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Giorgia Meloni : ce qu'elle dit de Mussolini, de l'homosexualité, de la France et de l'UE

Giorgia Meloni : ce qu'elle dit de Mussolini, de l'homosexualité, de la France et de l'UE MELONI. Victorieuse des résultats partielles des élections législatives, Giorgia Meloni devrait devenir la future Première ministre italienne. Considérée comme d'extrême droite et fasciste, quel est son rapport son positionnement politique ?

[Mise à jour le 26 septembre 2022 à 9h22] "Nous gouvernerons pour tous les Italiens". La victoire n'est pas encore totale mais elle ne fait plus beaucoup de doute : la candidate d'extrême droite Giorgia Meloni est en tête des premiers résultats des élections législatives anticipées organisées en Italie le dimanche 25 septembre. Forte de 26% des voix, la leader du parti néo-fasciste Fratelli d'Italia (Frères d'Italie) a devancé le Parti démocrate de centre gauche resté sous la barre des 20%. Avec ses alliés de la Ligue de Matteo Salvini et de Forza Italia de Silvio Berlusconi, Giorgia Meloni voit le bloc d'extrême droite atteindre les 48% même si les deux partis recueillent respectivement seulement 9 et 8% des suffrages. Ces résultats et cette victoire permettent à la femme politique d'obtenir la majorité au Parlement italien grâce à un "net avantage aussi bien à la Chambre qu'au Sénat" en nombre de siège selon Matteo Salvini. Une position dominante qui ouvre la voie du gouvernement à Giorgia Meloni.

Giorgia Meloni, future Première ministre d'Italie

En remportant largement les élections législatives anticipées en Italie, Giorgia Meloni, leader du parti d'extrême droite Fratelli d'Italia est toute désignée pour prendre la tête du nouveau gouvernement italien. A l'issue du scrutin, le président de la République italienne, Sergio Matarella, devrait proposer dans les prochains jours à la gagnante des élections de former un gouvernement. Sans surprise, les principaux ministères devraient revenir à des politiques d'extrême droite membres de la coalition : Fratelli d'Italia mais aussi la Ligue et Forza Italia. Le nouveau gouvernement pourrait entrer en action d'ici à la fin du mois d'octobre selon les analystes italiens.

Giorgia Meloni embrasse la perspective de devenir Première ministre. Autour de 3 heures de matin dans la nuit de 25 au 26 septembre, la candidate d'extrême droite a déclaré vivre "une nuit de fierté, de rédemption, de larmes, de rêves et de souvenirs". Elle a aussi salué la choix des électeurs qui "ont envoyé un message clair en faveur d'un gouvernement de droite dirigé par Fratelli d'Italia" ajoutant : "Nous ne trahirons pas votre confiance. Nous sommes prêts à relever l'Italie". Giorgia Meloni entend bien tenir toute la durée de son mandat et gouverner pendant cinq ans "pour tous les Italiens".

Giorgia Meloni et Benito Mussolini 

A la tête de Fratelli d'Italia, un parti considéré comme post-fasciste fondé en 2012, Giorgia Meloni est présentée comme la leader politique d'extrême droite fasciste et descendante de la pensée de l'ancien Premier ministre italien Benito Mussolini. La quarantenaire s'est déjà à plusieurs reprises exprimée sur la politique du fasciste le décrivant comme "un bon politicien" qui a "beaucoup accompli" pour l'Italie. Un discours dans lequel se retrouve son électorat radical mais qu'il faut nuancer pour appâter les électeurs de droite plus modérés. Aussi Giorgia Meloni dit ne pas oublier ou "exonérer" Mussolini de ses erreurs comme la promulgation des lois anti-juifs ou l'entrée au guerre qui plus est aux côtés des nazis entre 1939 et 1945. Si Giorgia Meloni semble en substance apprécier les travaux politiques de Benito Mussolini elle refuse de se considérer comme son héritière ou comme fasciste. "Si j'étais fasciste, je dirais que je suis fasciste", a-t-elle ainsi assurée dans un récent entretien au Spectator. De même, elle refuse que son parti abrite "les nostalgiques du fascisme, ni pour le racisme et l'antisémitisme". Ces discours semblent avoir suffi à la politique pour convaincre l'électorat italien de faire le choix de Fratelli d'Italia et ce malgré la présence indéniable d'hommes politiques fascistes des ces rangs.

