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Fin de vie : des soignants aux religieux, qui est favorable à l’évolution de la loi ?

    Très sensible, le sujet a alimenté de nombreux débats suite à des cas médiatisés ou face à l’exemple d’autres pays européens ayant autorisé une « aide active à mourir » très encadrée (Belgique, Pays-Bas, Espagne…).

    Voici un aperçu des positions de plusieurs acteurs de la société.

  • 1 Les soignants

    La galaxie des soignants paraît au moins partagée, voire majoritairement hostile ou inquiète face à l’éventuelle légalisation d’une « aide active à mourir ». « Ces questions extrêmement complexes nous mettent en tension, nous, les médecins », observe le Pr Jean-François Delfraissy, président du Comité consultatif national d’éthique et immunologiste.

    Donner la mort n’est pas un soin

    S’il juge que « les médecins français au sens très large ont évolué sur ce sujet », il évoque le cas particulier des équipes de soins palliatifs, avec lesquelles « il va falloir prendre le temps de la discussion ». Huit organisations de soignants ou d’établissements de soins palliatifs se sont ainsi alarmées d’un « changement éthique majeur ». « Donner la mort n’est pas un soin », plaide la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, en insistant sur un accès élargi aux soins palliatifs. De son côté, l’Ordre des médecins, « pas favorable à l’euthanasie », réclame, en cas de changement de loi, une « clause de conscience ».

    Ça pourrait être fait proprement, par des médecins qui savent ce qu’ils font

    À titre personnel, des médecins, qui ont témoigné anonymement d’euthanasies clandestines pour des proches ayant « supplié de les aider à mourir », ont appelé à cesser le « bricolage en douce », alors que « ça pourrait être fait proprement, par des médecins qui savent ce qu’ils font ».

  • 2 Les partis politiques

    Toute la gauche est pour un changement législatif, au nom d’une « fin de vie digne » et de la liberté de choisir sa mort, lorsque la souffrance due à une maladie incurable devient insupportable. La droite et l’extrême droite y sont, elles, hostiles, s’inquiétant parfois d’un risque de « banaliser l’euthanasie », et réclament une meilleure application de la loi actuelle et des soins palliatifs. Pour la majorité présidentielle, la position sur la fin de vie est plus incertaine.

    Promise par Emmanuel Macron pendant sa campagne comme un outil de « consensus », la « Convention citoyenne » démarre ses travaux ce vendredi. Après avoir semblé avancer vers une grande réforme sociétale de second mandat, le chef de l’État a paru plus tempéré, peut-être pour ne pas diviser.

    En avril 2021, l’Assemblée nationale avait, elle, débattu après une proposition de loi d’Olivier Falorni. Son examen avait été bloqué par 3 000 amendements d’obstruction, mais 240 députés avaient approuvé le principe d’une « assistance médicalisée active à mourir ». Depuis peu, ce député (ex-PRG désormais MoDem) et partisan de l’euthanasie est chargé de piloter la mission d’évaluation de la loi Claeys-Leonetti.

  • 3 Les cultes

    Ces dernières semaines, les cultes catholique, protestant, juif et musulman ont exprimé un « ensemble de préoccupations partagées », tout en prévenant qu’il ne s’agissait pas de « présenter un front uni, politique ».

    Le suicide, c’est pour nous un péché
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    Pour Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, un passage à l’euthanasie ouvrirait « la voie à la relativisation de l’interdit de tuer », pourtant « fondateur ». (Le Télégramme)

    Sur le fond, tous insistent en préalable pour un développement accru des soins palliatifs et une évaluation de la loi Claeys-Leonetti. Défendant le respect « absolu » de la vie, les cultes estiment qu’un passage à l’euthanasie (via une « aide active à mourir ») constituerait une « rupture » majeure. Cela ouvrirait « la voie à la relativisation de l’interdit de tuer », pourtant « fondateur », juge Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, spécialiste de bioéthique. Il s’agirait d’une « rupture anthropologique », « frisant l’eugénisme », abonde le grand rabbin de France, Haïm Korsia. « Le suicide, c’est pour nous un péché », indique Chems-eddine Hafiz, recteur de la Grande mosquée de Paris.

    Les catholiques appellent aussi à ne pas réduire la fin de vie « à sa dimension technique ou juridique », et Mohammed Moussaoui, ex-président du Conseil français du culte musulman, met en garde contre une « culpabilisation » des plus vulnérables.