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Financement participatif : Tudigo boucle une levée « pas indispensable » de trois millions d'euros

C'est l'histoire de l'entreprise qui organisait des levées de fond pour les autres... sans jamais en avoir mené une d'envergure pour financer ses propres besoins. Dans les locaux de Tudigo, qui ceinturent la place des Quinconces à Bordeaux, de nombreux étudiants en alternance jouent des coudes et animent les bureaux. Ambiance startup. Mais, dans les dires du dirigeant, c'est bien l'esprit de rigueur qui prime : il n'était pas question de se lancer avec frénésie dans une recherche de liquidités tant que le modèle économique n'avait pas été éprouvé. Stéphane Vromman, le fondateur et président de l'entreprise dédiée à l'investissement participatif, vient de lever, avec son équipe dirigeante, trois millions d'euros. En 72 heures. Facile. « Mais notre pérennité n'en dépendait pas, assure-t-il. On trouvait juste logique de mettre de l'argent sur un modèle qui désormais fonctionne. » Loin du profil type de la startup en quête d'argent frais.

C'est en lisant bien les objectifs de Tudigo que l'on peut comprendre cette patience. L'entreprise, créée en 2013, organise un système de financement participatif en faveur d'entreprises à impact qui ont besoin de fonds pour leur projet. Elle se propose ainsi de « démocratiser l'investissement » auprès du grand public en donnant des gages sur la viabilité du modèle économique des entreprises retenues via une sélection stricte. Logique donc de s'imposer à soi-même ces mêmes critères de rentabilité et de solidité avant de s'aventurer à augmenter son propre capital. « Nous parvenons ainsi à justifier d'une valorisation plus haute. Les gens la comprennent bien car notre modèle économique est rationnel », détaille Stéphane Vromman. Tudigo a atteint l'équilibre en 2021 avec deux millions d'euros de chiffre d'affaires. En 2022, ce montant a doublé pour 55 projets soutenus à travers 40 millions d'euros d'investissement réunis.

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Ouverture du marché européen

Via l'opération menée en janvier 2023, Tudigo dit avoir ouvert une part très minoritaire de son capital, soit moins de 10 %. Même en comptant la levée de fonds de 2019 - d'un montant d'un million d'euros - les trois fondateurs demeurent majoritaires au capital. Mais désormais, il faut y ajouter les presque 800 investisseurs qui ont rejoint le projet, pour un ticket moyen d'entrée de 4.300 euros. « Certains entrepreneurs disent : "avoir des dizaines d'actionnaires à mon capital c'est l'horreur". Nous ce qu'on veut démontrer c'est exactement l'inverse ! », évoque le président. Normal quand on prône des valeurs liées à l'engagement participatif. La levée de fonds, bouclée bien plus rapidement que prévu, s'est faite dans une conjoncture bien moins propice à l'investissement qu'avant. Pour autant, Tudigo en a profité puisque les investisseurs ont rehaussé leurs exigences quant aux performances de rentabilité.

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Les trois millions obtenus vont permettre principalement d'engager des campagnes de communication print et numérique à grande échelle. Un volet très peu investi jusqu'ici par Tudigo. Les fonds réunis seront également fléchés vers la conquête de nouveaux marchés en Europe, alors que l'agrément dont bénéficie l'entreprise doit s'étendre de la France à toute l'Europe d'ici la fin d'année. De quoi prospecter de nouveaux clients à l'étranger... et aussi de voir arriver des concurrents sur son territoire puisque l'ouverture va s'effectuer aussi dans tous les autres pays européens. L'entreprise d'une cinquantaine de salariés souhaite par ailleurs augmenter ses effectifs en 2023 : 20 recrutements sont prévus. Avec ces choix stratégiques, Stéphane Vromman espère pouvoir mobiliser 75 millions d'euros cette année pour les projets choisis, près du double de 2022. Le président refuse peut-être les méthodes de croissance des startups, mais il développe bien en tout cas le même appétit.

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