Qui est Giorgia Meloni ? Biographie

Giorgia Meloni née à Rome en 1977, a commencé la politique dès 15 ans. Elle a intégré le MSI (Mouvement Social Italien), parti politique néofasciste dans les années 1990. En 1995, la jeune femme a pris la tête de l'action étudiante de l'Alliance Nationale, nouveau nom du parti qui s'était alors complètement transformé. A 29 ans, elle s'est fait élire députée, et à 31 ans, Giorgia Meloni a rejoint le gouvernement de Silvio Berlusconi en tant que ministre de la Jeunesse. 

En 2014, la journaliste de formation a pris la tête de son jeune parti politique d'extrême droite, les Frères d'Italie (Fratelli d'Italia). L'appellation du parti politique n'est pas choisie au hasard, il s'agit du nom de l'hymne national italien. Giorgia Meloni est également à la tête du parti Conservateurs et réformistes européens au Parlement européen. Lors d'un meeting de la droite italienne en 2020, elle déclarait ceci : "Je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère, je suis italienne, je suis une chrétienne et vous ne me le retirerez pas !" La candidate des Frères d'Italie a toujours été attachée aux valeurs chrétiennes. Elle a dénoncé à plusieurs reprises les "lobbies" LGBT et s'est opposée à l'adoption et aux unions pour les couples de même sexe. Défendant des valeurs "traditionnelles", le parti en tête des intentions de vote reste opposé au droit à l'avortement. 

Interrogée par le Washington Post en septembre 2022, elle définissait son parti politique de "conservateur", préférant ce terme à celui d'extrême droite, qu'elle sait péjorativement connoté. Il faut dire que depuis des années, son parti politique s'efforce à se détacher de son image de droite radicale et nationaliste, au profit d'un profil plus modéré. Elle déclarait toutefois au média américain que parmi les thèmes qui préoccupent les Frères d'Italie, il y a "la protection des frontières contre l'immigration incontrôlée", "la défense de l'identité nationale italienne". Dans cette même interview, elle ajoutait avoir un "ennemi principal" : la gauche. Le programme des Frères d'Italie présente une politique très sévère sur l'immigration. Le parti est hostile au droit du sol et souhaite lutter contre les ONG qui favorisent 'l'immigration illégale" en bloquant les "débarquements" des navires de migrants, et multiplier les centres de contrôles.

Les efforts effectués par Giorgia Meloni pour dédiaboliser sa formation politique se sont heurtés à des révélations très embarrassantes ces dernières semaines. Le quotidien La Repubblica a révélé début septembre que Calogero Pisano, secrétaire provincial du parti politique de la candidate, avait en 2014, fait l'éloge d'Adolf Hitler sur les réseaux sociaux en le qualifiant comme de "grand homme d'État". Suite aux révélations du quotidien, les Frères d'Italie ont suspendu avec effet immédiat le membre du parti. Récemment, une vieille vidéo de la candidate à refait surface sur les réseaux sociaux. Interrogée par France 3 en 1996, elle y déclarait ceci : "Je crois que Mussolini, c'était un bon politicien. Tout ce qu'il a fait, il l'a fait pour l'Italie", déclare-t-elle en français. Des qualités que, selon elle, l'on "ne trouve pas" chez les hommes politiques depuis sa mort. 

Depuis, son parti essaye de se détacher de son héritage fasciste. Dans une vidéo publiée en anglais, français, et espagnol sur la chaine YouTube du parti, la candidate y a indiqué qu'"il y a plusieurs décennies que la droite italienne a relégué le fascisme à l'Histoire, en condamnant sans ambiguïté la privation de démocratie et les infâmes lois anti-juives".

