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Face à l’inflation, le Portugal instaure une TVA à «taux zéro» sur les biens de première nécessité

De gauche et… de gauche. Face à l’inflation, le gouvernement portugais a annoncé de nouvelles mesures pour aider les ménages. Parmi elles : l’application d’une TVA à «taux zéro» sur un ensemble de biens alimentaires de première nécessité. «Nous souhaitons que cette mesure se traduise par une réduction» et «une stabilité des prix», a indiqué vendredi le ministre des Finances, Fernando Medina, en précisant que des négociations en cours avec les secteurs de la production et de la distribution alimentaires devraient se conclure la semaine prochaine. Une décision différente de celle du gouvernement français, Bercy ayant préféré laisser grands industriels et grande distribution négocier entre eux les prix et lancer leurs propres opérations commerciales.

Le journal Público rappelle que «le gouvernement portugais (avait) dans un premier temps rejeté l’idée». «Des économistes et politologues soulignent que le changement de position du gouvernement résulte d’une pression publique et politique», ajoute le quotidien de gauche. Si le secrétaire général du Parti communiste portugais, Paulo Raimundo, concède de son côté que cette décision est «apparemment positive», il reste circonspect. Pour lui, la réduction de la taxe sur les produits pétroliers dans le pays «ne s’est pas traduite dans ce que chacun a payé» et, en Espagne, la réduction de la TVA «ne s’est pas non plus traduite par une réduction des prix des produits de première nécessité».

L’exécutif socialiste a également décidé d’augmenter les aides sociales aux familles les plus modestes, à hauteur de 30 euros mensuels et une aide de 15 euros par enfant. Cette mesure, qui concernera plus d’un million de familles, commencera à être versée à partir du mois d’avril, a précisé la ministre du Travail Ana Mendes Godinho. Ces dispositions comprennent également une hausse «extraordinaire» de 1 % des salaires des quelque 740 000 fonctionnaires, ainsi qu’une hausse de leur prime repas.

Si José Abraão, secrétaire de la Fédération des syndicats de l’administration publique (Fesap), valide les corrections annoncées, il ajoute que, lors de la réunion de mercredi prochain avec le gouvernement, il exigera qu’elles soient rétroactives au 1er janvier. «Nous exigerons que le principe de neutralité fiscale soit garanti, afin que l’augmentation brute des salaires corresponde, pour tous les travailleurs, à une augmentation nette», a-t-il ajouté.

Inflation qui ralentit et déficit en chute libre

Selon Público, les deux mesures coûteront 304 millions d’euros : 118 millions pour l’augmentation de la subvention repas et 186 millions pour la hausse de 1 % des salaires des fonctionnaires. Le gouvernement financera ces mesures grâce à la marge budgétaire dégagée l’an dernier, avec un déficit public qui s’est réduit à 0,4 % du PIB alors que l’objectif initial était de le ramener à 1,9 %, après un déséquilibre de 2,9 % en 2021. «Les comptes en ordre nous permettent de prendre des mesures en faveur des familles», avec une enveloppe d’aides supplémentaires chiffrée à 2,5 milliards d’euros, s’est félicité le ministre des Finances.

L’inflation dans le pays a commencé à ralentir depuis qu’elle a atteint 10,1 % en octobre dernier, son plus haut niveau en 30 ans. Etablie à 7,8 % sur l’ensemble de l’année dernière, la hausse des prix devrait se limiter cette année à 4 % selon le gouvernement, ou à 5,8 % d’après la Banque du Portugal.

Cette annonce intervient une semaine après que le gouvernement espagnol a, lui, décidé de faire participer les hauts revenus au financement des retraites. Par le biais d’un décret sa réforme des retraites, cette réforme, exigée par Bruxelles en échange des fonds du plan de relance européen, prévoit d’accroître l’assiette de cotisation - c’est-à-dire la part du salaire sur laquelle les employés cotisent - pour mettre davantage à contribution les revenus les plus élevés. Elle entérine par ailleurs une hausse de la contribution, en particulier des employeurs, au «mécanisme d’équité intergénérationnelle», qui alimente un «fonds de réserve» créé pour faire face aux tensions attendues lorsque la génération du «baby boom» des années 60-70 arrivera à l’âge de la retraite. Et si l’âge de départ à la retraite doit passer à 67 ans en 2027, la durée de cotisation minimum est de 37,5 annuités, contrairement à bientôt 43 en France.

Le texte annoncé la semaine dernière par Madrid, qui a reçu l’aval des deux principaux syndicats espagnols (UGT et CCOO), mais pas du patronat. Là aussi, la différence avec le gouvernement est sensible : de notre côté des Pyrénées, la réforme des retraites est soutenue par le patronat et fustigé par tous les syndicats.