaire dans les deux langues, ont aussi fait leur apparition dans le primaire et le secondaire public, parfois à la suite de la mobilisation de parents. Ils réunissent aujourd’hui 30 000 élèves (+ 28 % sur les cinq dernières années).

Dans certains cas, l’impulsion est politique. Ainsi, l’Utah, État enclavé de l’Ouest, a adopté en 2008 une loi visant à développer des filières bilingues (français, espagnol, mandarin…) dans ses écoles. Objectif : former une main-d'œuvre multilingue et attirer les entreprises internationales.

Le français, « une énergie renouvelable » à exploiter

Plus que d’autres territoires avec une présence francophone ancienne, comme le Maine, la Louisiane incarne les vicissitudes du français en terre américaine. Après l’avoir interdit à l’école en 1921, elle fait volte face en 1968, sur fond de mouvement des droits civiques, en se dotant d’une agence, le CODOFIL, dédiée à son développement en milieu scolaire et au-delà. L'entité gère aujourd’hui vingt-six programmes d’immersion français dans tout l’État.

En juin dernier, le gouverneur John Bel Edward a signé une loi établissant une école d’immersion pour la tribu amérindienne Pointe-au-Chien, qui se battait pour préserver son dialecte hérité de la Louisiane française.

Pour Joseph Dunn, les pouvoirs publics pourraient faire davantage. La plantation Laura, où travaille ce professionnel du tourisme, est l’un des seuls sites touristiques en Louisiane à proposer des visites en français, mais les guides francophones sont durs à trouver. «Élus et médias ne parlent pas de cette langue comme d’un outil économique et social. Elle serait vue comme plus utile si le grand public comprenait qu'elle pouvait servir à trouver un travail ou faire de l'argent. Nous sommes aux États-Unis !, dit-il. Le françaisest associé à l'art, la bouffe, mais c'est aussi une énergie renouvelable qui n'est pas du tout exploitée.» Il compte sur Emmanuel Macron pour faire passer le message.