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Fermeture de collège : les Deux-Sèvres tranchent dans le vif

Fermeture de collège : les Deux-Sèvres tranchent dans le vif
Près d’une centaine de personnes ont bruyamment dénoncé le plan collège, ce vendredi, devant le Conseil départemental situé à Niort.

Photo Fabien Paillot

Par Fabien PAILLOT - f.paillot@charentelibre.fr, publié le 3 février 2023 à 19h18, modifié à19h22.

Moins d’élèves, explosion de la facture énergétique : les Deux-Sèvres ont acté la fermeture et la fusion de plusieurs collèges. La Gâtine a été choisie comme « territoire pilote » pour amorcer ce virage.

Coralie Dénoues, présidente du Département des Deux-Sèvres, y voit « de l’audace et de l’ambition, pour la jeunesse, pour la ruralité ». Les parents d’élèves dénoncent, eux, « la mort des campagnes ». Le Conseil départemental deux-sévrien a adopté hier son « plan collège 2050 » et acté la fermeture et la fusion de plusieurs établissements tous situés en Gâtine. Désigné « territoire...

Coralie Dénoues, présidente du Département des Deux-Sèvres, y voit « de l’audace et de l’ambition, pour la jeunesse, pour la ruralité ». Les parents d’élèves dénoncent, eux, « la mort des campagnes ». Le Conseil départemental deux-sévrien a adopté hier son « plan collège 2050 » et acté la fermeture et la fusion de plusieurs établissements tous situés en Gâtine. Désigné « territoire pilote » et terre natale de Coralie Dénoues, ce secteur devra en effet endosser le statut contesté de « laboratoire » et « d’observatoire ».

Derrière ces appellations prometteuses ? Des collèges réhabilités mais d’abord la fermeture du collège de L’Absie dès la rentrée 2024, puis celle du collège de Mazières-en-Gâtine promise pour 2026 ou 2027. À Secondigny, l’établissement sera rasé et reconstruit. À Parthenay, enfin, les deux collèges seront fusionnés et regroupés au sein d’un nouvel établissement bâti en 2027 ou 2028. « Nous ne laisserons aucune friche et travaillerons à des projets de reconversion. Le Département sera au rendez-vous des communes et de la ruralité », promet Coralie Dénoues. Au total, en incluant la rénovation des collèges et même la modernisation de plusieurs routes, ce plan devrait atteindre près de 90 millions d’ici la fin de la mandature, en 2028.

Parents et élus en colère

Pour appuyer ses choix, la majorité départementale divers-droite met en avant l’érosion du nombre de collégiens : 12 % de moins d’ici la prochaine décennie. L’an dernier, 13500 élèves fréquentaient les 36 établissements publics pour 16000 places disponibles. Autres arguments : l’obligation du « zéro émission carbone à l’horizon 2050 », « la guerre en Ukraine » et l’explosion du coût des énergies fossiles. Remettre ces collèges « à niveau technique et énergétique » aurait pu coûter 250 millions d’euros, assure le Département qui a donc imaginé un autre projet, plus « attractif ».

Certains élus et parents d’élèves peinent, eux, à se réjouir. Près d’une centaine de personnes l’ont bruyamment fait savoir hier au siège du Conseil départemental situé à Niort. « Ces collèges ont été créés parce que nos parents allaient en pension. C’est un retour en arrière », se désole Angélina Lacroix. Installée près de Mazières-en-Gâtine, elle imaginait bientôt y envoyer son fils et « être tranquille jusqu’à sa 3e ». Mais les collégiens de cet établissement seront orientés vers Secondigny située à 20 minutes de là, au mieux.

Élue à Saint-Georges-de-Noisné, près de Mazières, Angélique Roche-Privé pointe du doigt le temps que passeront certains enfants dans les transports scolaires : « Jusqu’à une heure, matin et soir, c’est inadmissible… » Elle s’inquiète aussi pour les associations et commerces locaux : « Une atteinte à la ruralité ! » Même constat pour Julie Dominguez : ses enfants sont encore à l’école primaire mais son implication dans la vie associative l’a poussée à manifester. « Nous donnons des cours de danse, la moitié des élèves sont des collégiens. Nos horaires sont calqués sur l’établissement. Nous ne pourrons plus assurer ces activités », souligne-t-elle. Des parents et élus locaux promettent des actions prochaines. Coralie Dénoues, la présidente du Département, en appelle de son côté « à l’apaisement » pour « construire le collège de demain ».

Les collèges « Pailleron » détruits

Les Deux-Sèvres comptent encore cinq collèges de type « Pailleron ». Construits dans les années 60 avec des poutrelles métalliques, ces établissements sont contestés et surveillés depuis l’incendie du collège Édouard-Pailleron situé à Paris, en février 1973. Vingt personnes dont 16 enfants avaient péri dans les flammes. En Gâtine, les collèges de Secondigny et Mazières – de type « Pailleron » – seront ainsi démolis. Trois autres subsisteront encore à Saint-Varent, Brioux-sur-Boutonne et Niort.