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Festival de la BD : « L’Ukraine mérite d’être connue pour autre chose que la guerre »

Festival de la BD : « L’Ukraine mérite d’être connue pour autre chose que la guerre »
L’équipe de Minimus Production présente ses créations dans la bulle du nouveau monde.

Photo CL

Par Fabien NOUVÈNE - f.nouvene@charentelibre.fr, publié le 27 janvier 2023 à 15h30, modifié à15h35.

La maison d’édition ukrainienne Minimus Production expose à Angoulême. Réfugiée en France, l’équipe veut aller de l’avant. Une question de principe.

Voilà un an, les auteurs de Minimus Production n’auraient pas envisagé tenir un stand à Angoulême. « On voulait présenter notre travail à l’étranger, mais on ne s’imaginait pas le faire si vite, explique Mariia Bednina, la directrice artistique de la maison d’édition. La guerre...

Voilà un an, les auteurs de Minimus Production n’auraient pas envisagé tenir un stand à Angoulême. « On voulait présenter notre travail à l’étranger, mais on ne s’imaginait pas le faire si vite, explique Mariia Bednina, la directrice artistique de la maison d’édition. La guerre a tout accéléré. » Aujourd’hui, l’entreprise exilée dans le sud de la France a repris son activité et expose dans la bulle du nouveau monde, place New-York.

Au moment où la Russie envahit le pays, Maksym Onashchuk, auteur BD et PDG de l’entreprise fondée en 2021, est en voyage d’affaires. Des associations lui trouvent un refuge à Mouans-Sartoux, près de Cannes. Tout de suite, le patron se démène pour poursuivre son activité. « La priorité c’était de rassembler tout le monde et de ramener notre matériel depuis Kiev. » Cinq des six membres de l’équipe le rejoignent. Ensemble, ils se remettent au travail.

En Ukraine on était indépendants, on doit le rester ici.

Avec l’aide d’un voisin, Maksym fait traduire en français les deux albums alors édités par sa société : S.Coyote (western) et Orbifut (science-fiction). Courant 2022, l’éditeur publie deux nouveaux livres en français : Hrushevka et Shock Wave. En parallèle, l’équipe adapte Orbifut en film d’animation et poursuit ses collaborations vidéos. Minimus Production a notamment participé au film Klondike, primé l’an dernier au festival Sundance. « C’était très important de reprendre notre travail, continuer à diffuser notre culture », glisse Mariia Bednina.

Ils ont fait le choix de ne pas parler de la guerre

Sur leur stand, hormis un fin ruban jaune et bleu noué autour du cou de la directrice artistique, rien ne rappelle ce que traversent ces auteurs. Le conflit ne figure dans aucune de leurs créations. « On ne veut pas faire de marketing sur la situation, insiste Mariia Bednina. L’Ukraine mérite d’être connue pour autre chose que la guerre. » Le collectif veut être reconnu pour son travail et trace son sillon seul. « On n’a pas demandé l’aide d’autres maisons d’éditions, illustre Maksym Onashchuk. En Ukraine on était indépendants, on doit le rester ici. » L’unique soutien qu’il s’autorise, c’est celui de Paulina, sa fille de dix ans. Scolarisée dans une école française, la gamine joue les interprètes avec les visiteurs. « C’est important car on ne peut pas présenter notre travail comme on le ferait avec des Ukrainiens », salue Mariia Bednina.

À Angoulême, les dirigeants espèrent nouer de précieux contacts avec des réseaux de distribution, artistes et autres studios d’animation. « On veut continuer à grandir. » Et quand les canons se seront tus ? « On a nos bureaux à Kiev, on y retournera mais on veut aussi continuer à voyager au gré des projets », anticipe Maksym. Mariia prolonge sa pensée : « On ne vivra plus comme avant. »