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Gauche: un an après la Nupes, toujours plusieurs façons de voir le futur

Toutes les occasions sont bonnes à prendre. Surtout lorsque élus et dirigeants de gauche sont tous là, à portée de main. Mercredi 24 mai, dans le train retour de la manifestation contre l’extrême droite à Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), l’insoumis Louis Boyard a eu une petite idée pour relancer un débat qui divise la Nouvelle Union populaire écologiste et sociale (Nupes). Partisan, comme l’ensemble de LFI, d’une liste unique pour les élections européennes de l’an prochain, le député profite de ce trajet pour aller à la rencontre de chacun de ses homologues et leur faire signer une feuille de papier faisant office d’esquisse à une pétition pour une union de la gauche à cette occasion. «J’ai tenté quelque chose, c’était spontané, souffle l’ancien syndicaliste étudiant à Libération. La journée que nous venions de passer était symbolique : la Nupes ensemble face à l’extrême droite dans une ville ou le maire a été abandonné par le pouvoir macroniste. C’est ça que l’on doit reproduire aux européennes.»

Avec son initiative, Boyard remet donc une pièce dans la machine au moment où le débat sur les européennes semblait en stand-by au sein de la Nupes. Depuis le 2 mai et la réunion «au sommet» – selon les termes de Jean-Luc Mélenchon – entre les tauliers de l’union, les appels des uns et des autres dans la presse – jusqu’alors si nombreux – pour appeler à travailler en vue d’une liste unique ou, a contrario, pour expliquer pourquoi il vaut mieux partir dispersés se font très rares. «Il n’y a pas eu, ces derniers temps, de nouvelles rencontres pour en parler, si on en discute c’est plus de façon informelle», raconte le député PS Arthur Delaporte. «J’ai l’impression qu’on est un peu passé à autre chose pour le moment. La preuve : Marine Tondelier était invitée sur France Info mercredi et on ne lui a pas demandé si c’était toujours “non” pour la liste unique», note, de son côté l’écologiste Sandra Regol.

Tout le monde, sauf Fabien Roussel

Reste que si la patronne d’Europe Ecologie-les Verts s’est montrée ferme sur le sujet en demandant à plusieurs reprises aux insoumis d’arrêter «de faire les forceurs», ces derniers n’ont pas l’intention de lâcher. Pourtant très critiques des sondages quand ils ne sont pas en leur faveur, les camarades de Jean-Luc Mélenchon font tourner sur les réseaux la moindre enquête d’opinion qui vient donner la Nupes en tête en cas de liste unique. Tant pis si c’est 10 points de moins que l’addition d’éventuelles listes séparées et donc, in fine, moins de députés de gauche au Parlement de Strasbourg entre 2024 et 2029. «La manière dont ils s’y prennent montre qu’ils n’ont pas vraiment envie de faire une liste commune mais qu’ils veulent pouvoir raconter qu’ils l’ont réclamée jusqu’au bout», grince un dirigeant vert.

Divisée sur la question des européennes, la Nupes semble, en revanche, plus en phase concernant l’élection présidentielle de 2027. Excepté peut-être le communiste Fabien Roussel, tout le monde dans l’alliance martèle que la gauche n’aura d’autre choix que d’aborder le prochain scrutin suprême derrière un candidat unique. Reste maintenant à déterminer lequel, et – surtout – comment le désigner. Pour répondre à cette question, plusieurs scenarios sont déjà sur la table.

Une «coopérative» ?

Dans le JDD, Marine Tondelier évoquait par exemple à la fin du mois d’avril la création d’une «coopérative» dans laquelle politiques mais aussi chercheurs, associatifs, intellectuels siégeraient pour dresser le portrait-robot du candidat idéal. La nordiste veut aller vite et propose que cette instance se mette en place «dans les prochaines semaines». Non seulement parce que le processus demandera forcément du temps, explique-t-on chez les écolos. Mais aussi car au sein de la Nupes, certains soupçonnent les insoumis de ne pas vouloir avancer sur la question de l’incarnation pour rendre inéluctable une quatrième candidature de Jean-Luc Mélenchon. «Ils ne veulent pas vraiment discuter d’une candidature unique, mais simplement de Mélenchon 2027», persifle-t-on chez les écolos. Beaucoup croient en effet que l’insoumis, malgré sa «mise en retrait», pourrait vouloir se lancer dans la bataille. Tout comme son camarade François Ruffin qui, petit à petit, prépare les ingrédients d’une première campagne présidentielle.

Les socialistes ont, eux aussi, quelques idées pour désigner un candidat unique à gauche. Depuis plusieurs semaines, outre la question du «contrat de coalition», que son premier secrétaire, Olivier Faure, tente de construire, la direction travaille sur deux hypothèses : une sorte de convention citoyenne dans laquelle un collège de militants et sympathisants déciderait de leur futur(e) représentant(e) ou un conseil des sages composé de figures politiques expérimentées. D’autres, comme les députés Jérôme Guedj et Philippe Brun continuent de penser, malgré les mauvaises expériences de 2017 et 2022, que le format d’une primaire reste le meilleur moyen pour départager les prétendants à l’Elysée. «S’il n’y a pas de primaire, il n’y a pas de candidature unique», va même jusqu’à affirmer le second. Une position loin d’être majoritaire. Et si la destination, au moins, semble partagée, il ne reste plus qu’à choisir le chemin à emprunter. Pas le plus simple.