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GrandAngoulême: dans la zone des Avenauds, les restos sont à l’agonie

GrandAngoulême: dans la zone des Avenauds, les restos sont à l’agonie
À droite de La Pataterie et de King Long, qui ont fermé récemment, Isabelle Dubois se bat pour sauver le Léon de Bruxelles des Avenauds, dont elle est la gérante.

Photo Quentin Petit

Par Vincent NAËL - v.nael@charentelibre.fr, publié le 4 décembre 2022 à 17h56.

Trois restaurants de la zone des Avenauds, à Gond-Pontouvre, ont fermé en quelques mois. Les autres, à l’exception de Buffalo Grill, sont en péril. Une situation qui contraste avec ceux des Montagnes.

C’est l’arbre qui cache la forêt. À gauche du parking bondé de Buffalo Grill, il suffit de rouler une centaine de mètres pour trouver une réalité bien moins reluisante, celle des restos de la zone des Avenauds, à Gond-Pontouvre. Les grands locaux de King Long, avec deux tas de graviers pour bloquer les accès à ses places de stationnement, et de La Pataterie sonnent creux. Un peu plus haut, les inscriptions sur la devanture de M Comme Méditerranée, placée en liquidation judiciaire le 24 novembre,...

C’est l’arbre qui cache la forêt. À gauche du parking bondé de Buffalo Grill, il suffit de rouler une centaine de mètres pour trouver une réalité bien moins reluisante, celle des restos de la zone des Avenauds, à Gond-Pontouvre. Les grands locaux de King Long, avec deux tas de graviers pour bloquer les accès à ses places de stationnement, et de La Pataterie sonnent creux. Un peu plus haut, les inscriptions sur la devanture de M Comme Méditerranée, placée en liquidation judiciaire le 24 novembre, n’ont, elles, pas encore été effacées.

Trois fermetures brutales, intervenues en quelques mois seulement. Sur le chemin qui les relie, un seul restaurateur tient encore debout, l’Anfiteatro. Mais pour combien de temps ? « On essaye de survivre », lâche l’un de ses employés, la tête basse. La gérante, Linda Silori, ne veut même plus donner son nombre de couverts. « Depuis le début de la pandémie, on n’est pas du tout revenu à nos chiffres. Et là, avec l’inflation… (silence) On travaille. »

La concurrence des Montagnes

À droite de la zone, l’ambiance est moins morose chez Léon de Bruxelles, mais la situation n’est pas plus rose pour autant. « Depuis que j’ai repris la gestion, en février, la fréquentation est totalement aléatoire, confie la patronne, Isabelle Dubois. On fait des midis à six clients et d’autres à 33, c’est toutes les semaines comme ça. Le recrutement est devenu si difficile qu’on n’a plus qu’un cuisinier. Parfois, c’est moi qui dois m’occuper des fourneaux, seule. »

Le recrutement est devenu si difficile qu’on n’a plus qu’un cuisinier.

De quoi imaginer une fermeture à moyen terme ? « Par mois, on est à environ 600 couverts en moyenne, soit 30 % de moins qu’en 2019. Et encore, pour s’adapter à l’inflation, on a dû changer de stratégie, en passant du poisson à la viande. Je ne sais pas ce qui va se passer pour la suite. Je vis au jour le jour. »

Attablées dans son commerce, Nesrine, Sylvia et Nathalie continuent de venir « par fidélité ». Elles pointent du doigt la croissance de la zone des Montagnes : « Burger King, KFC, Au Bureau, La Boucherie, Meuh !… Trop de restaurants s’y sont installés - sans oublier Hippopotamus qui va aussi arriver - et ils proposent plus ou moins la même chose. Alors les premiers à trinquer, ce sont ceux implantés ici, car enclavés et moins connus. »

Juste en bas, Buffalo Grill a bien plus de visibilité. « En bord de route, je suis le mieux situé des Avenauds !, reconnaît son propriétaire, Éric Magnette. Tout le monde connaît la marque, je suis là depuis 2002… Mes équipes servent 360 personnes par jour, en moyenne. » Le commerçant est en passe de battre son chiffre d’affaires record de 2007, soit 2,3 millions d’euros. Somme qu’il n’a pas voulu confirmer.

« C’est trop enclavé »

« Chez les grandes chaînes de restauration de la zone des Montagnes, il y a autant de zéros sur la feuille, sourit Olivier Guennou, à la tête de Meuh !, petite enseigne, pour les viandards, située à quelques centaines de mètres de ces « machines de guerre ». Autour de nous, on a plein de grands magasins qui nous amènent du passage. Aux Avenauds, pour attirer du monde, il en faudrait au moins un. »

Tout près, Laura Vieira, gérante d’Eat Salad, abonde : « Notre franchise n’étant pas assez connue (une cinquantaine de points de vente en France), il était inconcevable de s’installer là-bas. C’est trop enclavé et tout le monde va aux Montagnes. Résultat, on atteint nos objectifs. » Elle n’a pas voulu en dire plus, mais d’après nos informations, son CA dépassera les 800.000 euros en 2022.

Il n’y a quasiment rien là-bas pour faire du shopping, alors je vais aux Montagnes.

Les clients ont les mêmes critiques envers les Avenauds. « Comme il n’y a quasiment plus rien là-bas pour faire du shopping, je vais dans la zone des Montagnes, explique Corinne, 59 ans. Forcément, j’y reste pour manger. » Andréa Bouron, 26 printemps, et son père, 58, concluent : « C’est pratique et pas cher, alors pourquoi aller s’enfoncer dans la zone des Avenauds ? Elle est tellement mal placée que vous venez de nous apprendre qu’un Léon de Bruxelles se trouvait là-bas. » Ça fait huit ans qu’il y est…

L’Agglo « ne peut rien faire »

Les élus du GrandAngoulême Michaël Laville, vice-président en charge de la promotion du territoire et maire de Champniers, Gérard Roy, vice-président chargé du développement économique, et Philippe Vergnaud, conseiller délégué au commerce, estiment que l’Agglo « ne peut rien faire » pour aider les restaurants de la zone des Avenauds. « On a déjà fait des travaux pour faciliter leur accès. Mais on ne transformera pas la zone !, préviennent-ils. Si ça ne marche pas, c’est surtout de la faute des porteurs de projet. Il y a aussi des commerces qui tournent bien là-bas. »