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Flambée de la facture d’électricité : « Des maires prêts à remettre leurs clés »

Les communes finistériennes adhérentes du Sdef-29 reçoivent, en ce moment, des courriers annonçant des hausses vertigineuses (de plus de 200 %) de leur facture d’électricité. Quelles réactions vous reviennent ?

Ce courrier avertit nos collectivités adhérentes, employant plus de dix agents, que l’augmentation du prix du marché de l’électricité (47 €/MWh en octobre 2019, 1 000 €/MWh au 26 août 2022 !) se traduira par une hausse substantielle de leur facture de 2023. Cela ne sera pas supportable dans leurs finances (de fonctionnement) et cassera les investissements. Des maires me disent déjà que s’ils ne peuvent pas équilibrer les budgets de leurs communes (une obligation), ils sont prêts à remettre les clés de la mairie au préfet. C’est ce qui risque de se produire si on ne fait rien.

Président du syndicat départemental d’énergie et d’équipement (Sdef) du Finistère, le maire de Plourin, Antoine Corolleur, rejoint les voix des élus locaux qui demandant à l’État un bouclier tarifaire
Président du syndicat départemental d’énergie et d’équipement (Sdef) du Finistère, le maire de Plourin, Antoine Corolleur, rejoint les voix des élus locaux qui demandant à l’État un bouclier tarifaire énergétique. Si rien n’est fait, sa commune subira une hausse de 285 % de sa facture d’électricité en 2023. Du même ordre que beaucoup d’autres communes. (LAURENT CHARBONNIER)

Précisément, comment agir pour atténuer la note ?

Je suis à Rennes, en ce moment, au congrès des syndicats d’énergie représentant plus de 800 collectivités en France. Comme le Sdef et l’association des maires du Finistère, par le biais d’une motion, ou le sénateur Jean-Luc Fichet, par une intervention auprès du ministre de l’économie et des Finances, Bruno Le Maire, nous demandons au gouvernement l’application d’un bouclier tarifaire énergétique dans les communes subissant ces fortes augmentations. On n’obtiendra jamais le plafond de 15 % assuré aux petites communes mais au moins que cela ne soit pas multiplié par deux ou trois.

La commune de Plourin, dont vous êtes le maire, subit également une hausse prévisionnelle de sa facture d’électricité considérable (+ 285 %) alors qu’une centrale photovoltaïque vient d’être inaugurée et que les besoins en électricité des habitants sont largement couverts. Comment expliquez-vous cette contradiction ?

Parce que l’électricité produite localement part dans le réseau général, vendu aux fournisseurs et que nous l’achetons au prix du marché.

La flambée de la facture n’incite-t-elle pas, pourtant, les collectivités à soutenir les productions locales et écologiques alimentant leur territoire ?

L’autoconsommation va se développer mais cela reste compliqué au niveau de l’exploitation. Il faudrait créer une société d’utilisateurs dont l’excédent de production pourrait être vendu. Il n’existe pas encore beaucoup de structures d’équilibre de ce type. Si on veut accélérer la transition énergétique, il faudrait aussi simplifier les procédures administratives autour des projets. Une autre solution serait de permettre, par la loi, l’achat d’électricité de gré à gré, en passant par le Sdef ou un autre syndicat. Ces contrats, sur plusieurs années (au-delà de la limite actuelle de quatre ans), donnent des garde-fous aux collectivités sur la hausse des prix et rassurent les investisseurs. À l’heure actuelle, c’est le marché européen qui fixe les prix, en laissant faire. Pendant que certains tirent la langue, d’autres réalisent des superprofits. Les politiques ont tendance à oublier que l’électricité est un bien de première nécessité. La hausse de son coût va aggraver la précarité.

(*) Syndicat départemental d’énergie et d’équipement du Finistère. Il gère le groupement d’achat d’électricité et de gaz de collectivités mais aussi d’Ehpad, de lycées, de collèges et autres établissements publics du Finistère adhérents. Le prochain marché de trois ans (2023-2025), attribué à Engie pour l’électricité et TotalEnergies pour le gaz, regroupe 10 687 sites finistériens.

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