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Giorgia Meloni, un pur produit de la politique italienne depuis Berlusconi

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Il n'y a aucune nouveauté radicale dans les résultats de ce dimanche 25 septembre en Italie. Ils sont le fruit d'un implacable processus dont les partis et responsables politiques de premier plan sont à la manœuvre depuis vingt-cinq ans.

La victoire de la coalition de droite comprenant Fratelli d'Italia (FdI, 26,4%), la Lega (9%) et Forza Italia (8%) est nette, massive, sans appel. Mais elle n'est pas inédite.

L'ombre de Berlusconi

Ces trois partis ont déjà gouverné ensemble dans le passé, et ce, depuis 1994. FdI est une formation issue d'Alleanza Nazionale (Alliance nationale, AN), qui a participé à différents gouvernements Berlusconi avec pour portefeuille les Affaires étrangères, la Défense ou la Jeunesse (avec Giorgia Meloni). La coalition retrouve le pouvoir sans être plébiscitée, avec des résultats connus par elle dans le passé.

Par ailleurs, le score de FdI est identique à celui de la totalité du centro-sinistra (centre gauche, 26,4%). Les années Berlusconi ont radicalisé l'électorat de centre droit et FdI a siphonné ses partenaires, établissant d'abord un autre rapport de force à droite.

Berlusconi, toujours bien présent dans la vie politique italienne, est celui qui a légitimé FdI et la Lega en les amenant au pouvoir et, évidemment, en bousculant la perception que l'Italie se faisait pendant longtemps du passé fasciste.

Alessandra Mussolini sans le patronyme

Enrico Letta, secrétaire du Parti démocrate italien (PD), paye quant à lui à la fois les affres idéologiques des familles composant le PD mais aussi les surenchères des petits partis de gauche ou le cavalier seul du centre de Matteo Renzi. Aucune dynamique ne pouvait prendre dans pareil contexte. Letta paye l'abstention, massive dans les milieux populaires de gauche.

Le score du Mouvement 5 étoiles (M5S) est très correct (autour de 15%). Emmené par Giuseppe Conte, il se maintient comme une force politique importante en Italie. Au passage, son ancien chef, devenu dissident, Luigi di Maio, est expulsé du Parlement par les urnes.

Le «style Meloni» ne lui est pas propre: c'est celui de Berlusconi, Beppe Grillo, Umberto Bossi ou de son mentor Ignazio La Russa (ancien ministre de la Défense). La focalisation sur le fait qu'elle soit une femme fait perdre de vue qu'elle est le produit d'un quart de siècle de politique sous domination médiatique de Berlusconi. Elle fait du Alessandra Mussolini sans le patronyme.

Berlusconi s'est tour à tour appuyé sur l'encadrement de l'ex-Parti socialiste italien (PSI) pour former Forza Italia, puis a absorbé AN au cours des années 2000: il cajolé les uns en défendant Bettino Craxi (mort en exil après sa condamnation dans l'opération «Mains propres» qui a révélé corruption et financement illégal des partis politiques dans les années 1990), puis les autres en émettant des idées frôlant le révisionnisme sur le fascisme.

Contexte européen

Meloni est davantage le produit du berlusconisme que de sa propre famille politique. Ce changement en Italie est d'abord celui des rapports de force au sein de la droite. Ce qui change, c'est le contexte européen. Gianfranco Fini, ancien président du parti néofasciste Mouvement social italien (MSI), puis fondateur du parti d'extrême droite Alliance nationale, avait été accueilli à la Convention Giscard sur l'avenir de l'Europe de 2001 avec une angoisse feinte: en deux jours, il était parvenu à rassurer tout le monde et devenir finalement un artisan et un avocat zélé de la constitution européenne.

Le contexte est différent: crise énergétique, économique, flux migratoires... Les partenaires européens doivent surtout s'attendre à des négociations à grand spectacle. Finalement, comme souvent en Italie, ne fallait-il pas que tout change pour que rien ne change?