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« Giorgia Meloni a battu à plate couture ses alliés de Forza Italia et de la Ligue »

Comment décryptez-vous la victoire de l’extrême droite aux élections législatives ?

D’un côté, c’est une surprise et de l’autre, cela ne l’est pas du tout. Cette victoire se raccroche à la situation qui s’était créée en 1994, lorsque Silvio Berlusconi avait remporté les élections et formé une coalition ample qui englobait aussi les post-fascistes. Le problème se pose par rapport au centre gauche qui est totalement pulvérisé. L’ampleur de la victoire de Fratelli d’Italia au sein de la coalition de centre droit doit aussi faire réfléchir : elle a battu à plate couture ses alliés de Forza Italia et de la Ligue. Et cette victoire extrêmement large remet en question les équilibres de cette coalition. Jusqu’à présent, l’extrême droite était minoritaire et Silvio Berlusconi dirigeait la coalition. À présent que Fratelli d’Italia a raflé les 4/5es des votes de centre droit, ceci peut représenter soit un problème, soit une solution pour Giorgia Meloni, la cheffe de Fratelli d’Italia. Elle peut se retrouver isolée si elle n’arrive pas à rassembler la Ligue qui traverse une crise importante et Forza Italia qui a aussi des soucis. Mais elle peut également utiliser cette force pour faire levier sur ses alliés.

« Giorgia Meloni a battu à plate couture ses alliés de Forza Italia et de la Ligue »
(Peter Zullo)

L’Europe s’inquiète après la victoire de l’extrême droite. Avez-vous le sentiment que les choses puissent déraper en Italie ?

Giorgia Meloni ne peut pas perdre le soutien des centristes qui font partie du centre droit. Elle sera donc attentive et ne devrait pas faire de faux pas, ce qui devrait rassurer en partie l’Europe. Par ailleurs, il ne faut pas dire que c’est fini, que le fascisme est de retour. L’Italie est une démocratie consolidée. Mais attention, cela ne veut pas dire qu’il faut oublier de surveiller la démocratie. Je pense que Giorgia Meloni va attaquer l’Europe comme le fait Marine Le Pen en France en utilisant la rhétorique habituelle : « Nous ne sommes pas contre l’Europe, nous sommes pour une Europe des Nations ». Ce qui est à l’opposé du projet européen des années 50. Je ne crois pas qu’elle formera immédiatement un trio avec les dirigeants hongrois et polonais car elle sait qu’elle ne peut pas dissoudre son capital politique en s’alliant avec ces deux pays pour tout casser. Et puis, le scénario est différent, l’Italie est l’un des pays fondateurs de l’Union européenne : en 1957, l’Europe a été fondée à Rome. L’Italie a aussi une politique militaire et économique différente des autres pays de l’est.

Je ne sais pas si Giorgia Meloni réussira à s’installer dans la durée

Pourquoi les Italiens ont-ils choisi de faire confiance à Giorgia Meloni ?

Une partie de l’électorat a voté pour l’extrême droite, une autre pour protester contre le système qui ne fonctionne pas et, enfin, une dernière a été déçue par les populistes du Mouvement 5 Étoiles et s’est jetée dans les bras de Giorgia Meloni, la seule qui a refusé de participer à la formation de gouvernements de coalition. Par ailleurs, pour la première fois en Italie, le taux de participation a chuté en dessous des 64 %. Cela joue un rôle aussi dans le résultat et démontre l’état d’esprit qui règne dans le pays. Je ne sais pas si Giorgia Meloni réussira à s’installer dans la durée, il y a une crise économique d’une ampleur dramatique et la guerre. Elle va devoir affronter une situation compliquée et elle n’a aucune expérience. Nous verrons.

« Giorgia Meloni a battu à plate couture ses alliés de Forza Italia et de la Ligue »