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Feu à Aubervilliers : pourquoi l'industrie textile est-elle plus encline aux incendies que les autres ?

Un entrepôt produisant des sous-vêtements a été en proie aux flammes ce mardi, au nord de Paris, sans faire de blessés.

Ce n'est pas la première fois qu'Aubervilliers est affectée de cette façon. Mardi, l'entrepôt d'une entreprise produisant des sous-vêtements de la marque de lingerie Valege, dans la ville de Seine-Saint-Denis, a été victime d'un incendie tellement puissant qu'il était visible à des kilomètres à la ronde. Et notamment depuis le centre de Paris. Les salariés de l'entrepôt, situé à l'angle de la rue Sadi Carnot et de l'avenue Félix Faure, ont évacué le site dès l'arrivée des premières flammes. Si aucun blessé n'est à déplorer, les autorités se montrent rassurantes pour l'instant : l'incendie «ne devrait pas présenter de danger toxique», indique la préfecture. À l'été 2020, des feux s'étaient déjà déclarés dans un autre dépôt de la même rue. Mais alors pourquoi ces incendies se répètent-ils dans l'industrie textile ?

Il faut savoir que cette filière a l'habitude de recourir à différents matériaux comme des fibres naturelles ou artificielles pour sa production, source majeure de combustion. «La production de tissus comporte de nombreux risques d'incendie. Des étincelles, des braises incandescentes ou des particules surchauffées peuvent être générées tout au long de la chaîne de production et provoquer facilement des incendies et des explosions de poussière», détaille Fafus-grecon, entreprise spécialisée dans la prévention des incendies.

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Plus précisément, «les principales caractéristiques des textiles sont leurs propriétés liées à l'inflammabilité, à la propagation de la flamme, à la production de chaleur et à la libération de produits de combustion toxiques», retrace, de son côté, l'Encyclopédie de sécurité et de santé au Travail. Les textiles présentent donc un danger d'incendie au fil de leur production et de leur transformation. Pourquoi ? Parce que «la plupart des fibres synthétiques fondent sous l'effet de la chaleur, prennent facilement feu, brûlent intensément, coulent en brûlant et dégagent des quantités considérables de fumée et de gaz toxiques.»

Et comme l'explique une étude des Archives nationales, ces départs de feux n'ont rien d'inédit au regard de l'histoire ouvrière. «Au début du XIXe siècle, dans la France du nord, de l'est et de l'ouest où l'industrie textile s'implante et se mécanise à marche forcée, les incendies se comptent par centaines, précise ce document. Si certains sont dévastateurs, la plupart n'entraînent que des dégâts modestes, mais ils n'en modèlent pas moins progressivement l'organisation du travail et l'équipement des usines.»

Et d'ajouter : «Très vite, le patronat textile prend conscience que le facteur humain ne doit pas être négligé : lorsque le feu prend, on l'explique souvent par la négligence d'un ouvrier qui aurait fumé dans l'atelier, se serait endormi ou n'aurait pas respecté les consignes.» Si les incendies se sont poursuivis pendant plusieurs décennies, des politiques de prévention en entreprise se sont alors déployées à partir de la moitié du XXe siècle. Des campagnes visuelles ou des équipements spécifiques ont alors permis de réduire les incidents et les risques d'incendie.