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Google est bel et bien pris court par l'offensive de Microsoft Bing

Lorsqu'un journaliste du Wall Street Journal demande à quel point les annonces de Microsoft et OpenAI ont bousculé les plans de développement de Google, Matt Brittin, le président EMEA du groupe, botte en touche : il assure qu'elles n'ont causé aucun changement de calendrier. Pourtant, ce n'est pas l'impression qui se dégage de la conférence tenue ce mardi par le géant de la tech dans ses locaux parisiens.

Au lendemain de l'annonce en grande pompe de Bing Chat par Microsoft, avec de nombreuses démonstrations à l'appui, la défense de Google se fait bien discrète. L'entreprise s'est contentée de présenter l'ébauche d'un projet similaire à celui de son concurrent, qui s'appuiera sur son chatbot maison, nommé Bard. Ce dernier, fraîchement introduit en début de semaine, n'est pour l'instant accessible qu'à une poignée d'individus. De même, les contours de la nouvelle fonctionnalité du moteur de recherche restent extrêmement flous, tout comme sa date de sortie. D'ailleurs, les dirigeants de Google présents à la conférence assument d'être encore dans une phase d'expérimentation. De quoi dresser un constat : Google a bel et bien été pris de court par Microsoft Bing. Mais ce n'est pas pour autant qu'il est battu, loin de là.

Google reste encore dans la théorie

En novembre, OpenAI a bousculé le marché de l'IA avec le lancement de ChatGPT, une killer app dans le jargon, car elle a ouvert la manipulation des puissants modèles de génération de texte au grand public. Plus qu'une révolution technologique, ChatGPT a été une révolution de l'expérience utilisateur. L'entreprise OpenAI, dont Microsoft s'est attaché l'exclusivité d'une partie de ses technologies, s'est donc imposée grâce à la sortie d'outils concrets.

A l'inverse, Google n'arrive pas à sortir de la théorie. L'entreprise rappelle à juste titre que sa technologie est à la pointe du marché, et qu'elle a grandement contribué à l'évolution de l'état de l'art des modèles de langage naturel (NLP). Le problème, c'est qu'elle n'a pour l'instant aucun outil pour concrétiser ce discours. Bard -son agent conversationnel équivalent de ChatGPT bâti sur le modèle LaMDA- n'est accessible qu'à un nombre restreint de testeurs, et son intégration au moteur de recherche en est quant à lui à un stade extrêmement précoce. « Nous en sommes aux premiers jours du travail sur l'interface utilisateur (UI) et nous conduisons de très nombreux essais », explique Liz Reid, vice-présidente ingénierie de Google.

Une sortie à l'horizon incertain

Pour l'instant, l'entreprise ne sait pas exactement où va se présenter le texte généré par l'IA, quels messages d'avertissements seront ajoutés, ou encore où seront les liens vers les sources de l'information. Bref, elle tâtonne et construit progressivement son outil au gré des retours de ses « milliers » de testeurs. Ainsi, même si l'entreprise a affirmé que la fonctionnalité arriverait « dans les prochaines semaines », elle refuse de donner ne serait-ce qu'un mois précis pour la sortie.

La première démonstration de l'outil, pré-enregistrée, a porté sur trois exemples, similaires à ceux présentés pour illustrer Bing Chat. Google compte s'appuyer sur Bard pour répondre à une catégorie de requêtes qu'elle qualifie sous l'acronyme NORA (pour « No one right answer », qui se traduit par « pas une unique bonne réponse »). Autrement dit, elle voit les réponses de Bard comme un complément à ses résumés, qui existent depuis plusieurs années. Contrairement à Bing qui sépare la recherche classique et Bing Chat, Google compte mélanger les deux outils.

Si le très large numéro 1 des moteurs de recherche (avec 93% de parts de marché) n'a pas réussi à immédiatement suivre Bing Chat, la situation de crise est encore très loin. L'utilisation de l'IA générative (comme ChatGPT et Bard) pour la recherche en ligne soulève encore de très nombreuses questions en termes de coûts, de fiabilité, et de responsabilité. Google pourrait très bien arriver après Microsoft avec un outil plus fiable, sans que cela ne le pénalise. Reste que c'est la première fois depuis de nombreuses années que le géant de la tech semble bousculé sur son cœur de métier.