Une opposante à l'Union Européenne 

Le parti a longtemps été associé à l'euroscepticisme, désormais le discours est tourné vers une refonte des priorités de l'Union Européenne. Elle a expliqué au Washington Post qu'elle s'oppose à la politique de l'Union Européenne. "Ce qui se passe ces dernières années, avec la pandémie et la guerre, montre combien de priorités européennes ont été mal placées." Il n'est plus question pour son parti de changer de monnaie nationale, ni que de quitter l'Union Européenne. Elle a d'ailleurs directement condamné l'invasion russe en Ukraine, se distinguant de certains partis d'extrême droite en Europe.

Son discours n'en reste pas moins critique envers Bruxelles. Lors d'une démonstration politique à la Piazza Duomo de Milan, cathédrale italienne, la candidate aux législatives de ce dimanche 25 septembre a déclaré : "Si je gagne, pour l'Europe, les plaisanteries sont finies ". Son opposant politique de centre gauche, Enrico Letta, s'est inquiété de cette phrase et a estimé que "si le centre-droit devait gouverner, je crains que ce soit fini pour l'Italie. " En juin 2022 devant ses militants espagnols, elle scandait : "Oui à la souveraineté du peuple, non à la bureaucratie de Bruxelles !"

Wolfgang Munchau, journaliste spécialiste de l'économie européenne, s'est, lui aussi, dit très préoccupé d'une victoire de la candidate conservatrice, écrivant sur son site Internet : "Les marchés financiers ont raison de s'inquiéter de Giorgia Meloni en tant que prochaine Première ministre italienne, mais pour les mauvaises raisons." Pour le journaliste, le danger résiderait dans l'attitude de Bruxelles à l'égard de la candidate d'extrême droite. Il a peur que "l'Union Européenne tente de la bousculer ou de l'isoler, et qu'elle résiste, avec l'électorat italien de son côté."

La candidate n'a pas non plus été tendre avec la France. Sur une vidéo YouTube datant de 2014, elle a violemment accusé la France d'avoir bombardé la Lybie car cela "gênait" la France "que l'Italie ait un rapport privilégié dans le secteur énergétique avec Kadhafi, en nous exposant au chaos migratoire dans lequel nous nous trouvons." Giorgia Meloni reste plus discrète quant à ses préférences politiques en France. Elle n'a pas apporté son soutien, ni à Marine Le Pen, ni à Eric Zemmour lors des élections présidentielles de 2022.

Cependant, son allié de la coalition de droite dans ces élections générales de 2022, Matteo Salvini (La Ligue), a quant lui déjà revendiqué à maintes reprises son attachement au Rassemblement National. Autre divergence, Giorgia Meloni soutient l'OTAN et les sanctions de l'Union Européenne contre l'Ukraine. Matteo Salvini s'accorde sur la version du Rassemblement National et estime que ce sont les Italiens qui souffrent de ces sanctions, payant le gaz au prix fort. 

Les Italiens sont appelés aux urnes ce dimanche 25 septembre, pour déterminer quelle formation politique sera amenée à former le prochain gouvernement du pays. Ces élections législatives doivent dégager une majorité parlementaire et tout laisse à penser - à commencer par les derniers sondages sur le scrutin - que les électeurs placeront en tête le parti porté par Giorgia Meloni.

Les élections générales de ce dimanche 25 septembre ont pour but d'élire 200 sénateurs et les 400 députés qui composeront le Parlement de la République italienne. "Deux" grands blocs d'adversaires s'affrontent dans ce scrutin : à droite, la coalition composée de trois partis : le parti d'extrême-droite Frères d'Italie (Fratelli d'Italia) dirigé par Giorgia Meloni rejoint par deux partis d'extrême droite : celui de Matteo Salvini (La Ligue) et de Silvio Berlusconi (Forza Italia) ; à gauche, la coalition "M5S" a implosé 60 jours avant le scrutin, tandis que le parti démocrate mené par d'Enrico Letta, isolé, semble trop affaibli pour s'imposer dans cette élection.