France
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Familles sans abri, président sans solutions

Le message du président de la République à l’abbé Pierre et à toutes les associations qui œuvrent en faveur des sans-abri et contre l’exclusion sociale était empli de gratitude et d’humilité : «La crise que nous traversons exige de nous un effort plus grand et un surcroît d’imagination, et dans ce combat, votre exemple servira de guide.» On aura compris que ces mots ne sont pas d’Emmanuel Macron, mais d’un autre président, François Mitterrand, en 1994.

Depuis, combien de personnes ont perdu leur logement, leur dignité, leur santé mentale et physique ? 330 000 d’après le dernier rapport de la Fondation Abbé-Pierre, dont près de 30 000 sont définies comme sans-abri. Mais non, répond Olivier Klein, le ministre du Logement, pour qui ces chiffres mélangent trop de cas : «Les associations sont mal inspirées quand elles tombent dans l’outrance», considère-t-il, et explique qu’«il y a une part de manipulation là-dedans». Facile à dire quand on dort au chaud.

Car enfin, ces exclus de la société sont là, parmi nous, comme le démontrent nos reportages auprès de familles sans abris, aux abois, et certaines personnes concernées, en particulier les femmes, ne s’en remettent pas, même quand une solution se présente enfin. La lutte des chiffres continue sur leurs dos, et dans certaines villes de France, comme à Bordeaux, la Fondation Abbé-Pierre en est réduite à mandater un huissier pour prouver au préfet que les sans-abri existent toujours. «Je veux que nous puissions apporter un toit à toutes celles et ceux qui sont aujourd’hui sans abri», avait déclaré le Président, l’actuel celui-là, lors de ses vœux aux Français pour l’année 2018. Mais gouverner ce n’est pas vouloir, comme le disait si justement Pierre Mendès France, «gouverner, c’est choisir, si difficiles que soient les choix». Malgré les efforts, y compris budgétaires, de nombreuses familles dormiront dehors cette nuit. Pour eux, ce n’était pas vraiment un choix.