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Frédéric Tourneur: ce Charentais sur les routes toute la sainte journée

Frédéric Tourneur: ce Charentais sur les routes toute la sainte journée
Une carrière sur les routes, en gilet fluo à la DDE et aux services techniques du Département. À presque 61 ans Frédéric Tourneur raccroche.

Photo Quentin Petit

Par Jean-François BARRÉ - jf.barre@charentelibre.fr, publié le 28 septembre 2022 à 8h45, modifié à8h51.

Il est entré à la DDE à Saint-Claud et termine sa carrière chef des routes au Département. Frédéric Tourneur tire sa révérence et abandonne les 5 185 kilomètres de départementales de Charente.

Ça tient à peu de chose, une vocation. « Tout petit, on m’a offert une pelleteuse. Mon deuxième cadeau, c’était un bulldozer. Alors, j’ai fait génie civil, Équipement. Je ne l’ai jamais regretté ». Après-demain, vendredi, parce qu’on ne finit pas plus qu’on embauche en milieu de semaine, Frédéric Tourneur raccrochera son gilet fluo au clou. Fin d’une carrière passée à arpenter, à imaginer le bitume du Département. A la DDE, puis au Département, il aura régné sur 5 185 kilomètres de départementales« mais...

Ça tient à peu de chose, une vocation. « Tout petit, on m’a offert une pelleteuse. Mon deuxième cadeau, c’était un bulldozer. Alors, j’ai fait génie civil, Équipement. Je ne l’ai jamais regretté ». Après-demain, vendredi, parce qu’on ne finit pas plus qu’on embauche en milieu de semaine, Frédéric Tourneur raccrochera son gilet fluo au clou. Fin d’une carrière passée à arpenter, à imaginer le bitume du Département. A la DDE, puis au Département, il aura régné sur 5 185 kilomètres de départementales « mais ça change tous les ans », vu pousser un millier de giratoires, porté avec fierté l’orange des couleurs de la DDE avant de devenir chef des gilets jaunes du Département.

Le giratoire de Girac, c’était moi. Un plat de nouilles, six entrées et 24 000 véhicules par jour à l’époque.

Frédéric Tourneur a traversé les époques par la route. « J’ai commencé à Saint-Claud, à l’époque où chaque subdivision de la DDE était une principauté. Il n’était pas de bon ton de demander conseil aux autres. On se démerdait ». Et à l’époque, les services ne se posaient pas de questions. « On traitait les nationales, les départementales, même les voies communales. Mais on n’avait pas d’organigramme, pas d’ordinateur, le téléphone était contingenté. » Des débuts un peu rudes. « J’étais un étranger. Je n’aimais pas beaucoup qu’on me traite de Charentais inférieur », rapport à ses origines maritimes…

Il est tout de même arrivé à la bonne époque. « On conseillait les mairies, c’était le début des plans d’occupation des sols, la décentralisation qui s’annonçait ». Quand les réunions se tenaient chez les maires et se finissaient au cognac. C’était l’époque « où les usagers acceptaient la gêne des travaux. Ils savaient que ce serait mieux après. Aujourd’hui, ils sont impatients. Les agents se font insulter en permanence ». Et n’allez pas lui demander pourquoi il y a toujours un gars qui bosse et trois qui regardent, ou pourquoi les cabines des camions sont plus grandes que les bennes. ça l’énerve et il a des explications techniques. « Et non, les maisonnettes des cantonniers, c’était pour le matériel, pas pour faire la sieste. Les idées reçues ont la peau dure ». Mais les grillades sur la fourche à cailloux au-dessus du feu, c’est vrai.

« Une super carrière, un régal »

Frédéric Tourneur sait qu’il a vécu les grandes heures des grands travaux. « La suppression des passages à niveau pour le TGV. Le giratoire de Girac, c’était moi. Un plat de nouilles, six entrées et 24 000 véhicules par jour à l’époque ». Il a enterré la DDE et vu grandir les services du Département. « La déviation de Saint-Claud, on en parlait déjà en 84. On l’a inaugurée le 12 septembre 2012. J’y étais ! »

Sa carrière, Frédéric Tourneur l’a passée sur la route. « C’est la deuxième compétence du Département, après le social. C’est de l’entretien, des travaux, des déviations. C’est aussi un enjeu de sécurité. En 2002, on avait 62 morts par an sur nos routes. Il y en a eu cinq depuis le début de l’année ». Et les budgets sont à la hauteur des enjeux. « 31 millions en 2022 et 300 agents », rappelle Frédéric Tourneur, qui a vraiment aimé son boulot. « Sauf les cagouilles ailées du logo qu’on nous avait collé sur les camions. Les gens rigolaient : on allait tellement lentement que les escargots arrivaient à monter sur les portières ».

Frédéric Tourneur, lui, serait plutôt « un dinosaure ». Sept postes au département. Et sept présidents de conseil général puis départemental, de Houssin « un Monsieur » qui a lancé la D1000, jusqu’à Bouty. Autant de politiques à mettre en œuvre. Avec un sacré bémol. « La tache noire de ma carrière, ça restera ce 27 février 2018. Je suis tombé dans un guet-apens. Des élus, des technocrates qui m’attendaient dans un bureau. J’ai senti qu’on voulait me pousser dehors ». Il est resté, l’a mal vécu, ne s’étend pas sur la question.

Il a aussi -mieux- vécu « sept vice-présidents chargés des routes. Ils étaient stagiaires, j’étais titulaire », rigole le technicien. « Le plus investi, même trop, c’était Didier Jobit. Il m’a fait prendre dix ans. Il appelait matin midi et soir. Une idée poussait l’autre ». À l’heure de rendre les clés du camion, Frédéric Tourneur se félicite que le réseau soit « plutôt en bon état, globalement », que « la Charente ait su conserver sa technicité. Ce n’est pas le cas de tous les départements. J’y ai fait une super carrière. Un régal ». Il part avec, en tête, le numéro de chaque départementale, « les historiques de 1 à 199, 900, les nationales déclassées. La RD 16 la plus longue de Saint-Séverin à Confolens ». Incollable. « Je suis passé par le terrain ». Avant que les routes ne deviennent « résilientes », où il n’y avait pas encore de charte déontologique, « mais beaucoup de proximité ».

En dates:

16 novembre 1961. Naissance à Surgères (17).
1984. Diplômé de l’école de l’Équipement. Entre à la DDE 16, adjoint au chef de la subdivision de Saint-Claud.
1988. Quitte la DDE, mis à disposition des services techniques du Département, chargé des départementales.
2006. Nommé directeur des routes.
30 septembre 2022. Retraite.