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Furtivité, autonomie, mobilité : ce qu'il faut savoir sur le ballon espion chinois qui survole les États-Unis

DÉCRYPTAGE - L'aéronef repéré au-dessus du Montana présente plusieurs avantages certains sur les drones et les satellites.

À l'ère des drones furtifs et des satellites de pointe, la présence d'un «ballon espion» dans le ciel américain fait presque figure d'anachronisme. Jeudi 2 février, le Pentagone a indiqué suivre à la trace les mouvements d'un engin volant à haute altitude, précisant qu'il n'avait «aucun doute sur le fait qu'il provient de la Chine». Les États-Unis ont envoyé des avions de chasse F-22 Raptor à son contact, mais ne veulent, pour l'heure, pas prendre le risque de l'abattre, car il est «suffisamment gros pour que les débris provoquent des dégâts».

Mais que vient donc faire ce ballon stratosphérique de la taille de trois bus dans l'espace aérien américain ? «Nous prenons des mesures afin de nous protéger contre la collecte d'informations sensibles», a simplement indiqué un haut responsable américain de la Défense, insistant sur «la valeur ajoutée limitée en termes de collecte d'informations».

Des ballons originaires de la Seconde guerre mondiale

L'utilisation de ballons intercontinentaux à haute altitude, pour espionner ou porter une attaque, ne date pas d'hier. Les scientifiques japonais ont été les premiers à les exploiter à des fins militaires en 1944, selon Popular Mechanics , magazine consacré à la science et à la technologie. Ils étaient alors utilisés pour larguer des bombes incendiaires. Le concept a ensuite été repris pendant la Guerre froide. Si l'engin a paru un temps passé de mode, les Américains l'utilisent à nouveau aujourd'hui, sous une forme bien plus perfectionnée.

Quasiment indétectables

Aux États-Unis, l'entreprise World View développe ce genre d'appareils pour le Pentagone et la NASA. Leurs ballons, baptisés Stratollites, peuvent abriter des caméras thermiques, des radars, des capteurs de radiofréquence et des panneaux solaires. Les progrès récents en matière de miniaturisation de l'électronique permettent également aux ballons de ce type de «peser moins lourd et donc d'être plus petits, moins chers et plus faciles à lancer», indique à CNN Peter Layton, expert au Griffith Asia Institute en Australie et ancien officier de la Royal Australian Force.

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Ils sont en outre quasiment indétectables pour les défenses antiaériennes. Capables de voler à plus de 20 kilomètres de haut, bien au-dessus des trajectoires de vol habituelles d'un avion, «ils ont une signature thermique très faible et des émissions quasi nulles», explique, toujours à CNN, Blake Herzinger, expert en politique de défense à l'American Enterprise Institute.

Plus mobiles et autonomes que les drones et les satellites

Les ballons espions représentent ainsi une alternative intéressante aux drones et autres avions furtifs. Ces derniers sont en effet rapidement limités par leur durée de vol. «Même avec le Global Hawk (principal drone de reconnaissance stratégique américain, NDLR), vous n'obtenez qu'une autonomie de 20 heures de vol autour de la zone visée, et même moins si le temps de trajet est long», souligne auprès de Popular Mechanics Justin Bronk, membre du think tank britannique Royal United Services Institute (RUSI), spécialisé dans la défense et la sécurité.

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Ces engins présentent également des avantages sur les satellites, dont la Chine n'est pas dépourvue. Ils sont notamment bien plus mobiles que les satellites en orbite basse, qui sont soumis à la rotation de la Terre, mais aussi que les satellites en orbite géostationnaires, qui tournent au rythme de la Terre mais ne se concentrent donc que sur un point précis.

Les ballons peuvent, eux, se déplacer au gré du vent et être guidés à distance, mais aussi rester stationnés pendant de nombreuses heures. «Nous pensons que ces engins ont le potentiel de changer la donne, car ils sont une excellente plateforme de surveillance de longue durée», explique à Popular Mechanics l'amiral Kurt W. Tidd, chef du Commandement Sud des États-Unis.

Que peut-il espionner ?

Après avoir survolé le Canada, le ballon espion a été détecté au-dessus du Montana. Cet État, ainsi que ses voisins, abrite des silos de missiles balistiques intercontinentaux américains et des bases de bombardiers stratégiques. Mais l'engin peut également être utilisé pour «récupérer des renseignements électromagnétiques et examiner le trafic de la téléphonie mobile et le trafic radio», indique à CNN Eric Burnett, colonel à la retraite de l'US Air Force.

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