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Face aux manifestations, la présidente du Pérou met la pression sur le Parlement

La présidente du Pérou Dina Boluarte a réclamé une nouvelle fois dimanche soir au Parlement péruvien des élections anticipées, alors que la mobilisation dans la rue ne faiblit pas.

La présidente du Pérou Dina Boluarte a mis la pression dimanche 29 janvier sur le Parlement, l'exhortant à approuver des élections anticipées alors que la tension est montée d'un cran samedi avec un premier mort à Lima lors de manifestations.

"Mesdames et Messieurs du Parlement, vous devez comprendre votre responsabilité historique. Demain (lundi) vous avez l'occasion de gagner la confiance du pays en répondant à cette demande tant attendue du peuple péruvien", a déclaré Dina Boluarte, lors d'un message télévisé à la nation dimanche soir. "Votez pour le Pérou en faveur du pays en avançant les élections à 2023 et disons à tout le Pérou avec la plus grande responsabilité que nous partons tous", a-t-elle lancé.

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Le Parlement devait réexaminer lundi en matinée (10 h locale, 15 h GMT) un projet de loi destiné à avancer les élections à octobre 2023.

Samedi, la proposition d’élections anticipées présentée par le député pro-Fujimori Hernando Guerra Garcia, du parti de droite Fuerza Popular (FP), avait été rejetée par 65 voix contre 45. La gauche avait alors insisté pour introduire un amendement prévoyant un référendum sur une Assemblée constituante, contribuant à l'échec du projet de loi. 

La présidente a indiqué qu'en cas de vote négatif, elle-même présenterait deux projets de loi : un nouveau projet pour avancer le scrutin à octobre et un autre prévoyant que le futur Parlement prépare une réforme de la Constitution.

"Les mobilisations vont continuer"

Ce débat politique intervient alors que pour la première fois à Lima, une personne est morte lors de manifestations qui ont dégénéré en violences. Victor Santisteban, 55 ans, est décédé d'une fracture du crâne. "Nous voulons que justice soit faite", a déclaré à la presse Elizabeth Santisteban, sœur du défunt.  Cela porte à 48 le nombre de victimes depuis le 7 décembre. 

Selon le Bureau du Médiateur, sept personnes sont toujours hospitalisées après les manifestations à Lima, dont une dans un état grave. De même source, 28 policiers ont été blessés lors de ces affrontements. 

"Les mobilisations vont continuer parce qu'il n'y a aucun signe que l'exécutif (Dina Boluarte) va démissionner", a déclaré à l'AFP le dirigeant de la Confédération générale des travailleurs du Pérou (CGTP), Geronimo Lopez, qui a appelé à une marche nationale mardi après-midi sous le slogan "Dina démissionne maintenant".  "Concrètement, le peuple dit qu'il ne cessera pas sa lutte si elle ne démissionne pas", ajoute le syndicaliste alors qu'aucune sortie de crise ne se profile à l'horizon.

Les manifestants demandent la démission de la présidente Dina Boluarte, la dissolution du Parlement et une Assemblée constituante.

"Ils jouent avec le feu"

Les troubles ont débuté le 7 décembre après la destitution et l'arrestation du président de gauche Pedro Castillo, accusé d'avoir tenté un coup d'État en voulant dissoudre le Parlement qui s'apprêtait à le chasser du pouvoir.  La crise est aussi le reflet de l'énorme fossé entre la capitale et les provinces pauvres qui soutenaient le président Castillo, d'origine amérindienne, et voyaient son élection comme une revanche sur ce qu'ils ressentent comme le mépris de Lima. 

>> À lire aussi : crise au Pérou : le "pays est ingouvernable depuis des années"

La semaine dernière, Dina Boluarte avait déclaré à la presse étrangère que les groupes à l'origine des manifestations violentes "cherchaient à faire un mort à Lima".  "On dit qu'un mort à Lima en vaut cent dans la province", avait-elle déploré. 

Avant son intervention télévisée, Dina Boluarte avait dans une interview au journal Trome "regretté" que le Parlement ne soit pas parvenu à un accord, "je les exhorte à faire passer les intérêts du pays avant les intérêts des partis".

"La vérité c'est qu'ils (les députés) jouent avec le feu. Leur vision est un déni total de la réalité. Ils aimeraient rester jusqu'en 2026 (fin de leur mandat)", estime l'analyste Giovanna Peñaflor d'Imasen, un cabinet de recherche sociologique et politique. "La situation va s'aggraver. Aujourd'hui, nous avons un nombre important de décès liés à la politique et cela ne peut pas continuer ainsi", a-t-elle déclaré. 

Selon une enquête de l'Institut d'études péruviennes (IEP), 73 % des Péruviens réclament des élections cette année. Et 89 % désapprouvent l'attitude du Parlement, discrédité dans l'opinion depuis des mois déjà.

Avec AFP