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« Film fantôme », de Patrice Pluyette : le roman de chevalerie, cul par-dessus tête

Avec son nouveau roman, Patrice Pluyette s’empare de l’Arioste et de son « Roland furieux ». Attention, espiègleries !

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« Film fantôme », de Patrice Pluyette, Seuil, « Fiction & Cie », 236 p., 19 €, numérique 14 €.

Manifestement pas essoufflé par son trekking à travers les genres littéraires, Patrice Pluyette s’attaque cette fois, comme un grimpeur se lance dans une ascension, à un sommet du récit de chevalerie, après avoir arpenté différents genres de romans : d’aventures (La Traversée du Mozambique par temps calme, Seuil, 2008), libertin (Un été sur le Magnifique, Seuil, 2011), policier (La Fourmi ­assassine, Seuil, 2015) et naturaliste (La Vallée des Dix Mille Fumées, Seuil, 2018). Dans Film fantôme, l’écrivain ­confie la narration à un confrère sans grand talent, dont le rêve est de troquer la plume pour la caméra afin de porter à l’écran Orlando furioso, de l’Arioste, vaste et sinueux poème épique du XVIe siècle au cœur duquel Roland, le neveu de Charlemagne, vit un grand chagrin d’amour.

Œuvre protéiforme

Du fait de son statut de chef-d’œuvre, le texte italien fait figure de buffet à volonté où se sont servis maints peintres, dramaturges, compositeurs et écrivains s’essayant à l’adaptation ou à la réécriture de ce roman. L’incroyable plasticité de l’œuvre sied parfaitement à celle très protéiforme de Patrice Pluyette. Son narrateur, prêt à rendre une copie peu orthodoxe, s’en frotte les mains : « Roland est un héros devenu mythologique dont on fait un peu ce qu’on veut, lui inventant de nouvelles vies, de nouvelles histoires, le réutilisant pour le faire évoluer à différentes époques. » Va pour les scènes les plus loufoques, comme lorsque Roland « se paie un petit backflip arrière juste pour le style (…), suivi d’un salto colossal ». Ou quand le héros envisage une reconversion : « Je quitte l’armée, se dit-il (…), je rentre dans le privé, je monte mon entreprise de self-défense non violente (il mime des gestes de combats). »

Comme Roland, yamakasi par ici, judoka par là, le roman a quelque chose d’athlétique : c’est une suite d’allers-retours entre la conception du projet (on court vers le chef-d’œuvre !) et le tournage compliqué (on claudique vers le navet…). Entre l’intention et la réalisation, l’écart se creuse – le chapitrage veille d’ailleurs à les maintenir dans des espaces séparés. Et, lorsque l’acteur principal ne se révèle finalement « pas si mauvais » pendant le tournage, le narrateur se félicite de voir surgir enfin « un personnage qui dépasse [s]es attentes ». Quelle ironie : le réalisateur en herbe désire principalement ce qui est au-delà de ses désirs.

Vaincre une mouche !

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