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Faire des cauchemars à 40 ans : un signe avant-coureur de démence ?

CARNET DE SANTÉ. Selon une récente étude, les adultes qui font régulièrement des cauchemars sont quatre fois plus susceptibles de connaître un déclin cognitif.

Par Johanna Amselem
L'equipe a examine les donnees d'une cohorte portant sur des hommes et des femmes ages de 35 a 64 ans.
L'équipe a examiné les données d’une cohorte portant sur des hommes et des femmes âgés de 35 à 64 ans. © ANTOINE ARRAOU / AltoPress / PhotoAlto via AFP
Publié le 27/09/2022 à 12h00

Dans le monde, 50 millions de personnes sont atteintes de démence, et chaque année, près de 10 millions de nouveaux cas apparaissent, selon les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La démence est un lent et progressif déclin cognitif. Le plus souvent, il se manifeste par une perte de mémoire, des troubles du langage et des modifications de certains traits de la personnalité.

De récentes études s'intéressent à la présence de certains signes précurseurs de la démence. Selon une recherche menée par des chercheurs de l'Université de Birmingham (Angleterre), la survenue de cauchemars à l'âge de 40-50 ans pourrait être un signe avant-coureur de la démence. « Une fréquence plus élevée de rêves pénibles était positivement associée à un risque plus élevé de déclin cognitif chez les adultes d'âge moyen et à un risque plus élevé d'incident chez les personnes âgées », résument les chercheurs dans leur étude. Ces conclusions ont été publiées dans la revue The Lancet, eClinicalMedicine.

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Un moyen d'identifier les personnes à risque

En effet, ceux qui font souvent de mauvais rêves sont plus à risque de recevoir un diagnostic de démence plus tard. Cette étude conclut que les cauchemars fréquents peuvent s'installer plusieurs années avant que les autres signes caractéristiques de la démence s'installent. « Nous avons démontré pour la première fois que des rêves pénibles, ou des cauchemars, peuvent être liés au risque de démence et au déclin cognitif chez les adultes en bonne santé dans la population générale », souligne le Dr Abidemi Otaiku, du Centre for Human Brain Health de l'université de Birmingham.

Avant de compléter : « C'est important parce qu'il y a très peu d'indicateurs de risque de démence qui peuvent être identifiés dès l'âge mûr. Bien que davantage de travail soit nécessaire pour confirmer ces liens, nous pensons que les mauvais rêves pourraient être un moyen utile d'identifier les personnes à haut risque de développer une démence et de mettre en place des stratégies pour ralentir l'apparition de la maladie. »

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Un risque multiplié par 4

Pour parvenir à cette conclusion, l'équipe a examiné les données d'une cohorte portant sur des hommes et des femmes âgés de 35 à 64 ans et d'une autre comprenant des participants âgés de plus de 79 ans. Au début de l'analyse, aucun participant ne souffrait de démence, tous ont été suivis entre cinq et neuf ans. Les données ont été analysées grâce à un logiciel statistique afin de déterminer si les participants qui déclaraient le plus de cauchemars étaient plus susceptibles de connaître un déclin cognitif.

Résultats ? Les chercheurs ont constaté que les personnes du premier groupe – celles qui étaient âgées de 35 à 64 ans – qui faisaient régulièrement (deux fois par semaine) des mauvais rêves étaient quatre fois plus susceptibles de connaître un déclin cognitif. « Dans la cohorte d'adultes plus âgés, 235 participants (9 %) ont reçu un diagnostic de démence clinique au cours de la période de suivi de sept ans. Une fréquence plus élevée de rêves pénibles était associée de manière linéaire et statistiquement significative à un risque plus élevé de développer une démence. Par rapport aux participants qui ont déclaré n'avoir eu aucun rêve perturbant au départ, ceux qui ont déclaré avoir des rêves perturbants hebdomadaires avaient un risque 2,2 fois plus élevé de développer une démence », complète l'étude sur l'autre panel.

Ralentir le déclin cognitif

Un lien davantage établi pour les hommes que pour les femmes. « Dans les analyses secondaires stratifiées selon le sexe, les associations entre la fréquence des rêves pénibles, le déclin cognitif et la démence incidente étaient statistiquement significatives chez les hommes, mais non significatives chez les femmes », notent les chercheurs.

Ces derniers n'affirment pas que les cauchemars causent la démence, ils émettent une hypothèse, celle que les mauvais rêves puissent être aussi la conséquence d'une neurodégénérescence plus avancée du lobe frontal droit. De précédentes études concernant la maladie d'Alzheimer ont démontré que le traitement pharmacologique de première intention des cauchemars aidait à prévenir le déclin de la mémoire. Pour les chercheurs, le traitement des mauvais rêves pourrait donc permettre de ralentir le déclin cognitif et prévenir l'apparition de certains troubles cognitifs. D'autres études sont nécessaires pour déterminer si certaines caractéristiques des rêves peuvent représenter un intérêt pour anticiper un risque de démence.

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